Moi, personnellement !

[INDEPENDANT]

Cette expression si souvent entendue me parait, sauf erreur, un superbe pléonasme pouvant être remplacé par exemple par "en ce qui me concerne ou à titre personnel".
Autres pléonasmes si souvent pratiqués :
- "chanter une chanson" qui pourrait être remplacé par "interpréter une chanson",
- "monter en haut" et "descendre en bas" pouvant être remplacés par "monter à l'étage" ou "descendre à la cave ou au sous-sol".

[Claude]

Votre sujet rappelle celui-ci.
Si on les combine, on peut obtenir « Moi personnellement, je... »

Vous oubliez "suivre derrière", universellement connu. Curieusement, nous n'avons aucune trace de "précéder devant"

[Jacques]

Pour moi personnellement, j'hésite entre pléonasme et tautologie, mais je crois que le premier est plus indiqué, car la tautologie est considérée comme une figure de style visant à renforcer l'expression de la pensée, et, bien que condamnée par Littré, elle est aujourd'hui acceptée comme non fautive.
Moi personnellement est de toute façon une expression narcissique et donc tout aussi condamnable du point de vue humain.
Si vous vous attaquez au pléonasme, vous pourrez en trouver une belle brochette : hémorragie de sang (hemo raghia= écoulement de sang), reculer en arrière, fuite en avant (peut-on fuir à reculons ?), noire mélancolie (melag kholia= humeur noire), entraide mutuelle, tous sont unanimes, s'avérer exact, enfin pour terminer, d'abord pour commencer, s'immiscer dans, ajouter en outre (ou en plus), hasard imprévu, marche à pied, mirage décevant, monopole exclusif, panacée universelle, il suffit simplement, la topographie des lieux, cadeau gratuit, télécommande à distance...
Je m'arrête pour laisser aux autres membres du forum la possibilité d'enrichir la liste.
Permettez-moi quand même de citer quelques pléonasmes admis et non fautifs : vinaigre de vin, aujourd'hui, se suicider, le lendemain, saupoudrer de sel.
Enfin, au palmarès du pléonasme, citons l'abominable au jour d'aujourd'hui qui, malheureusement, est en train de se tailler un sacré succès.

[Ogier de la Gueusaille]

Cette expression si souvent entendue me parait, sauf erreur, un superbe pléonasme pouvant être remplacé par exemple par "en ce qui me concerne ou à titre personnel".

Certes, mais il s'agit surtout de l'emploi rhétorique d'une expression toute faite qui, à l'instar de « Moi, je... », sert plutôt à fixer l'attention de l'auditoire; d'ailleurs, les exemples de remplacement que vous préconisez « en ce qui me concerne » ou « à titre personnel » sont le plus souvent suivis de je voire: « Moi, en ce qui me concerne, je... », « Moi, en (pour) ce qui me concerne et à titre personnel, je... ». :D
Fichtrouille et clubitus ! je m'aperçois trop tard que mon post doublonne avec les précédents !

[Jacques]

Moi je est une tautologie, effectivement destinée à centrer l'attention sur l'orateur. Ce n'est pas une faute. Mais la tournure dénoncée est moi, personnellement, qui, elle, n'est pas recevable.

[Ogier de la Gueusaille]

Moi je est une tautologie, effectivement destinée à centrer l'attention sur l'orateur. Ce n'est pas une faute. Mais la tournure dénoncée est moi, personnellement, qui, elle, n'est pas recevable.

Cette tournure écorchera l'oreille d'autant plus qu'elle sera probablement développée « Moi, personnellement, je... » mais je plaide quand même l'indulgence pour les locuteurs habituels d'une langue peu soignée qui sont, faut-il le rappeler, une forte... minorité :D

[Jacques]

Moi personnellement est presque inévitablement suivi de je, ce qui fait une triple référence à la personne, donc un double pléonasme. Alors que moi je n'en fait que deux et, comme j'ai dû le dire ailleurs récemment, est inévitable lorsqu'il y a comparaison avec une autre personne. Je donnais un exemple du type : Mon frère aime les voyages et les randonnées, et moi, en revanche, je suis casanier.

[Perkele]

Je serais assez indulgente ; tant de personnes n'osent pas soutenir leurs opinions...

[Jacques]

Je serais assez indulgente ; tant de personnes n'osent pas soutenir leurs opinions...

Mais c'est ce que nous faisons ici : nous défendons vaillamment (mais courtoisement) nos opinions.

[INDEPENDANT]

Moi je est une tautologie, effectivement destinée à centrer l'attention sur l'orateur. Ce n'est pas une faute. Mais la tournure dénoncée est moi, personnellement, qui, elle, n'est pas recevable.

Cette tournure écorchera l'oreille d'autant plus qu'elle sera probablement développée « Moi, personnellement, je... » mais je plaide quand même l'indulgence pour les locuteurs habituels d'une langue peu soignée qui sont, faut-il le rappeler, une forte... minorité :D

Très cher Ogier,

Je vous trouve très optimiste quant aux locuteurs en forte minorité !
Des personnes, que je connais et fréquente, participent très largement et
quantitivement à cette décadence verbale ! De surcroit, ce sont des personnes de "culture" mais qui, dans le langage de tous les jours, se laissent beaucoup aller !
Comme le disent si justement nos amis de la blanche Albion : "personne n'est parfait !"

