Untel, il...

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Cassius

Untel, il...

Message par Cassius »

Dans le langage parlé, on ajoute régulièrement un pronom après le nom de la personne. ("Jean, il est parti")
C'est étrange car, généralement, en parlant on a tendance à raccourcir les phrases, pas à les allonger.
Savez-vous d'où cela vient ?
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Claude
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Message par Claude »

Dans ma région, en parlant on allonge également quand on fait précéder le prénom d'un article : ce matin j'ai vu la Mireille et ce soir le Jacques sera à la maison avec le Marco pour l'apéritif.
Hélas, je n'en connais pas l'origine.
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Jacques
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Message par Jacques »

Beaucoup de kilomètres à faire pour un petit pastis !
Pour être plus sérieux, l'utilisation de l'article devant un prénom est courante dans diverses provinces, sans que cela ne soit incorrect socialement parlant. À Paris, cela est considéré comme une impolitesse. En allemand cela se fait aussi : Der Karl. Nous avons une amie allemande qui met souvent l'article devant un prénom.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques
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Message par Jacques »

Pour répondre à la question, c'est un mode de parler familier courant, qui agit par insistance. Académiquement ce n'est pas recommandé, mais il faut comprendre que la langue parlée est moins à cheval sur les règles que la langue écrite. C'est une habitude, un usage. Pour le langage oral donc, mais pas pour le style écrit.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Re: Untel, il...

Message par Perkele »

Cassius a écrit :Dans le langage parlé, on ajoute régulièrement un pronom après le nom de la personne. ("Jean, il est parti")
C'est étrange car, généralement, en parlant on a tendance à raccourcir les phrases, pas à les allonger.
Savez-vous d'où cela vient ?
Peut-être que la langue parlée peine à suivre les méandres de notre raisonnement pendant même que nous nous exprimons, alors que nous prennons notre temps pour forger une phrase écrite. :roll:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

On ne s'en rend pas toujours compte, mais quand on parle, je ne crois pas, contrairement à vous Cassius, qu'on raccourcisse, qu'on résume ; on a plutôt tendance à répéter les informations, à les repréciser. Dans la précipitation, la phrase n'a pas le temps de se former de manière académique, alors elle s'étend à droite et à gauche. Ça porte le nom de dislocation en grammaire moderne (je devrais dire : en linguistique). L'élément détaché est en général un élément sur lequel on veut mettre l'accent :

J'adore ta prof.
Ma prof, elle est chouette, hein ?

Sa voiture n'est pas terrible.
Je te le dis : elle craint trop, sa bagnole !

Cette matière me débecte.
Ah bon ? j'adore ça, moi, la littérature comparée.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Brazilian dude
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Message par Brazilian dude »

Dans ma région, en parlant on allonge également quand on fait précéder le prénom d'un article : ce matin j'ai vu la Mireille et ce soir le Jacques sera à la maison avec le Marco pour l'apéritif.
Hélas, je n'en connais pas l'origine.
En portugais, en italien et en espagnol cela se fait aussi (pas dans toutes les régions et avec des différents niveaux d'acceptation selon la grammaire normative).
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Jacques
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Message par Jacques »

Comme le souligne Klausinski, dans certaines constructions on rallonge par emphase, en recourant à la tautologie, pour marquer l'insistance, pour souligner. Ce sont les mots qui sont raccourcis par apocope ou aphérèse, mais la syntaxe est souvent allongée.
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Perkele
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Message par Perkele »

L'article défini devant un nom propre ne serait-il pas le résidu de :

"J'ai rencontré l'homme qui a pour nom Bertrand"
"J'ai rencontré l'homme Bertrand"
"J'ai rencontré le Bertrand"

"J'ai parlé à la femme qui a pour nom Marie"
"J'ai parlé à la femme Marie"
"J'ai parlé à la Marie"

:?:

Après il est encore possible de préciser : "J'ai parlé à la Marie du Bertrand." :wink:

Cette éventuelle explication me vient en songeant à la façon dont on nommait les quidam et les quidanes dans les vieux actes de justice : "l'homme Untel", "la femme Unetelle" qui, à la révolution est devenu "le citoyen Untel"... :roll:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je n'ai pas d'opinion sur ce sujet, mais l'ellipse est une explication possible. Dans la Région parisienne l'usage de l'article est impoli et vexant, mais ce n'est pas le cas en province. Jacques Brel l'utilisait dans sa chanson La Mathilde, mais nous ne savons pas si c'est une pratique habituelle en Belgique (je ne me rappelle plus).
Brazilian Dude nous explique qu'on trouve la même chose dans d'autres langues romanes.
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Claude
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Message par Claude »

Nous avons évoqué l'article devant le prénom d'une personne de qui l'on parle ; plus rarement il est employé quand on s'adresse directement à cette personne avec cet exemple représentatif : Hé, la Marie ! Sors les deux boeufs qu'on les compte. Nous avons également le cas dans l'Allier, au lieudit "Les Gourdiflots", où l'on peut entendre : Dis, le Glaude !
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Jacques
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Message par Jacques »

Et Jacques Brel, encore :
Adieu l'Émile je t'aimais bien...
Et cette autre chanson dont j'ai oublié l'interprète :
T'en fais pas la Marie t'es jolie
T'en fais pas la Marie j'reviendrai...

(les Compagnons de la chanson ?)
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit : T'en fais pas la Marie t'es jolie
T'en fais pas la Marie j'reviendrai...
Nous aurons du bonheur plein la vie,
T'en fais pas la Marie j'reviendrai

Je ne sais plus qui la chantait mais la mélodie est bien présente à l'esprit, au moins pour le refrain.
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Perkele
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Message par Perkele »

Et l'Chirac ? et l'Depardieu ? :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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