Concordance des temps
Concordance des temps
Bonjour,
J'ai une question de conjugaison en fait. Je n'arrive pas à conjuguer une phrase correctement, la voilà :
On préférerait qu'il fût resté anonyme.
Mon hésitation porte sur le "fût resté". A mon avis, c'est la meilleure conjugaison, sur le modèle "on préférerait qu'il n'eût pas été là" (subjonctif plus que parfait).
Cependant, "on préférerait qu'il restât anonyme" ne me parait pas mal non plus, même si on l'utiliserait plutôt avec "on aurait préféré qu'il restât anonyme".
Qu'en pensez-vous ? Cette dernière proposition pourrait me satisfaire, mais le problème, c'est que j'aimerais faire débuter la phrase par "par moment". Ainsi, "par moment, on aurait préféré qu'il restât anonyme" me parait moins bien que "par moment, on préférerait qu'il fût resté anonyme" qui fait plus présent.
Voilà, j'espère avoir été clair.
En attendant vos réponses,
Cordialement,
PA.
J'ai une question de conjugaison en fait. Je n'arrive pas à conjuguer une phrase correctement, la voilà :
On préférerait qu'il fût resté anonyme.
Mon hésitation porte sur le "fût resté". A mon avis, c'est la meilleure conjugaison, sur le modèle "on préférerait qu'il n'eût pas été là" (subjonctif plus que parfait).
Cependant, "on préférerait qu'il restât anonyme" ne me parait pas mal non plus, même si on l'utiliserait plutôt avec "on aurait préféré qu'il restât anonyme".
Qu'en pensez-vous ? Cette dernière proposition pourrait me satisfaire, mais le problème, c'est que j'aimerais faire débuter la phrase par "par moment". Ainsi, "par moment, on aurait préféré qu'il restât anonyme" me parait moins bien que "par moment, on préférerait qu'il fût resté anonyme" qui fait plus présent.
Voilà, j'espère avoir été clair.
En attendant vos réponses,
Cordialement,
PA.
- Perkele
- Messages : 12919
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
C'est une question de moment, le moment où l'on préfère et le moment où il aurait dû rester anonyme :
- On préférerait (maintenant )qu'il reste (maintenant et éventuellement définitivement) anonyme.
- On préférerait (maintenant ) qu'il soit resté (hier) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il qu'il reste (hier, maintenant et éventuellement définitivement) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il soit resté (hier) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il restât (hier) anonyme.
- On eût préféré (hier) qu'il fût resté (avant hier) anonyme.
- On préférerait (maintenant )qu'il reste (maintenant et éventuellement définitivement) anonyme.
- On préférerait (maintenant ) qu'il soit resté (hier) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il qu'il reste (hier, maintenant et éventuellement définitivement) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il soit resté (hier) anonyme.
- On aurait préféré (hier) qu'il restât (hier) anonyme.
- On eût préféré (hier) qu'il fût resté (avant hier) anonyme.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je me permets de compléter ; en français académique, il faut écrire :
« on préférerait qu'il restât anonyme », ce qui correspond, à l'indicatif, à « on préfère qu'il reste anonyme ».
« On préfère qu'il soit resté anonyme », est une phrase parfaitement correcte, puisqu'on peut préférer, au présent, qu'une action passée ait eu lieu. Dans ce cas, on aura, avec le conditionnel, « on préférerait qu'il fût resté anonyme ».
« on préférerait qu'il restât anonyme », ce qui correspond, à l'indicatif, à « on préfère qu'il reste anonyme ».
« On préfère qu'il soit resté anonyme », est une phrase parfaitement correcte, puisqu'on peut préférer, au présent, qu'une action passée ait eu lieu. Dans ce cas, on aura, avec le conditionnel, « on préférerait qu'il fût resté anonyme ».
- Perkele
- Messages : 12919
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Elle n'était pas complète...
Le secret de la concordance des temps est qu'il ne faut pas chercher la loi qui dirait quel temps employer avec quel temps, mais où se placent, sur l'axe du temps, l'une par rapport à l'autre, les actions que l'on veut exprimer.
Le secret de la concordance des temps est qu'il ne faut pas chercher la loi qui dirait quel temps employer avec quel temps, mais où se placent, sur l'axe du temps, l'une par rapport à l'autre, les actions que l'on veut exprimer.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Les règles de la concordance des temps sont relativement simples :
I - Verbe de la subordonnée à l'indicatif
1/ verbe de la principale au présent de l'indicatif -> verbe de la subordonnée à n'importe quel temps de l'indicatif, selon le sens.
exemples :
Je vois qu'il mange (présent).
Je sais qu'il était absent (imparfait).
Je crois qu'il sera fatigué (futur simple).
Je sais qu'il fut surpris de me voir (passé simple).
J'estime qu'il a été trompé (passé composé).
Je suppose qu'il aura vu ce que je vois (futur antérieur)
2/ verbe de la principale à un temps passé
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait si action ou état présents,
-> verbe de la subordonnée au plus-que-parfait si action ou état passés,
-> verbe de la subordonnée au conditionnel si actio ou état à venir.
exemples :
J'ai vu que vous étiez surpris (= vous êtes surpris, je l'ai vu).
Je compris que vous aviez été déçu (= vous étiez déçu, vous fûtes, vous avez été ou vous aviez été déçu, je l'ai compris).
Je savais que tu serais mécontent quand tu aurais compris (ou bien, au moment où je parle, je sais que tu seras mécontent quand tu auras compris).
3/ Le verbe de la subordonnée reste au présent quand il exprime une vérité générale.
exemples :
Il m'a prouvé qu'un « tiens » vaut mieux que deux « tu l'auras ».
Il disait que le chien est le meilleur ami de l'homme.
