« Je nous »

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Marco
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« Je nous »

Message par Marco »

Je m’interroge sur la correction de phrases telles que Je nous ai inscrits, pour dire que j’ai inscrit moi-même et mon interlocuteur (à un cours, par exemple). Que me dites-vous ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Je vous dis que je ne vois rien d'anormal. Il est vrai qu'a priori cela peut paraître un peu bizarre, mais la construction est correcte.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Marco
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Message par Marco »

Merci, Jacques, je n’étais pas sûr que cela fût orthodoxe. Personnellement, je perçois cette construction comme relevant du langage familier, me trompè-je ? [J’utilise ici l’orthographe réformée.]
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Jacques
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Message par Jacques »

Non, je ne pense pas qu'il y ait là une tournure familière. On dit bien je les ai inscrits, je vous ai inscrits sans que cela paraisse relever du langage familier.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Marco
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Message par Marco »

Et dans une phrase comme Je nous aime bien ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Là je dirais que c'est familier. Plutôt que de dire je nous aime bien en tenue de sport, il me semble que la langue surveillée dirait j'aime bien nous voir ou que nous soyons...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Mais "En un éclair, je nous transporte de l'autre côté de la ville, au volant de ma puissante automobile" ne me semble pas familier.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Mais "En un éclair, je nous transporte de l'autre côté de la ville, au volant de ma puissante automobile" ne me semble pas familier.
À moi non plus.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André79
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Je nous transporte

Message par André79 »

Il me semble que ce n'est pas que ce soit familier ou pas mais qu'il serait bon de savoir si ça se dit ou si ça ne se dit pas.

Or, j'aurais quand même tendance à dire, qu'en général, ce n'est pas ce qui vient à l'idée en premier.

Mais alors..?

En "bidouillant" un peu ne pourrait-on pas dire par exemple :

"En un éclair, au volant de ma puissante voiture, nous serons transportés à l'autre bout de la ville." ?

"Je nous transporte", j'ai du mal...
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Marco
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Message par Marco »

Voici les six attestations de « je nous » dans le TLFi (qui ne me paraissent pas du langage châtié, sauf l’exemple de Montherlant) :

On avait maintenant en plus de l’équipe du Frisé, le commissaire Mandru et sa brigade au train. Je nous voyais pas sortis de l'auberge ! (A. SIMONIN, Le Petit Simonin illustré par l’ex., Paris, N.R.F., 1968, p. 263)

Malchanceux. Je nous trouvais encore pas trop dévernis dans notre mouscaille (SIMONIN, Cave se rebiffe, 1954, p. 78).

Je nous ai fait bouffer pas mal... et pas de la cropinette au sel ! ... de la vraie barbaque première ! ... de la frite à discrétion... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 466)

Je nous voyais, attachés l’un à l’autre par les parties intimes, mais moi, (...) rejetant le buste et la tête, loin, vers l’air, vers la liberté, vers tout ce qui n’était pas elle (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 615).

Non, je me tairai point (...) J’ai bonne souvenance, vous savez ! (elle se lève.) Qu’est-ce que vous me disiez, dans ce temps-là ? Vous me disiez : « Laisse venir... Attends seulement que la maîtresse ait défunté, et je nous épouserons, tous les deusses. » (MARTIN DU G., Testam. P. Leleu, 1920, I, p. 1147)

Mais non, dit Gabriel, mais non, Charles, c’est un pote et il a un tac. Je nous le sommes réservé à cause de la grève précisément, son tac (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 15).
codrila

Message par codrila »

Et il avait insisté pour me prêter une des petites voitures de son bureau afin
que je nous transporte plus aisément et le chien et moi-même. ...
Un profil perdu Françoise Sagan 1974
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Marco
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Message par Marco »

Dans cet exemple, Françoise Sagan a cru bon de préciser et le chien et moi-même.
Invité

Message par Invité »

Une phrase telle que "Je nous crois perdus" diffère un peu des précédentes. En effet, le complément d'objet direct "nous" est en même temps sujet d'un verbe être sous-entendu. Elle est calquée sur la proposition infinitive latine (je-crois-nous-être-perdus). Elle n'appartient pas au langage familier et me semble d'usage moins courant que "Je crois que nous sommes perdus".
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Perkele
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Message par Perkele »

Il me semble que, naturellement, on cherchera à tourner la phrase autrement, sans que pour autant "je nous" se cantonne au registre familier.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Les exemples que vous donnez Marco sont des phrases de type populaire et argotique. C'est le français de Gavroche, l'absence de négation montre ses origines. La dernière, je nous le sommes , est une corruption de langage. Le style de Simonin ne peut pas être retenu comme critère d'analyse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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