Les vingtenaires !

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Jacques
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Message par Jacques »

amourdeliceetorgue a écrit :Deux cents ans plus tard...
L'Académie est une vieille dame qui se meut lentement.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

amourdeliceetorgue a écrit :...au grand dam de tous les lettrés qui connaissent la règle et s'indignent de ces relâchement coupables qui poussent l'ure en eure! ...
Mais alors ! Chartres est en Ure-et-Loir. :!:
amourdeliceetorgue

Message par amourdeliceetorgue »

Ca ajoute encore à la confusion. On ne sait plus où le mettre ce tréma! Toutes les éditions avant 1990 forcément ont habitué l'oeil à la graphie ancienne. Il aurait été si simple d'écrire gajure.
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Jacques
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Message par Jacques »

On aurait alors une autre anomalie graphique, car gageüre vient de gage.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Anne
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Message par Anne »

Jacques a écrit :Les régularisations orthographiques de 1990 ont rectifié, on écrit désormais gageüre de même qu'on écrit aigüe, ambigüité, etc., le principe étant que l'on pose désormais le tréma sur la lettre qui se prononce. Idem bien sûr pour mangeüre.
Je voulais ouvrir un nouveau sujet sur le mot gageure dans le forum consacré à la prononciation et à la phonétique, mais je vois que l'on en a déjà parlé ici.

D'après moi, (en toute modestie), mettre un tréma sur le u de gageure signifierait que l'on devrait aussi prononcer le e, qui n'est pourtant là que pour adoucir le g. Alors que je trouve qu'il suffit de réfléchir deux secondes à la manière dont est construit ce mot pour être convaincu de le prononcer "ure" et pas "eure", d'autant que le suffixe -eure n'existe pas, à ma connaissance. La présence du e après le g ne gêne personne dans "mangeable", donc on ne devrait pas oublier sa fonction dans "gageure", ni se sentir obligé d'ajouter un tréma.

Ma réponse au problème de la prononciation, courante et fautive, en "eure" du mot gageure, est de ne pas me priver de faire un petit discours argumenté à toutes les personnes que j'entends le prononcer ainsi. On ne le prend pas toujours bien, mais il me semble que, déjà, la plupart des gens de mon entourage a corrigé la faute. De plus, je ne me permets cette pratique détestable de donneuse de leçons que pour ce mot, et un autre : arguer, mais pour celui-ci j'ouvrirai un sujet dans le forum concerné.
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Jacques
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Message par Jacques »

Non, si on met un tréma sur U, cela indique que cette lettre doit être prononcée à la place de l'autre.
Si, les mots finissant par -eure existent dans la féminisation de 5 mots en -eur : mineure, majeure, prieure, inférieure, supérieure. Ajoutons-y heure ; peut-être d'autres, je ne sais pas. Donc, en suivant le vieux principe qui prescrit de mettre un tréma sur la lettre qui se prononce, pour indiquer que gageure se prononce jur et pas jeur, on écrit gageüre. C'est l'Académie française qui le dit. Et c'est pourquoi aussi l'Académie restitue la logique en faisant écrire ambigüe, cigüe, ambigüité...
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques a écrit : Si, les mots finissant par -eure existent dans la féminisation de mots en -eur : mineure, majeure, prieure, inférieure, supérieure...
Qui sont, à l'origine, des superlatifs, ne l'oublions pas ! :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Anne
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Message par Anne »

Jacques, loin de moi le désir de vous contredire à tout prix, mais permettez-moi de vous faire part de quelques objections à votre réponse, pour l'enrichissement de la discussion :
Jacques a écrit :Non, si on met un tréma sur U, cela indique que cette lettre doit être prononcée à la place de l'autre.
Pas dans Zaïre, ni dans hémorroïde, par exemple. Et je ne trouve pas d'exemple, mais si l'on rencontre eï, ou aü dans un mot, on prononcera les deux lettre. L'association eü ferait donc exception.
Jacques a écrit :Si, les mots finissant par -eure existent dans la féminisation de 5 mots en -eur : mineure, majeure, prieure, inférieure, supérieure. Ajoutons-y heure ; peut-être d'autres, je ne sais pas.
Quatre de ces cinq mots sont des adjectifs, et leur terminaison n'est pas, comme -ure (ou -ation) un suffixe substantivant ajouté au radical d'un verbe. Prieure me fait penser à professeure et auteure, que je déteste, mais comme il semble exister de longue date, je me tais. Dans le mot heure, -eure n'est pas ce que j'appelle un suffixe, ou alors c'est moi qui ne connais pas tout ce qui se cache derrière le mot suffixe ?
Jacques a écrit :Donc, en suivant le vieux principe qui prescrit de mettre un tréma sur la lettre qui se prononce, pour indiquer que gageure se prononce jur et pas jeur, on écrit gageüre. C'est l'Académie française qui le dit. Et c'est pourquoi aussi l'Académie restitue la logique en faisant écrire ambigüe, cigüe, ambigüité...
Je suis cependant finalement d'accord pour écrire gageüre : c'est, malgré tout, plus confortable à la lecture que gageure. Et si c'est l'Académie française qui le dit...
J'aimerais que celle-ci fasse également écrire argüer...
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Perkele
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Message par Perkele »

