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Renseigner
Publié : mar. 12 oct. 2010, 12:22
par Madame de Sévigné
On entend et on voit de plus en plus le verbe renseigner remplacer le verbe remplir.
Exemple : renseigner les lignes 1 à 5. Renseigner un formulaire, renseigner une fiche....
Est-ce correct ?
Je croyais qu'on disait renseigner quelqu'un, se renseigner
N'ayant pas vu ce verbe dans les sujets, malgré mes recherches, je ne sais pas si on en a déjà parlé sur ce forum.
Publié : mar. 12 oct. 2010, 13:47
par Claude
Le 5 janvier 2007, Jacques a écrit :Les documents fournis par les organismes d'État et les diverses administrations regorgent de ces fautes. Dernièrement nous avons déposé un dossier pour renouveler nos cartes d'identité. Sur le questionnaire fourni par le ministère de l'Intérieur, il était question de champs à renseigner !
Publié : mar. 12 oct. 2010, 13:54
par Jacques
Chère marquise, Claude nous cite mon message relatif à cette expression, et je souligne qu'elle m'exaspère au plus haut point. Je considère qu'il faut avoir un niveau d'inculture affligeant pour dire une telle ineptie.
Publié : mar. 12 oct. 2010, 14:19
par Pha
Claude a écrit :Le 5 janvier 2007, Jacques a écrit :Les documents fournis par les organismes d'État et les diverses administrations regorgent de ces fautes. Dernièrement nous avons déposé un dossier pour renouveler nos cartes d'identité. Sur le questionnaire fourni par le ministère de l'Intérieur, il était question de champs à renseigner !
L'archiviste a encore frappé !
Publié : mar. 12 oct. 2010, 22:44
par Madame de Sévigné
Merci Jacques, il me semblait bien que c'était tout à fait incorrect, mais que faire quand on voit ça écrit sur un formulaire ? Et personne ne bronche.
De même, j'ai entendu : " Je vais souvent dans ce magasin, c'est untel qui me l'a renseigné !" (au lieu de indiqué)
Publié : mer. 13 oct. 2010, 8:07
par Jacques
Madame de Sévigné a écrit :Merci Jacques, il me semblait bien que c'était tout à fait incorrect, mais que faire quand on voit ça écrit sur un formulaire ? Et personne ne bronche.
De même, j'ai entendu : " Je vais souvent dans ce magasin, c'est untel qui me l'a renseigné !" (au lieu de indiqué)
Je n'étais pas au courant de cette dernière formule. Il n'y a donc pas de limites à la bêtise. Oui, ce barbarisme prend un aspect officiel, puisqu'on le trouve dans des formulaires venant des ministères.
Un jour, la Sécurité sociale m'a écrit : « Nous vous conseillons de vous
rapprocher de votre caisse locale ». Celui-là aussi se généralise.
Publié : mar. 20 sept. 2011, 16:39
par Manni-Gédéon
Renseigner des champs (sur des formulaires) est déjà absurde, mais je crois avoir trouvé pire sur un site français d'archives :
Veuillez renseigner les informations concernant votre niveau d'étude.
Si les informations ont besoin d'être renseignées, où va-t-on ?
Publié : mar. 20 sept. 2011, 16:54
par Pha
j'ai reçu une fois un courrier qui disait «je vous remercie de prendre attache auprès de mon secrétariat...» : connaissez-vous cette expression, est-elle correcte ?
Publié : mar. 20 sept. 2011, 17:26
par Jacques
Pha a écrit :j'ai reçu une fois un courrier qui disait «je vous remercie de prendre attache auprès de mon secrétariat...» : connaissez-vous cette expression, est-elle correcte ?
Je ne la connaissais pas, mais je la vois comme une absurdité de même genre.
Prendre attache : à quoi correspond ce langage abscons ? Pourquoi ce besoin de remplacer des formules claires par des détournements de vocabulaire dépourvus de signification ?
Publié : mar. 20 sept. 2011, 20:59
par codrila
Et pourtant, Jacques, vous aviez là, un directeur ou cadre, je ne sais, extrêmement respectueux des anciens usages français, recommandés par l'Académie.