II- Si le verbe de la subordonnée est au mode subjonctif (mode de la possibilité, du souhait, du doute)
1/ Verbe de la principale au présent, futur simple ou futur antérieur de l'indicatif -> verbe de la subordonnée au présent du subjonctif.
exemples :
Je doute qu'il vienne maintenant.
Il voudra que tu sois là.
Il aura voulu qu'il en soit ainsi.
Pour exprimer une action passée -> verbe de la subordonnée au passé du subjonctif.
exemples :
Je doute qu'il soit sorti hier.
Il aura tout fait pour que nous l'ayons rencontré.
2/ Verbe de la principale à un temps passé
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait du subjonctif pour exprimer une action présente ou future par rapport à l'action principale.
exemples :
J'ai demandé qu'il me répondît (maintenant ou plus tard).
Je désirais qu'il vînt (aujourd'hui ou demain).
-> verbe de la subordonnée au plus-que-parfait du subjonctif pour exprimer une action paéssée par rapport à l'action principale.
exemple :
Je ne croyais pas qu'il eût réussi (mais il l'a fait).
III- Verbe de la principale au conditionnel
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait ou au plus-que-parfait du subjonctif.
exemples :
Il voudrait qu'on le prévînt ou qu'on l'eût prévenu à temps.
Nous aurions désiré qu'il vînt ou qu'il fût venu.
Voilà, ce sont les règles de concordance des temps en français classique, telles que je les ai extraites et adaptées de la Grammaire de l'Académie française.
I - Verbe de la subordonnée à l'indicatif
1/ verbe de la principale au présent de l'indicatif -> verbe de la subordonnée à n'importe quel temps de l'indicatif, selon le sens.
exemples :
Je vois qu'il mange (présent).
Je sais qu'il était absent (imparfait).
Je crois qu'il sera fatigué (futur simple).
Je sais qu'il fut surpris de me voir (passé simple).
J'estime qu'il a été trompé (passé composé).
Je suppose qu'il aura vu ce que je vois (futur antérieur)
2/ verbe de la principale à un temps passé
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait si action ou état présents,
-> verbe de la subordonnée au plus-que-parfait si action ou état passés,
-> verbe de la subordonnée au conditionnel si actio ou état à venir.
exemples :
J'ai vu que vous étiez surpris (= vous êtes surpris, je l'ai vu).
Je compris que vous aviez été déçu (= vous étiez déçu, vous fûtes, vous avez été ou vous aviez été déçu, je l'ai compris).
Je savais que tu serais mécontent quand tu aurais compris (ou bien, au moment où je parle, je sais que tu seras mécontent quand tu auras compris).
3/ Le verbe de la subordonnée reste au présent quand il exprime une vérité générale.
exemples :
Il m'a prouvé qu'un « tiens » vaut mieux que deux « tu l'auras ».
Il disait que le chien est le meilleur ami de l'homme.
II- Si le verbe de la subordonnée est au mode subjonctif (mode de la possibilité, du souhait, du doute)
1/ Verbe de la principale au présent, futur simple ou futur antérieur de l'indicatif -> verbe de la subordonnée au présent du subjonctif.
exemples :
Je doute qu'il vienne maintenant.
Il voudra que tu sois là.
Il aura voulu qu'il en soit ainsi.
Pour exprimer une action passée -> verbe de la subordonnée au passé du subjonctif.
exemples :
Je doute qu'il soit sorti hier.
Il aura tout fait pour que nous l'ayons rencontré.
2/ Verbe de la principale à un temps passé
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait du subjonctif pour exprimer une action présente ou future par rapport à l'action principale.
exemples :
J'ai demandé qu'il me répondît (maintenant ou plus tard).
Je désirais qu'il vînt (aujourd'hui ou demain).
-> verbe de la subordonnée au plus-que-parfait du subjonctif pour exprimer une action paéssée par rapport à l'action principale.
exemple :
Je ne croyais pas qu'il eût réussi (mais il l'a fait).
III- Verbe de la principale au conditionnel
-> verbe de la subordonnée à l'imparfait ou au plus-que-parfait du subjonctif.
exemples :
Il voudrait qu'on le prévînt ou qu'on l'eût prévenu à temps.
Nous aurions désiré qu'il vînt ou qu'il fût venu.
Voilà, ce sont les règles de concordance des temps en français classique, telles que je les ai extraites et adaptées de la Grammaire de l'Académie française.
Il faut peut-être ajouter que le subjonctif imparfait et plus-que-parfait appartiennent désormais à un registre très soutenu. Ces temps, en outre, ne peuvent guère s’employer qu’à la troisième personne du singulier et du pluriel, à moins de vouloir créer un effet comique (Je désirais que tu prisses/vinsses/mangeasses/busses, etc.). La langue courante, même écrite, les remplace par le subjonctif présent et passé (Il aurait fallu que tu saches, Je voudrais qu’elle vienne, etc.).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous soulignez un fait qui m'a frappé : les tableaux de concordance, notamment celui de Bordas, continuent à donner pour la proposition relative ces temps un brin désuets, sans offrir l'option devenue quasiment la règle de leur remplacement par d'autres plus simples, et qui ne sont pourtant pas incorrects.Marco a écrit :Il faut peut-être ajouter que le subjonctif imparfait et plus-que-parfait appartiennent désormais à un registre très soutenu. Ces temps, en outre, ne peuvent guère s’employer qu’à la troisième personne du singulier et du pluriel, à moins de vouloir créer un effet comique (Je désirais que tu prisses/vinsses/mangeasses/busses, etc.). La langue courante, même écrite, les remplace par le subjonctif présent et passé (Il aurait fallu que tu saches, Je voudrais qu’elle vienne, etc.).
Je pense qu'ils devraient fournir les deux.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).