[mairry5]

Bonjour,

Je salue tous les membres du forum car il s’agit de mon premier message sur ce site. :D :D :D

Je me permets d’intervenir sur ce fil car j’utilise parfois, et peut-être abusivement ( ?) certains pléonasmes, n'ayant pas eu l'occasion d'étudier de très près cette belle langue que certains manieraient presque à la perfection. Mais soyons indulgents car, après tout, chacun a ses spécialités et nous sommes là pour apprendre les uns des autres !

J’avoue une de mes nombreuses faiblesses : cela ne me choque pas d’employer de temps en temps cette expression : « en ce qui me concerne ». Comme l’indique un participant, il s’agit plutôt de renforcer une idée en signifiant que, non seulement elle est énoncée par moi-même, mais qu’en plus, je la revendique comme m'étant totalement propre. En commençant ainsi cette phrase, je peux également insister sur le fait que mon opinion est bien différente de celle de mon interlocuteur ( notion d’opposition ).

Ex : En ce qui me concerne, j'ai trouvé cet orateur particulièrement brillant pour les raisons suivantes....

En ce qui me concerne, j’apprends l’allemand, mais j’ai choisi la méthode Y.

[Qu'en pensez-vous, personnellement ?

[Jacques]

Mairry bonjour et bienvenue. J'espère que ce premier message sera suivi de nombreux autres. Il est intéressant de connaître divers points de vue, c'est à cela que visent nos échanges.
Vous écrivez ceci : cela ne me choque pas d’employer de temps en temps cette expression : « en ce qui me concerne ».
Je ne suis pas choqué non plus, et cette formule que nous employons probablement tous n'est ni un pléonasme ni une manifestation d'égocentrisme. Pas davantage une faiblesse. Nous avons recours à ces bouts de phrases pour signaler dans une conversation notre position : pour moi, quant à moi, pour ce qui me concerne, de mon côté, à mon avis. Je crois que tout le monde ici est d'accord pour pointer celle-ci et elle seule : moi personnellement je, qui fait tiquer à la fois sur le plan rhétorique et sur le plan humain par son insistance sur l'ego.
Quant à manier parfaitement le français, c'est le secret espoir de chacun d'entre nous, mais qui diable pourrait prétendre y arriver ? Pour ma part, c'est un but vers lequel je tends, mais que je désespère de jamais atteindre, car plus on progresse sur la voie de la connaissance, et plus on prend conscience de l'immensité de son ignorance. Manger rassasie, mais apprendre aiguise l'appétit. En un sens, nous pouvons dire que cet état de conscience est salutaire, car il nous évite de dormir sur nos lauriers, et nous incite à vouloir toujours nous perfectionner. Et j'ajouterai en prime qu'il nous inspire un salutaire sentiment de modestie.

[Jacques]

INDEPENDANT, vous écrivez :
« Très cher Ogier,

Je vous trouve très optimiste quant aux locuteurs en forte minorité !
Des personnes, que je connais et fréquente, participent très largement et
quantitivement à cette décadence verbale ! De surcroit, ce sont des personnes de "culture" mais qui, dans le langage de tous les jours, se laissent beaucoup aller !
Comme le disent si justement nos amis de la blanche Albion : "personne n'est parfait.»
Je crois qu'il fallait prendre cela comme une boutade, une sorte de litote humoristique. Je vois que vous évitez la formule classique « perfide Albion » pour la convertir en blancheur, symbole de l'innocence. C'est très diplomatique.

[mairry5]

Merci pour votre réponse.

A l'école, si je me souviens bien, on apprenait que le mot pléonasmeavait une connotation négative. Sur un site ( je ne sais plus lequel ), j'ai lu qu'il pouvait en avoir une positive quand, justement, il avait pour objectif de renforcer une opinion. C'est aussi ce que vous expliquez dans votre message.
En fait, la faute n'existerait qu'en cas de " double-emploi" reconnu...

Est-ce que le sens de ce mot a évolué avec l'usage plus libéré du langage, ou bien a-t-il toujours existé ainsi ? Auquel cas, nous apprenions à l'école, une définition avec un sens restrictif, sans doute abusivement ?

[Jacques]

Je pense que vous confondez pléonasme et tautologie. Il est vrai qu'ils sont cousins germains, et que l'on peut hésiter. Le pléonasme est une répétition fautive, qui ajoute à un mot un complément ou un adjectif déjà inclus dans ce mot lui-même. Si vous dites reculer en arrière, il y a pléonasme et donc faute parce que reculer signifie se déplacer en arrière. Télécommandé à distance : pléonasme parce que le préfixe grec télé signifie à distance.
La tautologie répète un mot soit sous sa forme d'origine, soit en le doublant d'un synonyme pour créer une insistance, un renforcement : Une promesse est une promesse, c'est mon avis et je le partage (tautologie en forme de lapalissade ou de truisme), je suis d'accord avec moi-même, je l'ai vu de mes propres yeux, c'est la vérité pleine et entière. Enfin, n'oublions pas qu'après la tirade du nez, Cyrano termine sur une tautologie : « Je me les sers moi-même et je ne permets pas qu'un autre me les serve. »
Pour ces raisons, si le pléonasme se range dans la catégorie des périssologies, on ne devrait pas en dire autant de la tautologie.