JR a écrit :Je pense que la prolifération des guillemets (puisque tel est le sujet, mais d'autres nouveaux tics pourraient justifier la même remarque) devrait faire l'objet d'une étude psychologique : ils me semblent jouer le rôle d'un masque dissimulant soit une incapacité à trouver le mot juste, soit un refus d'exprimer ce que le mot signifie, et donc en tout cas une prise de distance et un rejet de responsabilité par rapport à ce qui est dit.
On ne peut mieux dire!!!
Dans le même genre on a :
"J'allais dire" qui faisait fureur il y a quelques années
mais qui fait encore des adeptes ou
"Comme on dit" qui sont des refus de prendre position
Dans le même genre on a :
"J'allais dire" qui faisait fureur il y a quelques années
mais qui fait encore des adeptes ou
"Comme on dit" qui sont des refus de prendre position
C’est vrai. Et il y a bien d’autres expressions qui permettent de prendre du recul à l’égard de ce qu’on dit ou de ne pas assumer directement les propos que l’on tient. Schématiquement :
1 - comme qui dirait, comme dirait l’autre (comprenez : « je n’assume pas une expression si faible ou si vulgaire »)
2 - dans un sens, en quelque sorte, pour ainsi dire (comprenez : « ma formulation est au petit bonheur »)
3 - si l’on veut, si vous voulez (« faites ce que vous voulez de ce que je dis »)
4 - si je puis m’exprimer ainsi, s’il m’est loisible d’employer un tel mot, sauf votre respect (« je fais des courbettes parce que vous êtes quelqu’un d’important mais je n’en pense pas moins »)
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Claude a écrit :À l'inverse il y a une expression signifiant que le locuteur prend à son compte sa déclaration en commençant par Comme je dis....
Je ne sais pas si elle est régionale car elle est en train de se perdre. J'ai beaucoup entendu dans mon enfance l'expression "C'est pour dire..." qui voulait signifier que ce qu'on venait de dire n'était pas un jugement ou une plainte mais une constatation.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Toujours difficile d'en connaître l'origine mais je pense que c'est la belle Alexandra du feuilleton
"Un gars, une fille " (avant le 20h dans les années 2000),
qui l'a beaucoup utilisée, souvent ......au dépend du pauvre gars d'ailleurs"
Jacques a écrit :Au jour d'aujourd'hui est un pléonasme dont l'origine est fort lointaine, on le disait déjà vers les années cinquante, et même avant, mais il était d'un emploi assez peu répandu, et d'usage chez des gens frustes et sans instruction. De nos jours, il s'est propagé comme une épidémie. On peut rarement déterminer l'origine d'une habitude de langage, sauf dans des cas rares comme celui que donne JR.
Je pense que c'est JM Cavada qui a relancé cette expression dans les années 80, avec ses émissions de bonne tenue sur FR3.
Comme il s'exprimait très bien , on avait l'impression que l'emploi de cette "locution" donnait un certain niveau de culture, et c'est amusant... d'après ce que vous dites.....exactement l'inverse de ce qu'il reflétait dans les années 50.
Je commence à entendre des gens tenter d'éviter le pléonasme en disant "à l'heure d'aujourd'hui" !
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
Moi aussi, mais si l'on passe à côté du pléonasme, le rapprochement des deux mots n'est guère compatible et provoque une sorte de redondance. Cela nous ramène à cette manie d'insistance qui est caractéristique du langage actuel. Il suffit de dire aujourd'hui ou à l'heure actuelle pour exprimer clairement sa pensée.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).