De ou D'

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Jacques
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Message par Jacques »

JR a écrit :Les choses seraient plus simples si le personnage en question s'était appelé Adolf Schicklgruber :lol:
Imaginez aussi que si Gustave Eiffel n'avait pas demandé à changer de nom, les touristes du monde entier visiteraient la tour Boenickhausen.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Et si on se revendique de sa francophonie pour franciser tout, on tombe dans le travers de l'exagération, comme ceux qui on voulu remplacer Buckingham par Bouquinquant.
Mais là, c'est une francisation ancienne, peut-être contemporaine de Vincestre pour Winchester (d'où Le Kremlin Bicêtre) et de redingote pour riding-coat.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je l'ignorais, et je suppose que la francisation de Canterbury en Cantorbéry date de la même époque ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Je l'ignorais, et je suppose que la francisation de Canterbury en Cantorbéry date de la même époque ?
Peut-être, et de boulingrin pour bowling green.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il doit y en avoir d'autres.
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

château de Oiron ou d'Oiron,
Alors, bataille de Iéna ou bataille d'Iéna ?
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Jacques
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Message par Jacques »

D'Iéna et d'Oiron, puisque la question se pose seulement à propos du H muet et du H à hiatus, faussement dit « aspiré ».
Quand un mot commence par H muet, on le traite comme ceux qui commencent par une voyelle, avec élision.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Invité

Message par Invité »

Jacques a écrit :L'explication est que pour les mots étrangers qui commencent par un H expiré, il est convenu de ne pas élider l'article, le H expiré n'existant pas en français, c'est une façon de le marquer. Il y a donc bien une francisation, mais une francisation de bon sens qui respecte la langue d'origine. Prenez le mot handicap, qui vient d'un jeu anglais appelé hand in cap (la main dans la casquette) parce qu'il s'agissait d'une loterie où chacun tirait un papier dans un chapeau : on ne dit pas l'handicap, un n'handicap ou des z'handicaps, à cause de ce H expiré, et on marque un hiatus.
Remarquez bien qu'en français il n'y a jamais eu de H aspiré ; essayez de prononcer le harnais en aspirant l'air sur le H, vous comprendrez.
Et si on se revendique de sa francophonie pour franciser tout, on tombe dans le travers de l'exagération, comme ceux qui on voulu remplacer Buckingham par Bouquinquant.
Bonjour,

Voui, je comprends, effectivement.

Toutefois, cela me fait drôle de dire "les armées de Hitler" et "les voitures d'Henri".

Si mon interlocuteur s'appelle Henry, devrais-je dire "les voitures de Henry"?

Cependant, comment dites-vous, à propos du pirate Morgan: Morgan? ou Morgane?

Pour ma part, j'ai appris à lire et écrire avec les hussards noirs de la République et, entre autre, il nous disaient de prononcer, par exemple, iceberg (et non aïs'berg) ainsi que pipe-line (et non païpe-laïne) (bien qu'il préférât que l'on dît "oléoduc" ou "gazoduc". Ainsi, de nos jours, personnellement, je tique lorsque j'entends "aïs'berg" à longueur de réchauffement climatique.

Par ailleurs, j'avais un professeur dont le nom était "Kévin" (ou Quévin, je ne sais plus trop) et il se présentait comme M. Kévin (et non Kévine).

D'autre part, lorsque je lisais parfois Tintin, qui avait un ennemi du nom d'Alan (lieutenant de Rastapopoulos), tous mes camarades et moi disions Alan (allant) et non Alane.

Enfin, comment fais-je maintenant pour apprendre à lire et écrire aux petits-enfants? Dois-je leur dire que le son 'in' fait "in" mais dans certains cas "ine"? que "i" fait "i" mais parfois "aï"? etc...

PS: comment doit-on dire la phrase:

"Je suis invité à l'Henri IV" ou "Je suis invité au Henri iV" sachant qu'Henri IV est le nom d'un restaurant.
Pour ma part, je dirais "à l'Henri IV".