Dictionnaire de l'Académie, 5 ème édition, en 1798:
Prendre l'attache de quelqu'un, pour dire, Prendre ses ordres, recevoir ses ordres. Je ne veux rien faire sans votre attache, sans prendre votre attache.
Dictionnaire de l'Académie, 6 ème édition, en 1835:
ATTACHE se disait encore, autrefois, de L'ordonnance d'un gouverneur de province, pour faire mettre à exécution les ordres du roi qui lui étaient présentés ou adressés. Prendre l'attache du gouverneur.
Il s'emploie au figure dans le sens de Consentement, agrément. Je ne veux rien faire sans votre attache, sans prendre votre attache. Si vous n'avez son attache, je vous conseille de renoncer à votre projet.
Il semble que l'usage des civilités se perde et dans la dernière édition, l'Académie y a renoncé. C'est finalement bien dommage
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Publié : mar. 20 sept. 2011, 21:08
par TSOS
Du coup, j'aime bien "prendre l'attache"! :D
Publié : mar. 20 sept. 2011, 21:52
par Jacques
Merci Codrila pour ces précisions que je n'oublierai pas. Mais il semble que dans la citation de Pha, « prenez attache » auprès de mon secrétariat avait un autre sens. On ne demande pas à quelqu'un, dans une lettre, de prendre des ordres auprès d'un secrétariat. Ce qui voudrait dire que celui qui employait l'expression n'en connaissait pas la vraie signification.
Attache, Se dit aussi en ce sens, De l'Ordonnance d'un Gouverneur de Province, pour faire mettre à execution les ordres du Roy qui luy sont presentez ou adressez. Prendre attache du Gouverneur.
On dit fig. & par civilité, Prendre attache de quelqu'un, pour dire, Prendre ses ordres, Recevoir ses ordres. Je ne veux rien faire sans vostre attache, sans prendre vostre attache.
(Académie française, dictionnaire 1718 2e éd.)
Publié : mar. 20 sept. 2011, 22:24
par codrila
C'est une bonne question dont nous n'avons pas la réponse.
J'aurais pensé, dans un premier temps, que ce directeur demandait à la personne de se rendre auprès du secrétariat de direction pour recevoir une lettre de confirmation, un accord, venant du directeur, le secrétariat ayant pour charge de transmettre les ordres et décisions du responsable.
Mais, un regard attentif sur Google m'amène à changer d'avis et à vous rejoindre. Je constate que l'expression est de plus en plus utilisée , sans l'ombre d'un doute, au sens de
prendre contact avec.
Nous assistons là à une renaissance d'une ancienne expression avec un sens nouveau. C'est étrange, ce n'est pas un anglicisme ( make contact) et nous rencontrons l'expression venant même d'organismes officiels:
http://www.cdad-illeetvilaine.justice.f ... r.php?id=2
Et pas seulement dans l'Hexagone, mais sur des sites officiels ( consulats ou autres) de nombreux pays de la francophonie ( Québec, Belgique, pays d'Afrique, Algérie, Maroc, etc...)
Ce qui s'appelle assister à une mutation linguistique en direct
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Publié : mar. 20 sept. 2011, 23:32
par JR
codrila a écrit : Mais, un regard attentif sur Google m'amène à changer d'avis et à vous rejoindre. Je constate que l'expression est de plus en plus utilisée , sans l'ombre d'un doute, au sens de prendre contact avec.
J'ai oublié dans quelles circonstances j'ai eu la surprise de découvrir cette expression avec cette signification; à l'époque, j'avais supposé qu'il s'agissait de charabia juridique, les gens de loi ètant friands de ces tournures archaïques et absconses.
Publié : mer. 21 sept. 2011, 0:32
par codrila
Avec une petite nuance
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
c'est que les gens de loi sont tenus dans leurs textes officiels d'user de ce vocabulaire tout à la fois abscons ( à dessein, sacralisation de l'institution mise au-dessus du commun des locuteurs) et pourtant d'une précision extrême.
Par définition, ces termes juridiques conventionnels sont figés et leur sens évolue peu.
D'autre part, cette expression-là semblait plus venir du lexique employé à la Cour, auprès d'insitutions ou d'hommes de pouvoir plus que des tribunaux.
Comment a-t-elle gagné le monde civil avec ce changement de sens? Je suis perplexe
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