Anne a écrit :Prieure me fait penser à professeure et auteure, que je déteste, mais comme il semble exister de longue date, je me tais.
Prieure est comme les 4 autres : un superlatif à l'origine : la première (prior, oris) il ne s'agit pas du tout de "celle qui prie" comme on le croit souvent, sans doute parce que ce titre n'est plus employé que dans les couvent...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans Zaïre ou hémorroïde, le tréma est mis pour indiquer que le I doit se prononcer, et que l'association des deux voyelles ne correspond pas à la diphtongue oua qu'elles auraient sans ce tréma. Donc c'est conforme à la règle : le signe se met sur la lettre qu'on prononce.
Majeure, mineure, inférieure, supérieure ne sont pas seulement des adjectifs, mais des substantifs : une supérieure, une mineure...
Je vous ai donné gageüre parce que la discussion s'est arrêtée dessus, mais l'Académie ne se limite pas à ce mot.
Voici le texte
Dans les mots suivants on place le tréma sur la voyelle qui doit être prononcée : aigüe et ses dérivés (suraigüe, etc.), ambigüe, ambigüité, cigüe, contigüe, contigüité, exigüe, exigüité.
Le même usage du tréma s'applique aux mots suivants : argüer, et toute sa conjugaison (il argüe, elle argüera, etc.), gageüre, mangeüre, rongeüre, vergeüre.

Vous ne m'apportez aucune contradiction en vous inscrivant en faux sur certaines de ces dispositions, car je me suis contenté de rapporter les mesures proposées par le Conseil supérieur de la langue française, et approuvées par l'assemblée des Quarante.
En ce qui concerne prieure, libre à vous de ne pas l'aimer, cela ne me contrarie nullement puisque j'y suis tout aussi étranger.
Le mot latin prior est apparu vers 1155 ; puis, entre 1210 et 1225, on a formé le féminin priore. C'est ce qui explique la francisation en prieure. Je comprends votre agacement, parce que depuis quelques années, des féminisateurs aussi bornés qu'incompétents se mettent à nous sortir des procureures, des professeures, des amateures... contre l'avis de tous les linguistes et grammairiens européens qui les condamnent comme des barbarismes. Mais là nous avons un féminin implanté depuis huit siècles.
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...Majeure, mineure, inférieure, supérieure ne sont pas seulement des adjectifs, mais des substantifs : une supérieure, une mineure...
J'apporte ma modeste contribution : une demeure 8)
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous en trouverons peut-être d'autres. Si un jour on prononce demure, alors il faudra écrire demeüre. Notons qu'à l'origine, on écrivait demure. La phnétique en -ure a donc changé en -eure.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Romane

Message par Romane »

"Le même usage du tréma s'applique aux mots suivants : argüer, et toute sa conjugaison (il argüe, elle argüera, etc.)"

Je ne comprends pas comment le prononcer du coup. Et encore moins comment le conjuguer. (Pour les autres, c'est assez clair et simple, mais celui-ci me pose vraiment problème).
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Anne
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Message par Anne »

Une mineure, une majeure, une supérieure, une inférieure, sont des adjectifs substantivés. Ils ne sont pas formés d'un radical de verbe et d'un suffixe, mais d'un adjectif masculin et du e qui le rend féminin. C'est pourquoi je disais que leur terminaison en -eure n'est pas ce que j'appelle un suffixe au même titre que -ure. Il me semble qu'un suffixe est une terminaison que l'on peut ajouter au radical d'un mot pour en changer la fonction, mais toute terminaison n'est pas un suffixe.
Et, puisque vous me dites que prieure n'est pas formé à partir du verbe prier, mais à partir de prior, tout comme mineure et majeure viennent de minor et major, cela confirme que le suffixe -eure n'existe bel et bien pas.
C'était cela, le sens de mon objection.

Pour ce qui est des décisions sus-citées de l'Académie française, sont-elles récentes ? Je n'ai encore jamais rencontré argüer ni gageüre en-dehors de ce forum. Ces décisions me réjouissent, puisqu'à terme elles devraient contribuer à ce que mes oreilles ne soient plus écorchées par des "gajeure" et des "arga-t-il".
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Jacques
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Message par Jacques »

Je vous ai expliqué que prieure est la francisation de priore, qui remonte au XIIIe siècle. Il paraît logique de penser que priore ait donné prieure, c'est une conversion phonétique du latin au français, alors que prieuse aurait rompu la filiation.
Je crois qu'on dépasse là la notion de suffixe.
Si le latin major est bien un adjectif, comparatif de supériorité de magnus (grand), le passage du terme en français en a d'abord fait un substantif, notamment dans « les majeurs», les ancêtres, les anciens (vers 1120), et c'est au XVIe s. qu'il a été employé en qualité d'adjectif. C'est donc un substantif adjectivé, et non l'inverse.
En ce qui concerne les dispositions sur la nouvelle orthographe, l'Académie n'a pas souhaité qu'il soit question de réforme, et préfère parler de régularisations orthographiques. Elles étaient déjà arrêtées en 1974, mais ont été rendues effectives par leur publication au Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990. Elles sont nombreuses.
Voyez ici, par exemple :
http://www.orthographe-recommandee.info/
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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