L'orthographe et Napoléon.
- Madame de Sévigné
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L'orthographe et Napoléon.
« Il y aurait beaucoup à creuser dans les singularités de tournures de Napoléon et dans sa fantaisie à prononcer les noms et les mots. De nombreux témoins s’en étonnèrent au cours de la vie de l’Empereur quand, depuis longtemps, il aura abandonné le roman. (Clisson et Eugénie.)
Le duchesse d’Abrantès, Bourrienne, Caulaincourt, Montholon, Rœderer, l’avaient entendu commettre de ces altérations énormes mais aussi sympathiques qui consistaient, notamment, en parlant des arêtes, à se plaindre des épines de poisson. Il disait aussi, par analogie, section pour cession, rente voyagère pour rente viagère (l’économie moderne montrera qu’il avait raison sur ce point !). Son côté paternel envers ses soldats lui faisait prononcer enfanterie pour infanterie ? Ce défaut constant lui permettait même de se moquer de ses amis.
Il prononçait volontiers Colincourt pour Caulaincourt, Montesquieu pour Montesquiou, et Flaout pour Flahaut.
Sa correspondance est encombrée d’animaux bizarres du genre spectaque, amuzé, bultin, throne, entousiasme, halumette, comerse, senté, caractaire, painible, etc. Pendant un moment, tellement de Marie-Louise, il prononçait prinz au lieu de prince. Les génies commencent par massacrer la syntaxe avant de parvenir à la pureté précise et presque froide d’un Benjamin Constant. L’exactitude vient après. Elle est comme ces carrosses solides tirés par des chevaux fous. »
Gonzague Saint Bris « La Fayette »
Il disait aussi rancuneux pour rancunier.
Etonnant de la part d'un homme dont l'intelligence et la mémoire exceptionnelles ne sont plus à prouver. Il est vrai que le Français n'était pas sa langue maternelle, et qu'il donnait plus d'importance au fond qu'à la forme.
Lettre suit......
Le duchesse d’Abrantès, Bourrienne, Caulaincourt, Montholon, Rœderer, l’avaient entendu commettre de ces altérations énormes mais aussi sympathiques qui consistaient, notamment, en parlant des arêtes, à se plaindre des épines de poisson. Il disait aussi, par analogie, section pour cession, rente voyagère pour rente viagère (l’économie moderne montrera qu’il avait raison sur ce point !). Son côté paternel envers ses soldats lui faisait prononcer enfanterie pour infanterie ? Ce défaut constant lui permettait même de se moquer de ses amis.
Il prononçait volontiers Colincourt pour Caulaincourt, Montesquieu pour Montesquiou, et Flaout pour Flahaut.
Sa correspondance est encombrée d’animaux bizarres du genre spectaque, amuzé, bultin, throne, entousiasme, halumette, comerse, senté, caractaire, painible, etc. Pendant un moment, tellement de Marie-Louise, il prononçait prinz au lieu de prince. Les génies commencent par massacrer la syntaxe avant de parvenir à la pureté précise et presque froide d’un Benjamin Constant. L’exactitude vient après. Elle est comme ces carrosses solides tirés par des chevaux fous. »
Gonzague Saint Bris « La Fayette »
Il disait aussi rancuneux pour rancunier.
Etonnant de la part d'un homme dont l'intelligence et la mémoire exceptionnelles ne sont plus à prouver. Il est vrai que le Français n'était pas sa langue maternelle, et qu'il donnait plus d'importance au fond qu'à la forme.
Lettre suit......
- Jacques
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C'est ce que j'ai pensé en lisant cette intéressante relation de ses fantaisies de langage : le français n'était pas sa langue naturelle. N'oublions pas que la France avait acheté son île natale à l'Italie un an avant sa naissance.
En tout cas, merci de nous faire profiter de cette information. C'est pour moi une découverte.
En tout cas, merci de nous faire profiter de cette information. C'est pour moi une découverte.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Dame Vérone
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- JR
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Re: L'orthographe et Napoléon.
Mes beaux-parents, qui étaient méditerranéens, disaient aussi celà.Madame de Sévigné a écrit : se plaindre des épines de poisson.
Je me souviens aussi d'un cours d'histoire où le professeur avait expliqué que Louis XVIII avait dit "le rroué, c'est moué" afin de souligner la fermeture de la parenthèse révolutionnaire, et le retour à l'ordre ancien.
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
François Rabelais
- Jacques-André-Albert
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J'ai lu , un jour, les mémoires d'un noble revenu de plus de quinze ans d'exil, lors de la Restauration, et qui se disait stupéfait des changements survenus dans le langage. C'est vrai que la cour entretenait une prononciation qui se démarquait du peuple, en particulier « oué » pour « oi », cette dernière appartenant à la prononciation populaire parisienne depuis la fin du Moyen Âge.
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Re: L'orthographe et Napoléon.
Et cela tendrait donc à prouver que l'orthographe est la science des ânes...Madame de Sévigné a écrit : Etonnant de la part d'un homme dont l'intelligence et la mémoire exceptionnelles ne sont plus à prouver.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4489
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- Dame Vérone
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Dans certaines vieilles chansons française aussi :Jacques-André-Albert a écrit :J'ai lu , un jour, les mémoires d'un noble revenu de plus de quinze ans d'exil, lors de la Restauration, et qui se disait stupéfait des changements survenus dans le langage. C'est vrai que la cour entretenait une prononciation qui se démarquait du peuple, en particulier « oué » pour « oi », cette dernière appartenant à la prononciation populaire parisienne depuis la fin du Moyen Âge.
Mon père n'avait fille que moué
Encore sur la mer il m'envoué
- Jacques-André-Albert
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