Les pieds en poésie

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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Voici ce que j'ai trouvé ici
En poésie française il n y pas de pied car elle n oppose pas les syllabes longues et bréves.
Le pied est la combinaison de syllabe longues et bréves , en général 2 ou 3
et :
Mètre quantitatif
Il n'est possible que dans les langues dont la prosodie comprend des oppositions de quantité (vocalique ou syllabique), comme le latin et le grec ancien. Les schémas métriques se décomposent alors en pieds élémentaires, construits sur l'alternance de positions syllabiques « lourdes » ou « longues » (–) avec des positions syllabiques « légères » ou « brèves » (U). Lorsqu'on « scande » un vers, on établit son schéma métrique et l'on s'efforce de le réciter en rendant ce schéma apparent.

Le mètre quantitatif n'est pas réservé aux langues indo-européennes anciennes (grec ancien, latin, sanskrit) : il se rencontre aussi dans des langues qui, comme l'arabe, connaissent des oppositions de quantité (voir Poésie arabe). Les oppositions de quantité qui subsistaient en français de la Renaissance ont aussi donné lieu à une poésie authentiquement quantitative, illustrée notamment par Jean Antoine de Baïf.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce n'est pas véritablement simple. Nous devons en déduire que le français n'a pas de pieds, c'est donc une langue apode. Tant pis pour nous.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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valiente
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Message par valiente »

Voici la définition du mot pied donnée par une personne présidant une Académie de poètes :
Le pied est fait d'une ou plusieurs lettres qui se prononcent dans une seule émission de voix.

Elle conclut par l'exemple suivant :
Qu'importe si ma vie est plus lourde et plus noire

Elle explique ainsi que ce vers est un alexandrin parce qu'il compte 12 pieds, bien que ce soit un vers de 15 syllabes.

Dans son ouvrage didactique, elle ne parle donc que de pieds.

:evil:
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Jacques
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Message par Jacques »

Le mystère s'épaissit. D'un côté on nous dit que le français n'a pas de pieds, de l'autre on nous dit qu'il en a et qu'ils sont des assemblages de lettres. Je ne vois pas comment s'arrange l'histoire des quinze pieds soit douze syllabes. Les violons ne sont pas accordés. Je m'en tiens donc à la décomposition en syllabes et j'en reste là.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Je ne vois pas comment s'arrange l'histoire des quinze pieds soit douze syllabes.
L'inverse, Jacques ; la différence est représentée par les e muets ; mais je ne vois que quatorze syllabes :
Qu'im/por/te/ si/ ma/ vie/ est/ plus/ lour/de/ et/ plus/ noi/re
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Perkele
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Message par Perkele »

Et non, vi/e/
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Alors j'avais bien compris, JAA, et comme vous j'en voyais quatorze. Du coup je pensais que mon interprétation n'était pas la bonne.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Bernard_M
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Message par Bernard_M »

Effectivement ce n'est pas simple de s'y retrouver et je suis près de croire qu'il y a usage abusif du mot pied.
Me référant à la partie "Versification Notions élémentaires de métrique" de ma grammaire(*) qui réduit à l'essentiel les notions du Petit Traité de Versificaton française de Maurice Grammont, je constate que nulle part il est fait mention, s'agissant de versification française, de pieds mais on ne parle uniquement que de syllabes. Voici ce qui est dit quant à la structure des vers :
[...] le vers français présente trois caractères essentiels :
1° Il est syllabique, c'est à dire fondé sur le nombre de syllabes qui le composent(2)
2° Il est rimé, [...]
3° Il est musical, [...]

(2)Le vers latin et le vers grec, au contraire, sont fondés sur la quantité de syllabes, qui peuvent être brèves ou longues et dont les combinaisons diverses forment des "pieds", comme en musique les combinaisons de notes forment des "mesures": le vers se caractérise alors par le nombre et la composition de ses pieds et non par le nombre de ses syllabes.


J'en déduis pour ma part qu'on ne doit pas parler de pieds lorsque l'on parle de versification française et que les règles du comptage de syllabes, question abordée par ailleurs sur le forum, conduisent à compter 12 syllabes dans le vers Qu'importe si ma vi(e) est plus lourd(e) et plus noir(e) . Cela est fondamentalement différent des définitions présentées par valiente.
Voilà encore une preuve, si besoin était, que chacun peut, selon ses références, avoir raison tout en ayant tort... et inversement !
Allez donc y comprendre quelque chose !
------
(*) Grammaire française suivie des éléments de versification par Gaston Cayrou
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Jacques
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Message par Jacques »

