Exercice de style

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Jacques
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Message par Jacques »

Madame de Sévigné a écrit :Je suis passée à côté de gai luron, et de ...puis, ensuite, ouhhhhh !
Je me suis posé la question pour fameux médicament miracle, et vaincre l'adversaire.
Pour ce dernier, même erreur que un ami qui vous veut du bien, n'est-ce pas ?

Voilà pour la première partie. Je m'attaque à la suivante demain. Jacques, n'allez pas trop vite pour la correction, s'il vous plaît, même les gens qui travaillent sont débordés !
Je vous promets d'attendre que vous donniez le signal. Vaincre l'adversaire n'est pas de même nature que l'ami qui vous veut du bien. L'adversaire peut vous vaincre ou être vaincu par vous. Ce qui serait un truisme c'est « un ennemi qui vous veut du mal ». Car l'adversaire, lui (tautologie !) ne vous veut pas forcément du mal ; ce peut être une personne contre laquelle vous disputez une partie de belote ou d'échecs, et dans ce cas il s'agit d'une joute amicale.
Fameux médicament miracle n'est pas un pléonasme : miracle, en apposition de médicament (à ne pas confondre avec miraculeux) ne fait pas double emploi avec fameux, qui signifie de grande réputation, d'après le latin fama.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

Bonjour à tous,
J'arrive...... avec 18 pléonasmes, en deux lectures.
Je ne lirai pas une troisième fois, sinon j'en trouverai le double !!!
Merci Jacques, c'est très formateur.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je pense qu'il est temps, alors, de donner la réponse :
La première priorité était de reconquérir le marché. Ils avaient fini par réussir, et l'énorme édifice commercial bâti par l'infatigable Georges tremblait sur sa base, comme ébranlé par une gigantesque secousse sismique.
Depuis un an, il s'était approché [...] près du désespoir, et cette noire mélancolie qui s'était sournoisement emparée de son âme avait complètement aboli en lui toute volonté. Il quitta son bureau de bonne heure ce jour-là, et sauta dans sa voiture. Il n'avait seulement que trente kilomètres à parcourir pour arriver à la petite maisonnette campagnarde où il avait souvent trouvé le repos de l'isolement. La route était mauvaise, mais il l'avait parcourue tant de fois qu'il con­naissait par cœur la topographie des lieux, les fermes, les arbres, le moindre petit chemin, etc... et qu'il eût pu la suivre les yeux fermés. Quand il arriva au but, il crut apercevoir dans le crépuscule une bande de corbeaux qui tournaient en rond au-dessus de la maison. Mauvais présage ou simple illusion trompeuse ? Il laissa l'auto dans le chemin et partit à travers la campagne. Il aimait  les marches à pied parmi les dunes de sable, le contact avec la nature sauvage. Il rentra à la nuit. En passant à côté d'une cheminée, il s'arrêta devant le portrait d'un homme énergique dont le sourire disait assez qu'il connaissait une réussite plus que satisfaisante. C'était lui ; mais, levant machinalement les yeux vers la glace qui ornait la cheminée, il recula [..] en arrière : les deux images, comparées ensemble, offraient un tra­gique contraste, et le visage spectral reflété par le miroir l'effrayait.
Les choses, alors, allèrent très vite : contraint malgré lui par une force qui le dominait, il sortit de sa poche un revolver à barillet, l'appliqua contre sa tempe et pressa la détente...
Le corps demeura un instant immobile, puis il s'écroula lourdement, inondé par une terrible hémorragie de sang.

mélancolie : du grec melag kholê, humeur noire
etc... et caetera (et toutes les autres choses) interrompt une énumération ; les points de suspension ont le même rôle
nature sauvage : sauvage, du latin silvaticus « qui vit en liberté dans la nature »
revolver à barillet : le revolver (de l'anglais to revolve, tourner) est une arme à barillet, contrairement au pistolet qui contient un chargeur
hémorragie, d'origine grecque, signifie écoulement de sang.
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Anne
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Message par Anne »