Merci de votre réponse
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Jacques
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Message par Jacques »

J'ai les mêmes hésitations que vous. Prononcez selon votre instinct, comme moi. Je dis toujours : Quand je parle français je prononce français, quand je parle anglais je prononce anglais. Mickaël Jackson, dans ma bouche, ne se dit pas maïk'l djaks'n quand je m'exprime en français mais mikaèl jakson'. Claudia Schiffer est clodia chifère et pas claoudia chifeur. Il ne faut pas être puriste à l'extrême, l'excès en tout est nuisible. Vous avez demandé s'il y avait une règle, je vous l'ai donnée. Mais il y a, surtout dans la langue parlée, des petites libertés qu'on peut s'octroyer sans remords à condition de ne pas aller jusqu'au ridicule.
Si vous voulez dire d'Hitler ou d'Harvard, il n'y a là rien de grave.
Il y a des batailles de spécialistes, certains tiennent comme seul vrai l'hiatus et l'hyène, moi j'ai toujours dit le hiatus et la hyène, et je continue avec d'autant moins de scrupules que des linguistes plus tolérants estiment que les deux sont acceptables.
Pour le restaurant Henri IV, profitez de sa gastronomie sans vous casser la tête avec l'énoncé du nom. Et bon appétit !
Je crois d'ailleurs que pour les restaurants, hôtels ou cafés, l'usage est de dire au sans distinction d'origine ou de nature du nom (à vérifier).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Re: De ou D'

Message par André (G., R.) »

André79 a écrit :Si j'habitais Agen je parlerais des pruneaux d'Agen, de la mairie d'Agen, etc.

Or, j'habite Oiron (79) et l'une des habitantes me demandait en ma qualité d'enseignant si on devait dire:

château de Oiron ou d'Oiron, école de Oiron ou d'Oiron, vin de Oiron ou d'Oiron ...

Et soudain, je me suis rendu compte que je n'avais pas de règle précise à l'instar des autres habitants . Pourtant je sais que je dis l'école de Oiron , le vin d'Oiron (je crois ) et le château d'Oiron (sûr)...

En fait, je crois que les habitants (et moi aussi depuis 40 ans) nous disons parfois les deux ... Ce n'est pas très clair...

Vous qui êtes des "étrangers" vous le voyez comment?

Merci de vos réponses.


Étonnamment un mot que j'attendais ne figure pas dans cette discussion, m'a-t-il semblé : semi-consonne.
La semi-consonne concernée ici est notée [w] en alphabet phonétique international. Elle apparaît dans la première syllabe des deux mots « oiseau » et « Waterloo », où oi et Wa sont identiques phonétiquement.
Or nous disons « des becs d'oi
seau », mais « la bataille de Waterloo ». Pourquoi ? J'ai l'impression que ladite semi-consonne est ressentie davantage comme une voyelle dans les mots d'origine latine (doigt [digitus], poire [pirum], histoire [historia]...) et vaut historiquement plutôt une consonne dans les autres, souvent d'origine germanique (western, wassingue, waterzooi, week-end... ) (d'ailleurs, en allemand W n'est pas une semi-consonne, mais une consonne à part entière, prononcée [v]).
Pour Oiron, donc, je préfère l'élision : les habitants de l'Oise, du massif de l'Oisans, d'Oissel et d'Oignies sont probablement de cet avis. Je comprends toutefois que certains hésitent et « la ouate » ne me gêne pas.

Même chose pour la deuxième semi-consonne assez fréquente en français, notée [j] (paille, yeux...). Si j'écris « Jena » (son nom allemand), je préfère « la ville de Jena », mais j'accepte aussi « la ville d'Iéna ».