Voilà une mise au point claire, et qui définit bien les choses. Vous mettez encore l'accent sur le manque total d'accord entre les spécialistes, chacun exprimant sa conception personnelle, qui peut être carrément à l'oppposé de celles des autres. Nous avons déjà, à de nombreuses reprises, constaté qu'il y avait divergence d'opinion sur de nombreux cas de grammaire et de l'orthographe qui en découle, et même parfois sur l'étymologie (voir le sujet sur l'Afrique).
Pour évoquer un cas simple, j'ai récemment écrit la porte vous est grand ou grande ouverte. En consultant trois ouvrages didactiques sur ce point, j'ai trouvé trois réponses ; pour l'un l'accord est obligatoire, l'invariabilité serait fautive malgré l'usage de grand en fonction d'adverbe ; pour un autre, les deux se disent couramment ; pour le troisième l'invariabilité serait rare et se rencontrerait chez certains auteurs, elle serait donc tolérée mais il est préférable de l'éviter.
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Perkele
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Message par Perkele »

Je suppose aussi que certaines prononciations ont varié en fonction des époques.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Pour évoquer un cas simple, j'ai récemment écrit la porte vous est grand ou grande ouverte. En consultant trois ouvrages didactiques sur ce point, j'ai trouvé trois réponses ; pour l'un l'accord est obligatoire, l'invariabilité serait fautive malgré l'usage de grand en fonction d'adverbe ; pour un autre, les deux se disent couramment ; pour le troisième l'invariabilité serait rare et se rencontrerait chez certains auteurs, elle serait donc tolérée mais il est préférable de l'éviter.
C'est curieux... de la fonction adverbiale de « grand » on pourrait déduire que le mot est invariable dans ce cas.
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est logique. Pourtant Larousse écrit dans Difficultés et pièges : « Dans l'expression grand ouvert, grand, bien qu'en emploi adverbial, s'accorde avec l'adjectif : des battants grands ouverts, une porte grande ouverte ».
Bordas dit la même chose et ajoute : « L'invariabilité, qu'on rencontre quelquefois, est moins conseillée. »
Hanse : « La portière qui était restée grande ouverte. Tel est l'accord habituel. Mieux vaut donc écrire les yeux grands ouverts ou larges ouverts. Certains auteurs laissent grand invariable, tel Bernard Clavel : La fenêtre grand ouverte, les yeux grand ouverts. »
Robert : Quand l'adjectif a une valeur adverbiale devant un autre adjectif, il s'accorde avec le nom qui précède : Les grilles d'entrée étaient grandes ouvertes (J. Romains). Toutefois, certains écrivains se dispensent de faire varier l'adjectif, ce qui est logique, puisque l'adverbe est en français le plus souvent invariable : les yeux grand ouverts, les portes grand ouvertes.
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valiente
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Message par valiente »

Bernard_M a écrit :J'en déduis pour ma part qu'on ne doit pas parler de pieds lorsque l'on parle de versification française et que les règles du comptage de syllabes, question abordée par ailleurs sur le forum, conduisent à compter 12 syllabes dans le vers Qu'importe si ma vi(e) est plus lourd(e) et plus noir(e) . Cela est fondamentalement différent des définitions présentées par valiente.
C'est exact, Bernard_M.
J'ai cité ces exemples pour faire part de mon agacement ; je ne suis absolument pas de l'avis de l'auteur.
Les autres ouvrages poétiques en ma possession sont unanimes et confirment ce que nous pensons tous ici : le vers français est syllabique et non métrique.

Voici quelques précisions allant dans votre sens :

Certains vers, tel le vers latin, reposent sur la quantité de syllabes brèves ou longues qui déterminent son rythme et qu'on appelle "pieds".
Chaque "pied" a, dans ce cas, plusieurs syllabes longues ou brèves avec, alors, des temps forts et des temps faibles.
On appelle cela le vers métrique.

Le vers français, lui, comme le vers italien ou espagnol, ne se base plus sur l'accent tonique qui est variable mais sur le nombre des syllabes. Le vers français est appelé vers syllabique. Il doit pouvoir se mesurer par le nombre de syllabes qui le composent.


Et pour conclure :
Il ressort de ceci que le mot "pied" ne peut être employé dans le cadre de notre poésie française. Un alexandrin ne se compose pas de 12 pieds mais de 12 syllabes.
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Perkele
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Message par Perkele »

Se pourrait-il qu'entre en jeu ce dont est suivi ce fameux E muet - que toutes les autres langues nous envient - qui fait qu'il compte ou qu'il ne compte pas ?

J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
A glisser l'aile sous le vent.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

En anglais, il y a aussi un E muet final : some, take, snake, while, table... Est-ce bien de cela qu'il s'agit ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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