Page 1 sur 3

Porter un toast...

Publié : ven. 23 avr. 2010, 10:38
par Bernard_M
Dans un autre échange, Dame Verone a écrit : J'ai entendu l'expression « porter un toast », laquelle ne signifie pas que l'on porte un patit canapé, quoique bien souvent ce petit canapé accompagne l'allocution.
J'ai fait quelques recherches intéressantes sur ce toast et je vous en livre le fruit.

L'Académie dans son dictionnaire mentionne à PORTER que porter un toast à la santé de quelqu'un ou à quelqu'un, qui signifie lever son verre en son honneur, a le même même sens que l'expression vieillie porter une santé à quelqu'un .
Cette expression, que je n'ai jamais entendue, avait le mérite de ne pas ouvrir la porte au vocable "so british" !
Par ailleurs dans sa huitième édition, l'académie définit le substantif toast comme l'invitation à boire à la santé de quelqu'un et la petite tranche de pain grillée ...

Pour trouver une autre définition de toast, direction le CNRTL !
Et là on y trouve un peu plus de précision avec trois acceptions au substantif :
1. Action de lever son verre, 2. Discours prononcé à cette occasion, 3.Tranche de pain de mie grillée

Le Littré, quant à lui, fait une bonne synthèse et nous renvoie à Toste qu'il définit ainsi :
1. Proposition de boire à la santé de quelqu'un, à l'accomplissement d'un voeu, au souvenir d'un événement.
2. Voeu que l'on exprime, discours que l'on prononce en portant le toste ou la santé.
Le Littré innove avec toste, un mot qui n'a plus sa connotation anglaise et remet d'actualité l'expression porter la santé en ne l'indiquant pas comme vieillie.
Nous voici ainsi revenus au dictionnaire de l'Académie, point de départ de la petite balade. La boucle est ainsi fermée !

Ce petit voyage m'a paru intéressant, il m'a fait découvrir le toste et je souhaitais simplement partager cette découverte avec vous.

Publié : ven. 23 avr. 2010, 11:07
par Jacques
Pour compléter ce voyage instructif, je cite l'Académie qui, à partir de la 6e édition de son dictionnaire (1835), écrit :
TOAST. s. m. (On prononce et quelques-uns écrivent, Toste.) Mot emprunté de l'anglais. Proposition de boire à la santé de quelqu'un, à l'accomplissement d'un voeu, au souvenir d'un événement. Porter un toast.
Dans la 4e (1762) elle expliquait ceci :
TOSTE. s. m. Action de porter aux convives la santé d'une personne absente. Les tostes sont souvent très-ennuyeux.
Et dans la 5e (1798) :
TOSTE. s. masc. (On écrit aussi Toast, mais sans prononcer l'a.) Mot adopté de l'Anglois. Proposition de boire à la santé de quelqu'un, à l'accomplissement d'un voeu, au souvenir d'un événement. Porter un toste. Il y eut vingt tostes portés. Les tostes sont parfois ennuyeux.

Au début, c'est donc « Toste parfois écrit toast », et en dernier « Toast parfois écrit toste »

Re: Porter un toast...

Publié : ven. 23 avr. 2010, 12:33
par JR
Bernard_M a écrit : direction le CNRTL !
manni-gedeon devrait réagir ! :wink:

Publié : ven. 23 avr. 2010, 13:08
par Bernard_M
Peut-être, mais ce n'est pas pour cela que je l'ai intentionnellement utilisé !

Merci Jacques d'avoir poursuivi les recherches jusque dans l'édition de 1762 du dictionnaire de l'Académie. Toste y figurait déjà, c'est donc une résurrection plus qu'une innovation de la part du Littré.

Question aux curieux qui se seraient promenés dans la neuvième édition du dictionnaire de l'Académie :
N' avez-vous rien remarqué en parcourant les différentes acceptions du verbe PORTER ([550] PORTER ) ?

Publié : ven. 23 avr. 2010, 16:32
par Dame Vérone
Ces très intéressantes réponses occuperont mon esprit lors du prochain toste ennuyeux : merci Bernard et Jacques !

