Trois petites grandes questions...

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Orphaios

Trois petites grandes questions...

Message par Orphaios »

Salut à tous!

Même si vous commencez à penser que je suis un parasite qui n'apporte rien aux forum et qui ne fait que consulter et consulter, je ne peux pas laisser de vous poser certaines questions:

1.- Quand j'ai commencé à étudier le français, mon professeur nous disait toujours que l'on ne se sert du passé simple que par écrit. Pourtant, l'année dernière un autre professeur nous a dit que le passé simple peut s'utiliser à l'oral, bien que dans un niveau de langue soutenu. Qui a raison? Le premier était une femme hispanobretonne, le deuxième une femme parisienne. Est-ce que cela pourrait influer leurs critères?

2.- L'on n'utilise plus jamais l'imparfait et le plus-que-parfait ni à l'oral ni par écrit ou l'on peut les utiliser? Quelle serait la règle de leur usage?

3.- Vous voyez que je dis parfois "l'on" au lieu de "on" sans article. Le dis-je bien? Je veux dire... c'est obligatoire de mettre le "l" après une autre voyelle pour éviter le hiatus ou bien s'agît-il d'une question de style (où "l'on" serait plus joli ou plus élégant)?

Merci d'avance à tous, comme toujours.
Dernière modification par Orphaios le jeu. 03 avr. 2008, 9:56, modifié 1 fois.
Orphaios

Oups!

Message par Orphaios »

Oups, j'ai oublié placer l'accent grave sur "où" à la fin de mon antérieur message :oops: :wink:
Rémi

Re: Trois petites grandes questions...

Message par Rémi »

Bonjour,
Je me permets de suggérer quelques réponses, bien que partielles et incertaines, en attendant celles de nos amis.

1. Le passé simple peut s'utiliser à l'oral, cela est correct, mais il s'entend malheureusement de moins en moins. Peu de gens le manient avec aisance, alors, dans la rapidité de l'oral, il est souvent remplacé par un passé composé, par exemple.

2. Je ne comprends pas bien la question. L'imparfait et le plus-que-parfait s'emploient quotidiennement, tant à l'écrit qu'à l'oral...

3. Le l' devant le "on" n'est pas obligatoire à ma connaissance, il est surtout employé à l'oral pour éviter la confusion des sons, et à l'écrit. On peut en user assez librement. Il me semble que l'on peut garder l'article indéfini devant on car on était à l'origine un nom. Mais je m'avance trop et risque de vous induire en erreur.

Veuillez par avance m'excuser pour mes fautes éventuelles dans ces réponses.
Orphaios

Message par Orphaios »

Vous excuser? Pas du tout! Merci de vos commentaires.

Quant aux temps verbaux de ma deuxième question j'ai oublié préciser que je me référais à ceux du subjonctif, bien sûr.
Alors pas de question de style dans l'usage de "l'on" au lieu de "on"? D'accord, hehe, c'est une chose qui me torturait.
Quant au passé simple, je crois être sûr que (ou "de que"?) je l'ai entendu, au moins une fois, à l'oral, mais je ne me rappelle pas quand. Pourriez-vous me préciser un peu plus les contextes ou les conditions où je peux l'utiliser? Faut-il que je m'imbibe, disons, du génie de la langue (existe-t-il cette expression en français? Je pense qu'on peut la comprendre, sinon) ou peut-on expliciter des règles concrètes à suivre pour son correct usage?
Cette langue est un merveilleux labyrinthe :D ... dont je ne veux pas m'échapper :wink:
Dernière modification par Orphaios le jeu. 03 avr. 2008, 15:30, modifié 2 fois.
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Perkele
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Re: Trois petites grandes questions...

Message par Perkele »

Rémi a écrit :2. Je ne comprends pas bien la question. L'imparfait et le plus-que-parfait s'emploient quotidiennement, tant à l'écrit qu'à l'oral...
Peut-être qu'Orphaios pensait au mode subjonctif ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Perkele
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Re: Oups!

Message par Perkele »

Orphaios a écrit :Oups, j'ai oublié placer l'accent grave sur "où" à la fin de mon antérieur message :oops: :wink:
Vous avez, en haut et à droite du message, un bouton "éditer" qui vous sert à revenir sur votre texte pour en corriger les fautes de frappe ou le modifier.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Re: Trois petites grandes questions...

Message par Jacques »