Quant aux mots commençant par un H, je serai moins tolérant que vous, Jacques, en ce qui concerne l'élision les précédant : je ne peux que la contester ardemment quand il s'agit (et c'est assez souvent le cas) de noms propres d'origine germanique : pourquoi la réprouverions-nous pour les noms communs et non pour les noms propres ? Pourquoi dirions-nous « fleur de houx » et « fureur d'Hitler » ? On sait que le H n'est plus prononcé à l'initiale dans les mots comme « houx » pour lesquels il était soi-disant aspiré (en réalité légèrement expiré). Donneur de voix pour une bibliothèque sonore, j'ai pour consigne de prononcer les mots étrangers aussi conformément que possible à ce qu'ils sont dans leur langue d'origine : lorsqu'un écrivain français évoque « la sagesse d'Hermann Hesse » (deux H bien marqués, expirés) je suis dans l'incapacité d'appliquer cette consigne pour le premier et cela m'est d'autant plus douloureux que j'ai enseigné l'allemand !

P.S. Je ne parviens pas à faire en sorte que le début de mon intervention ne soit pas en gras.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Je dois dire que lorsque j'entends par exemple la sagesse d'Hermann Hesse, la politique financière d'Hans-Rudolf Merz ou la mère d'Hassan, ça m'écorche les oreilles.

Je serais tentée de penser que c'est parce que l'allemand est obligatoire en Suisse et que nous l'avons tous étudié, mais ce n'est pas rare que des Suisses romands prononcent aussi de cette manière.

Idéalement, il faudrait prononcer le H parce que son absence défigure le nom (sauf s'il existe en français comme Henry/Henri). Je comprends que la majorité des francophones ne sachent pas prononcer le H, mais ils pourraient au moins s'abstenir de faire l'élision, comme l'a dit Jacques.
Jacques a écrit :L'explication est que pour les mots étrangers qui commencent par un H expiré, il est convenu de ne pas élider l'article, le H expiré n'existant pas en français, c'est une façon de le marquer. Il y a donc bien une francisation, mais une francisation de bon sens qui respecte la langue d'origine. Prenez le mot handicap, qui vient d'un jeu anglais appelé hand in cap (la main dans la casquette) parce qu'il s'agissait d'une loterie où chacun tirait un papier dans un chapeau : on ne dit pas l'handicap, un n'handicap ou des z'handicaps, à cause de ce H expiré, et on marque un hiatus.
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Message par Leclerc92 »

Manni-Gédéon a écrit :Je dois dire que lorsque j'entends par exemple la sagesse d'Hermann Hesse, la politique financière d'Hans-Rudolf Merz ou la mère d'Hassan, ça m'écorche les oreilles.
Pour ces noms-là, je suis comme vous. En revanche, mon oreille s'est habituée à entendre "le rôle d'Hitler", "un discours d'Hitler". Pas vous ?
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Claude
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Message par Claude »

Je dirais d'Hermann, d'Hassan, d'Hitler mais de Hans ; allez savoir pourquoi ? Peut-être le besoin d'étoffer la prononciation car Hans ne comporte qu'une syllabe.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je l'ai évoqué ci-dessus : nous refusons (heureusement !) une boite d'haricots, l'hors-texte, ton hotte, un manche d'houe... et justifions ce refus par le H soi-disant aspiré (en réalité inexistant oralement et jadis expiré). Or nous serions prêts à commettre la même erreur pour des noms propres comme Hermann qui comportent un H véritablement et fortement expiré (en tout cas dans la langue d'origine) : où est notre logique ? Si nous acceptons ce livre d'Hermann Hesse nous ne pouvons refuser les Z-haricots, le manche de l'houe...
Dernière modification par André (G., R.) le lun. 24 août 2015, 11:55, modifié 2 fois.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Le paragraphe 48 du Bon usage évoque ces questions et signale, pour Hitler, une hésitation que l'on retrouve même dans le Robert et le TLF : « aux mêmes endroits : de Hitler art. hitlérisme, d’Hitler art. hitlérien ». Chose étrange, les dérivés de ce nom propre ont un h muet. Personne ne dit *« le hitlérisme ».
En tout cas, je vous remercie, Manni Gédéon, d'avoir fait remonter ce sujet. J'aurais naturellement dit et écrit : « d'Herman Hesse, d'Hassan », etc. Je tâcherai à présent de respecter l'h aspiré de ces langues étrangères.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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