Marche à pied est un pléonasme, certes. Mais il peut être nécessaire d'ajouter "à pied" dans certains contextes. La marche n'est pas toujours l'action de poser un pied devant l'autre. Ici, par exemple, il pourrait s'agir des marches d'un escalier qui descend des dunes vers la plage. Vous pouvez faire faire une marche arrière à votre voiture, vous assurer de la bonne marche des évènements, écouter des marches (nuptiales, funèbres, militaires).
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Claude
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Message par Claude »

Ma performance a nettement décliné avec cette deuxième partie du texte ; six m'ont échappé, surtout etc... que je connaissais et j'en ai inventé cinq que je ne vous dévoilerai pas. :oops:

Bravo encore pour cet exercice de style car je crois que c'est un moyen de mieux les retenir.
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...Marche à pied est dénoncé comme pléonasme par tous les grammairiens, et depuis fort longtemps...
Henri Salvador devait l'ignorer quand il chantait "Moi j'préfère la marche à pied".
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :
Jacques a écrit :...Marche à pied est dénoncé comme pléonasme par tous les grammairiens, et depuis fort longtemps...
Henri Salvador devait l'ignorer quand il chantait "Moi j'préfère la marche à pied".
Il s'agissait là d'une expression plaisante. Notre cher Henri l'a peut-être utilisée à dessein, par un effet de style destiné à accentuer le côté comique. N'oublions pas aussi qu'il savait donner dans le genre populaire avec son accent de titi parisien, sans aller jusqu'à la vulgarité, et cette expression fait partie de la langue populaire.
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Claude
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Message par Claude »

C'est exact car il prononçait cette phrase avec un certain accent.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :C'est exact car il prononçait cette phrase avec un certain accent.
L'accent gouailleur de Gavroche.
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Message par Jacques »

Anne a écrit :Marche à pied est un pléonasme, certes. Mais il peut être nécessaire d'ajouter "à pied" dans certains contextes. La marche n'est pas toujours l'action de poser un pied devant l'autre. Ici, par exemple, il pourrait s'agir des marches d'un escalier qui descend des dunes vers la plage. Vous pouvez faire faire une marche arrière à votre voiture, vous assurer de la bonne marche des évènements, écouter des marches (nuptiales, funèbres, militaires).
La phrase dit qu'il aimait les longues marches parmi les dunes, pas les longues marches qui descendaient les dunes. Il n'y a pas d'ambigüité dans la syntaxe, marche est bien synonyme de promenade à pied. Je donne toujours des exemples pour illustrer mes raisonnements. J'aimerais qu'à votre tour vous nous fournissiez une phrase qui démontre la nécessité d'ajouter à pied pour éviter une équivoque.
Marche à pied est dénoncé comme pléonasme par tous les grammairiens, et depuis fort longtemps.
La marche arrière, la marche d'escalier et les autres acceptions n'entrent pas dans ce cadre et ne prêtent pas à confusion. Le pléonasme concerne exclusivement l'action humaine d'avancer en bougeant les jambes. Une machine à laver marche à l'électricité mais pas à pied (zeugma).
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...L'accent gouailleur de Gavroche.
Je cherchais ce mot juste.
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...l'action humaine d'avancer en bougeant les jambes....
Ce qui me rappelle une chanson de colo : La meilleure façon d'marcher, c'est encore la nôtre, c'est de mettre un pied d'vant l'autre et de r'commencer.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :
Jacques a écrit :...l'action humaine d'avancer en bougeant les jambes....
Ce qui me rappelle une chanson de colo : La meilleure façon d'marcher, c'est encore la nôtre, c'est de mettre un pied d'vant l'autre et de r'commencer.
...
Gauche, gauche, nous sommes les carabiniers
Gauche, gauche, la sécurirté des foyers.
Dans la troupe y'a pas d'jambes de bois
Y'a des marches que s'ressemblent pas...
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Claude
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OUI !
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Message par Jacques »

Je ne suis pas archiviste, et je ne retrouve pas le sujet, mais Perkele a un jour évoqué comme pléonasme l'expression risque potentiel. J'en tiens une du même genre : hier à la télévision, à propos du monstre qui a assassiné la jeune policière, un responsable de la police a dit : « C'est un individu potentiellement dangereux ». Dangereux, il l'est en permanence, et pas éventuellement. Ce n'est pas exactement du pléonasme, mais une faute de style.
Dernière modification par Jacques le dim. 30 mai 2010, 10:21, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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