The trumpets of Jericho

[Invité]

C'est l'ignorance qui, de nos jours, tient le haut du pavé.

Bien pire que le fait d'être ignorant, il y a celui de vouloir le paraître !
Chez les jeunes notamment (qui sont sans doute ceux qui malmènent le plus la langue) il existe une mode qui consiste à s'exprimer le moins correctement possible, à l'oral comme à l'écrit. ("sa va?"...).
C'est bien simple, si on parle correctement, on est catalogué au registre des "intellos", et on en subit les conséquences. En revanche il suffit d'appauvrir son langage pour susciter le respect de ses pairs, et avoir plus d'amis.

[Jacques]

Je croyais naïvement que la pauvreté de leur langage était due à l'ignorance, aux mauvais exemples dont nous sommes environnés, à l'usage du SMS phonétique, et vous nous expliquez qu'il s'agit d'une démarche volontaire. Cest inquiétant, et on peut penser que cela ne se limite pas à la langue, mais peut-être aussi aux actes.

[Dame Vérone]

Oui, c'est très inquiétant et fait craindre que la devise « Pas vu, pas pris» fasse encore davantage de sympatisants...

[Jacques-André-Albert]

C'est l'effet des moutons de Panurge ; les individus intelligents et pourvus d'une vraie personnalité cherchent plutôt à montrer que leur langage est un reflet d'eux-mêmes.

[JR]

Bien pire que le fait d'être ignorant, il y a celui de vouloir le paraître !
Chez les jeunes notamment (qui sont sans doute ceux qui malmènent le plus la langue) il existe une mode qui consiste à s'exprimer le moins correctement possible, à l'oral comme à l'écrit. ("sa va?"...).

Il m'est en effet arrivé de retrouver le même intervenant sur deux sites différents, français et orthographe plutôt médiocres sur l'un, mais très convenables sur l'autre . . . dont il est l'auteur, ce qui l'incite probablement à en soigner la forme.
Mais là comme ailleurs, je pense que ce serait une lourde erreur de mettre tout le monde dans le même panier. Situations et motivations sont diverses. Par exemple -et ça rejoint ce que dit Buz - ma fille a adopté le comportement "racaille" tant qu'elle était au collège, ce qui lui a permis d'éviter le traitement "normal (!)" infligé aux tout meilleurs élèves comme elle.

[Jacques-André-Albert]

L'effet de groupe est malheureusement puissant dans la médiocrité. A contrario, j'ai connu de ces classes où le professeur tirait tout le monde vers le haut en s'appuyant sur quelques élèves excellents qui n'étaient pas montrés du doigt. Les moutons de Panurge ont besoin de modèles, et ils les trouvent là où ils peuvent. On manque peut-être de vrais meneurs d'hommes, entraînant tout le monde avec leur pédagogie et leur enthousiasme. Une certaine idéologie égalitariste et les techniques de communication mises à notre disposition tendent à nous faire accepter l'idée que tout se vaut et que tous se valent. C'est contraire à la réalité des sociétés humaines et de leur culture.

[Jacques]

Nous avons quand même là un phénomène récent avec cette valorisation de la médiocrité : toujours premier en anglais et en français, ainsi que dans les disciplines scientifiques, je n'ai jamais eu à subir des brimades ou vexations de mes camarades, bien au contraire ; il y avait un respect et une tentative d'émulation. Je ne sais si c'est une cause, mais les professeurs ne manquaient pas de louer et de mettre en valeur les performances des meilleurs élèves.

[Invité]

Mais là comme ailleurs, je pense que ce serait une lourde erreur de mettre tout le monde dans le même panier. Situations et motivations sont diverses. Par exemple -et ça rejoint ce que dit Buz - ma fille a adopté le comportement "racaille" tant qu'elle était au collège, ce qui lui a permis d'éviter le traitement "normal (!)" infligé aux tout meilleurs élèves comme elle.

Vous avez raison de nuancer, cette mode ne fait pas que des adeptes, et heureusement. Néanmoins l'exemple de votre fille résume bien mon impression et rejoint celui de ma petite soeur, que j'ai maintes fois surpris à utiliser le langage "djeuns'" (un vrai fléau) pour correspondre par écrit avec ses amies.
Par ailleurs, si Jaques constate que le phénomène est récent, j'émets en plus l'hypothèse qu'il est endémique, et j'aimerais avoir vos avis là-dessus : Les jeunes élèves étrangers, ou même des départements et territoires d'outre-mer, ne paraissent-ils pas avoir un respect supérieur pour la langue et la culture que ceux de métropole?

[Perkele]

[...]Néanmoins l'exemple de votre fille résume bien mon impression et rejoint celui de ma petite soeur, que j'ai maintes fois surpris à utiliser le langage "djeuns'" (un vrai fléau) pour correspondre par écrit avec ses amies.

Ne pensez-vous pas qu'être bilingue (français châtié / français "djeun") peut être un atout ?

[Dame Vérone]

C'est encore mieux d'être trilingue avec une bonne maîtrise du franglais, je pense !
Quant au comportement « racaille» dont parle JR, cela me fait penser à ma petite fille de 3 ans expliquant à sa petite sœur qu'un bus ce n'est pas comme un train car ça ne roule pas sur des racailles !

[Jacques-André-Albert]

Ne pensez-vous pas qu'être bilingue (français châtié / français "djeun") peut être un atout ?

Maîtriser plusieurs niveaux de langue apporte la compréhension des différents locuteurs rencontrés et l'adaptabilité ; c'est indéniablement un privilège.

[Jacques]

Il me semble qu'instinctivement, nous nous mettons à la portée de nos interlocuteurs, non ?

[abgech]

Nous avons quand même là un phénomène récent avec cette valorisation de la médiocrité...

Est-ce vraiment un phénomène récent ?

Je me souviens, alors étudiant dans une école d'ingénieurs, qu'il était de bon ton de dire que l'on ne travaillait pas en dehors des cours, la réalité était bien autre : tout le monde travaillait d'arrache-pied.

Je vous accorde volontiers qu'il ne s'agissait pas d'une valorisation de la médiocrité, mais bien plutôt, en affichant une belle paresse, de paraître plus intelligent.

N'est-ce pas, un peu, du même tonneau ?

[Jacques]

Ce n'est qu'un mensonge, tandis que dans ce que rapporte Buz on a l'impressiopn qu'il y a une réalité, et pas seulement un désir de faire semblant.

[JR]

Mais dans quelle mesure ce mensonge a-t-il pu contribuer à engendrer cette réalité