Publié : ven. 23 avr. 2010, 16:59
par Jacques
Dame Vérone a écrit :Ces très intéressantes réponses occuperont mon esprit lors du prochain toste ennuyeux : merci Bernard et Jacques !
Ne croyez-vous pas qu'en bons résistants à l'anglomanie, nous devrions nous faire militants en employant cette ancienne orthographe ? J'ai bien envie de m'y mettre.

Publié : ven. 23 avr. 2010, 17:24
par JR
Selon vous, peut-on aller jusqu'à utiliser toste pour une tartine de pain grillé, et tosteur pour la machine qui en permet la confection ?

Publié : ven. 23 avr. 2010, 17:38
par Manni-Gédéon
D'accord avec Jacques : utilisons tous l'orthographe "toste" (que vous venez de m'apprendre).

Au sujet de "direction le CNRTL", je ne dirai rien. Vous ne saurez jamais si mes cheveux se sont dressés sur ma tête. :wink: J'aime mieux me défouler contre la télé et les journalistes et rester zen avec mes interlocuteurs du forum.
Zen: pour une fois qu'un emprunt n'est pas un anglicisme!

Publié : ven. 23 avr. 2010, 17:52
par Jacques
JR a écrit :Selon vous, peut-on aller jusqu'à utiliser toste pour une tartine de pain grillé, et tosteur pour la machine qui en permet la confection ?
Certainement, puisque ce terme est emprunté à l'ancien français toster, « faire griller ».

Publié : ven. 23 avr. 2010, 18:28
par JR
manni-gedeon a écrit : Zen: pour une fois qu'un emprunt n'est pas un anglicisme!
Oui, c'est cool ! :lol:

Publié : ven. 23 avr. 2010, 19:23
par valiente
manni-gedeon a écrit : D'accord avec Jacques : utilisons tous l'orthographe "toste" (que vous venez de m'apprendre).
Vous souhaitez chercher querelle à des donneurs de leçons, n'est-ce pas ? :wink:

Publié : ven. 23 avr. 2010, 22:06
par Perkele
Jacques a écrit :
Dame Vérone a écrit :Ces très intéressantes réponses occuperont mon esprit lors du prochain toste ennuyeux : merci Bernard et Jacques !
Ne croyez-vous pas qu'en bons résistants à l'anglomanie, nous devrions nous faire militants en employant cette ancienne orthographe ? J'ai bien envie de m'y mettre.
Je crois qu'on a écrit coquetaile avant cocktail...

Publié : ven. 23 avr. 2010, 22:18
par Claude
manni-gedeon a écrit :Vous ne saurez jamais si mes cheveux se sont dressés sur ma tête.
Avec votre filet sur la tête c'est impossible. :lol:

Publié : sam. 24 avr. 2010, 7:58
par Jacques
Perkele a écrit :
Je crois qu'on a écrit coquetaile avant cocktail...
Coquetaile est une dérision moderne pour se moquer de l'anglomanie. Le mot est apparu en français en 1755 avec son orthographe cocktail. C'était à l'origine une pratique qui consistait à sectionner un muscle de la queue des chevaux pour qu'elle soit dressée en permanence comme celle d'un coq. On ne le faisait pas pour les bêtes de race. Le cocktail était donc un cheval bâtard, ce qui mène à l'idée de mélange.

Publié : sam. 24 avr. 2010, 8:47
par Jacques-André-Albert
Merci pour cette explication, Jacques. Je reviens sur l'ancien français toster : il a la même origine que « tost », adverbe de temps, « tôt » dans sa forme moderne ; toster et tost viennent du latin torrere, griller, et de son partipe passé tostus. À l'article « tôt », le Petit Robert souligne l'analogie avec l'expression brûler, griller une étape.
En tout état de cause, si l'usage de toster et de son dérivé tostée (tranche de pain grillé) avaient perduré, on dirait de nos jours tôter et une tôtée.
Notez que l'équivalent français de « toast » est « rôtie ». Personnellement, je ne parle que de « pain grillé ».