Perkele a écrit :
Rémi a écrit :2. Je ne comprends pas bien la question. L'imparfait et le plus-que-parfait s'emploient quotidiennement, tant à l'écrit qu'à l'oral...
Peut-être qu'Orphaios pensait au mode subjonctif ?
J'ai eu la même pensée.
Pour on, comme dit Rémi, c'est une évolution du mot homme, qui est devenu pronom. En raison de cet ancien état, il peut prendre un article défini élidé. Ce n'est pas obligatoire, on l'utilise ou on ne l'utilise pas. Cela donne parfois plus d'élégance. La seule règle à observer est de ne pas le faire devant un mot commençant lui aussi par l'article : il ne faut pas dire l'on l'a prévenu, mais on l'a prévenu. Le mettre en début de phrase semble aussi souvent bizarre, mais ce n'est pas fautif.
Le passé simple, ainsi que l'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif et le conditionnel passé deuxième forme sont des temps en voie d'extinction. Ils ont disparu de l'usage oral et sont essentiellement écrits, mais se font de plus en plus rares dans la langué écrite, sauf en grande littérature. On peut toujours les employer dans l'usage oral très soutenu, mais seulement dans un grand discours et à condition de ne pas en abuser : cela pourrait nuire à la compréhension, car les auditeurs, qui n'y sont pas habitués, devraient faire un effort pour s'y retrouver, et cela fait perdre le fil du discours.
On comprend plus facilement quelqu'un qui dit il aurait fallu que je décide plutôt que il eût fallu que je décidasse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Après ces excellents avis, je crois qu’il ne reste plus grand-chose à dire. Je me contenterai de préciser que le passé simple s’emploie généralement pour évoquer un temps qui n’est plus très proche, sans rapport direct avec le présent - ou du moins un temps qui a pris une certaine autonomie par rapport au présent. On peut l’employer, par exemple, pour raconter de vieilles anecdotes ou pour parler de choses dont on se souvient, qui nous ont marquées. On dira volontiers « Ce jour-là, je fis une découverte importante. » mais une phrase telle que : « Je rencontrai une jolie fille, hier soir.» paraîtra saugrenue.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est quand même dommage, parce que le passé composé, qui remplace le passé simple dans la langue parlée, même soignée, n'a pas la même fonction.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Klausinski
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Message par Klausinski »

N’est-ce pas ce que je dis ? Il faut continuer à se servir du passé simple, mais dans le contexte qui lui convient ou, autrement, ce sera encore mal parler français, ne croyez-vous pas ? D’ailleurs, il y a une chose amusante, dans les œuvres complètes de Voltaire. Celui-ci se permet de reprendre Corneille (Voltaire a vraiment du culot, si j’ose dire) au nom de la grammaire disant ce que vous allez voir sur cette page, à la suite des vers 51-52. Bien sûr, pour la poésie, cela est excusable, et même charmant. Mais dans les conversations courantes, cela pourrait devenir ridicule.
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Message par Jacques »

Je crois que François Marie Arouet devait être un drôle de gaillard. Il goûta même aux cellules de la Bastille pour cause d'insolence envers le régent.
Cette correction, avec la version qu'il propose, manque un peu d'élégance.
N'était-il pas, si mes souvenirs sont bons, chargé de régler les horloges du palais ?
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Message par Klausinski »

Jacques a écrit :Je crois que François Marie Arouet devait être un drôle de gaillard. Il goûta même aux cellules de la Bastille pour cause d'insolence envers le régent.
Cette correction, avec la version qu'il propose, manque un peu d'élégance.
N'était-il pas, si mes souvenirs sont bons, chargé de régler les horloges du palais ?
Un drôle de gaillard certes. Je pense comme vous que sa version ne soutient pas la comparaison avec les vers originaux. Comme quoi, il y a des « fautes » plus élégantes que la forme correcte.
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Message par Jacques »

C'est drôle, autant que je me rappelle, quand il avait son effigie sur les billets de banque français, il avait l'allure d'un harpagon.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Réponses et plus de questions à vos réponses

Message par Orphaios »

D'abord:

- Merci à tous de (o pour?) vos réponses.
- Merci, Perkele, de (o pour?) ton indication: j'ai déjà fait deux ou trois corrections :)
- Jacques, je crois que je vais contribuer pour la première fois au forum. Comme vous savez, le français, bien qu'il soit la langue romane la plus éloignée du latin, elle a été la dernière à perdre le reste de cas des anciennes déclinaisons en conservant ( ou "en en conservant"?, où le premier en serait la préposition et le deuxième le pronom; cela me sonne lourd mais correct) deux jusqu'au XIIème siècle: le nominatif et l'accusatif. Même si la plupart de mots provient (ou proviennent?) de l'accusatif, il y en a certains où c'est le nominatif qui a prévalu ("fils", "lys") ou, mieux encore, où l'on a conservé tous les deux avec des significations différentes. Cela serait le cas de on/homme: on vient directement du nominatif homo, de la brièveté duquel procéderait la perte de la voyelle finale et, à conséquence de cela, la nasalisation du o de ho; d'ailleurs, "homme" vient de l'accusatif "hominem", dont la longueur nous a donné un mot plus long aussi en français et sans nasalisation.
- Klausinski, vous avez dit "je crois qu’il ne reste plus grand-chose à dire". Pourquoi vous n'avez pas dit "qu'il n'en reste..."? Y a-t-il une raison ou ce n'est pas aussi obligatoire que je le croyais?
- Ah, si seulement je pouvais "sentir" le texte de Voltaire comme vous tous le faites...
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Jacques
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Message par Jacques »

Merci de ou merci pour, les deux sont bons. Pour les déclinaisons, il nous en reste encore aux pronoms personnels que nous déclinons au nominatif, au datif et à l'accusatif :
je, me, me
tu, te, te
il, lui, le
elle, lui, la
nous, nous, nous
vous, vous, vous
ils, leur, les
elles, leur, les
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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