désâmer

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Invité

désâmer

Message par Invité »

J'ai trouvé ce mot dans Quo Vadis

sur ce monde tout-puissant encore et déjà désâmé, sur ce monde qui roulait vers l'abîme dans sa débauche suprême et fleurie...

On comprend le sens: perdre son âme, mais je ne trouve ce mot dans aucun dictionnaire sauf dans les conjugueurs où apparemment il se décline à tous les temps. Je voudrais être un peu plus sûr du sens.
Avez-vous des précisions?
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Jacques
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Message par Jacques »

Le mot est un québécisme, dont voici les différentes acceptions :
DÉSÂMER v. tr. 1° Enlever la vie. l'âme de, faire mourir. Ex.: Quand je pense à ça, ça me désâme = ça me fait mourir. 2° Affaisser, exténuer de fatigue, faire presque mourir. Ex.: Quand j'ai eu fini de faire ça, j'étais désâmé = j'étais exténué de fatigue. - Travailler à se désâmer = à se faire mourir. 3° Briser, détruire. Ex.: Il a désâmé son jouet = il l’a brisé.
Le sens le plus courant, à la forme pronominale, semble être s'épuiser.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Je vais même plus loin ; ce dictionnaire connaît "désâmer" en conjugaison mais ni en recherche de synonyme ni en définition ; c'est à faire pleurer.
Il porte bien son nom. :wink:
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Perkele
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Message par Perkele »

Denis va pouvoir nous éclairer... :idea:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Denis Normand

Message par Denis Normand »

Je me préparais à répondre qu’il s’agit d’un québécisme, mes sources m’indiquent qu’il s’agit d’un terme familier utilisé surtout à la forme pronominale. Je l’ai entendu souvent dans la bouche des Acadiens des Maritimes. J'avais cité les 3 acceptions de Jacques qui se retrouvent dans Le Glossaire du Parler français au Canada, 1968. Les Presses de l'université Laval, Québec
J'y ajoute:
Désâmer v. pron. réfl. Conjug. 1
Fam. Faire beaucoup d’efforts, dépenser beaucoup d’énergie pour aider qqn ou pour réaliser qqch = fam. Se décarcasser ; très fam. Se floc, se fendre. Ils se sont désâmés pour construire leur maison.
Le Robert, Dictionnaire québécois d’aujourd’hui, 1992


Exemples
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Perkele
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Message par Perkele »

Et que fait donc ce mot dans "Quo vadis ?" ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Denis Normand

Message par Denis Normand »

Le bonheur des amateurs et amatrices de canadianismes de bon aloi...
:wink:
codrila

Message par codrila »

Dans ma région, on se lève l'âme au sens de : on se met en quatre, on donne le meilleur de soi-même , bref on se décarcasse.
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Jacques
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Message par Jacques »

codrila a écrit :Dans ma région, on se lève l'âme au sens de : on se met en quatre, on donne le meilleur de soi-même , bref on se décarcasse.
Il y a une analogie de sens avec l'idée de se donner du mal jusqu'à s'épuiser. Peut-on savoir quelle est votre région ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
codrila

Message par codrila »

Bien sûr :) La Provence , Marseille.
Invité

Message par Invité »

Perkele a écrit :Et que fait donc ce mot dans "Quo vadis ?" ?
En effet, est-ce que cela viendrait de la traduction?
Les deux traducteurs pourtant, B.KOZAKIEWICZ et de J-L de JANASZ,
n'ont pas l'air québecquois.

Ceci dit, il y a l'évidence dans ce texte, le souci du mot juste quand ce n'est pas celui du mot rare.
Exemples: j'ai noté "le bruisselis de pas" et "irrorer" pour dire tout bonnement vaposriser.

J'ai noté aussi cet accord au féminin qui me semble un peu hardi (?):

Le peuple, enchanté de cette résolution, avant-courrière de jeux et de distribution de blé, s'assemblait en foule....
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Marco
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Message par Marco »

amourdeliceetorgue a écrit :J'ai noté aussi cet accord au féminin qui me semble un peu hardi (?):

Le peuple, enchanté de cette résolution, avant-courrière de jeux et de distribution de blé, s'assemblait en foule....
Cet emploi est admis par l’Académie :

AVANT-COURRIER, -IÈRE n. et adj. (pl. Avant-courriers, -ières). XVIe siècle.
Class. Rare au masculin. 1. N. Celui, celle qui devance, qui annonce. Les brumes sont les avant-courrières de l’automne. 2. Adj. Qui devance, qui annonce. Une ombre avant-courrière de la nuit.
Brazilian dude
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Message par Brazilian dude »

sur ce monde tout-puissant encore et déjà désâmé, sur ce monde qui roulait vers l'abîme dans sa débauche suprême et fleurie...
Si vous me disiez la page où se trouve cette phrase, je pourrais peut-être vous aider. J'ai l'original en polonais et peut-être que cela aidera.
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Jacques
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Message par Jacques »

L'Académie le donnait déjà dans sa première édition, et seulement au féminin :
AVANT-COURRIERE. s. f. Il n'est en usage qu'en parlant de l'aurore. L'avant-courriere du soleil.
Ndle : extrait de l'article : COURIR
Édition 1694

Notons qu'à l'époque il ne s'utilisait pas en fonction d'adjectif et qu'il avait un sens très restreint. Ce n'est que dans la huitième que le masculin a fait son entrée, mais toujours pas l'adjectif admis seulement dans la neuvième :
AVANT-COURRIER, IÈRE. n. Celui, celle qui précède, qui devance. Il a vieilli et n'est plus guère employé que poétiquement et au féminin. L'avant-courrière du soleil. L'avant-courrière du jour. Les brumes sont les avant-courrières de l'automne.
Édition 1932-1935
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Elles me plaisent beaucoup, ces brumes avant-courrières... :)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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