Elision

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valiente
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Elision

Message par valiente »

Dans un lien que vient de nous proposer Codrila, je lis ceci :

« […] presqu'en secret […] »

L’élision me paraissant ici incorrecte car ne répondant pas aux exceptions de la règle, j’ai fait une recherche pour infirmer ma croyance et suis tombé sur cette remarque du TLFi :

« Prononc. et Orth.: [ ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pas d'élision pour Ac. même devant voyelle: presque achevé, presque usé; usage flottant devant voyelle selon les aut. (supra: presque aussitôt ex. de Sénancour, mais presqu'aucune ex. de Rivière) ; gén. pas d'élision devant h même non aspiré (supra: presque humaines ex. de Lamartine). »

Pourriez-vous m’en dire davantage et m’expliquer ce que l’on entend par usage flottant ?
codrila

Message par codrila »

Je le comprends ainsi: L'Académie considère que l'élision graphique après presque est incorrecte. Certains grammairiens comme Grevisse constatent que l'usage est plus souple, variable, moins défini ou rigoureux ( flottant):

Voici ce qu'il dit à ce sujet: 14 ème édition: §45 2° b remarque:
Pour presque , il y a de l'hésitation dans l'usage, même chez les spécialistes du français.; on constate des variations d'une édition à l'autre, et cela paraît surtout dépendre de l'attention des typographes et correcteurs; -C'était déjà presqu'un sourire ( Gide)
- Presqu'un enfant ( Mauriac)
En lisant ce paragraphe, j'ai l'impression que Grevisse donne raison à l'Académie , tout en constatant que de fait, l'usage n'est pas si strict puisque cette graphie commence à être adoptée dans le monde du livre.[/i]
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce qu'on appelle « usage flottant », c'est un usage indécis et variable, certains appliquant tel principe, d'autres tel autre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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valiente
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Message par valiente »

Merci pour vos réponses.
Concernant le h aspiré ou muet, la remarque du TLFi laisse à penser que la règle et ses variations sont identiques à celles précédemment expliquées pour les mots commençant par une voyelle. Est-ce ainsi qu'il faut le comprendre ? Grevisse ajoute-t-il un commentaire à ce sujet ?
codrila

Message par codrila »

Grevisse consacre presque 3 pages au h aspiré.

En gros, il dit que le [/i]h aspiré forme disjonction,
c'est à dire que le mot qui commence ainsi se comporte par rapport aux mots qui précèdent comme s'il commençait par une consonne . Cela veut dire que ni l'élision ni la liaison ne peuvent se faire .
§47
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valiente
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Message par valiente »

Le h aspiré ne laisse pas la place au doute, mais qu'en est-il du h muet ? Je suppose que l'élision est fortement déconseillée mais que, comme devant une voyelle, on peut tout de même la rencontrer dans de rares cas.

Ainsi, le « presque humaines » cité de Lamartine, pourrait s'écrire marginalement : « presqu'humaines ».

Ce n'est pas que je préfère cette forme et que je ne veuille pas m'en tenir aux recommandations d'écriture, mais je voudrais savoir si, dans l'absolu, cette forme peut être acceptée.
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Jacques
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Message par Jacques »

Pour ce qui me concerne, j'opte pour l'absence d'élision en me fondant sur l'opinion des spécialistes :
Littré : Presque ne perd son e final que dans son composé presqu'île ; mais on écrit : presque usé, presque achevé.
Bordas : presque ne s'élide jamais, sauf dans presqu'île.
Robert (Difficultés) : le e final s'élide seulement dans presqu'île.
Hachette : l'e ne s'élide que dans le nom composé presqu'île.
Larousse (Difficultés) : l'e ne s'élide que dans le nom presqu'île.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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valiente
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Message par valiente »

Merci Jacques. Je suis comblé par cette réponse des plus complètes. Elle prouve que les spécialistes sont unanimes.

Cependant, après la première remarque de Codrila, et pour boucler la boucle, je reste curieux du point de vue défendu par Grevisse à propos du h muet... :wink:
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valiente
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Message par valiente »

Je finis ma réflexion :

Après vérification, Grevisse, dans sa neuvième édition, ne donne pas d’exemple d’élision de presque lorsqu’il est suivi d’un h muet.
Toutefois, je conclue, d’après ses remarques et la définition du TLFi, que l’usage flottant lié aux voyelles s’applique aussi au h muet.

Voici les exemples cités par Grevisse : presqu’au même instant ; presqu’irréalisable ; presqu’un sourire ; presqu’aveugle ; presqu’aussitôt.

Il est à noter que cet usage flottant concerne aussi le mot quelque qui ne s’élide habituellement que devant un ou une : quelqu’imprudence ; quelqu’article.

Ceci dit, il est important de rappeler que Jacques, avec ses multiples recherches, nous donne les règles les plus unanimement reconnues par les spécialistes dans son précédent message.
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous pouvons supposer que ces élisions sont une pratique ancienne, une sorte d'archaïsme.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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