conditionnel passé après "si": si tu eusses..., j'

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angeloï
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conditionnel passé après "si": si tu eusses..., j'

Message par angeloï »

Pourtant, si l'on eût persisté à suivre jusqu'au bout l'antique allée, on serait arrivé à une sorte de niche de rocaille.

Extrait du "Capitaine Fracasse" de T. Gautier

Quelqu'un peut-il m'expliquer la présence de ce conditionnel passé ?

Merci d'avance de vos aimables contributions :D
Dernière modification par angeloï le dim. 07 nov. 2010, 1:32, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Pour les contributions, j'ai déjà donné. Le couperet fiscal ne m'a pas raté.
Voulez-vous parler de la disparité de temps entre les deux propositions ?
Si l'on avait... on serait.... ; si l'on eût... on fût... est ce qui vient logiquement à l'esprit, mais le mélange des deux est admis.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Avec l'accent circonflexe sur eût, ne sommes-nous pas dans le mode du subjonctif ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Le subjonctif est obligatoirement précédé de que. Si est la marque du conditionnel, mais il y a identité de conjugaison entre le conditionnel passé 2e forme et le subjonctif plus-que-parfait. L'un a d'ailleurs été créé à partir de l'autre, mais je ne sais plus lequel. Je l'avais lu et Marco me l'a confirmé ; hélas ! Mnémosyne me fait des infidélités.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Fort bien ; mais pourquoi un conditionnel après « si », qu'il soit ou non sous la forme d'un subjonctif imparfait ?
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Claude
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Message par Claude »

Cela me fait penser à Si j'aurais su j'aurais pas venu.
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angeloï
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Message par angeloï »

Mais Gautier n'est pas de ceux qui feraient des fautes de concordance pareilles. Peut-on utiliser le conditionnel passé 2e forme dans une conditionnelle ?

Si vous m'eussiez averti, j'aurais pris les dispositions nécessaires.

Selon ce site, il faudrait employer le conditionnel 2e forme aussi bien dans la principale que dans la subordonnée.

Si j'eusse eu le temps, je l'eusse fait.
Si vous eussiez étudié, vous eussiez été intelligent.
Si elle vous eût vu, elle vous eût aidé.


http://french.about.com/library/weekly/aa090699h.htm

Selon ce site, il s'agirait plutôt du subjonctif plus-que-parfait. Ce serait un tour très littéraire calqué sur le latin.


Alexandre Dumas a écrit dans Le Collier de la Reine :

- Monseigneur, répondit Cagliostro, j'ai prêté cinq cent mille livres à monsieur de Rohan. Monsieur de Rohan me doit cinq cent mille livres, et pas autre chose. Si j'eusse désiré toucher des intérêts, je les eusse stipulés dans le reçu...

Et François Villon a écrit dans Je plains le temps de ma jeunesse :

[...]
Hé ! Dieu, si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes meurs dédié,
J'eusse maison et couche molle !
Mais quoi ? Je fuyaie l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le coeur ne me fend.
[...]

http://www.languefrancaise.net/forum/vi ... hp?id=2191
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Je pensais au poème de Villon avant de voir que vous le citiez. Au XIXe siècle, c'est peut-être déjà un archaïsme ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Cela me fait penser à Si j'aurais su j'aurais pas venu.
P'tit Gibus, la guerre des boutons.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques
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Message par Jacques »

Jacques-André-Albert a écrit :Fort bien ; mais pourquoi un conditionnel après « si », qu'il soit ou non sous la forme d'un subjonctif imparfait ?
Je ne comprends pas bien la question. Après si, on met l'imparfait ; ce n'est pas un vrai imparfait puisqu'il évoque une éventualité et non un fait passé, mais on le considère comme une marque du conditionnel. Dans mes Ardennes natales on utilise le vrai conditionnel : Si je pourrais je viendrais. Et l'exemple de Claude est là-bas une tournure normale.
Les autochtones d'aujourd'hui ont peut-être abandonné cette tournure, mais dans mon enfance c'était ainsi. Si je ne me trompe, en espagnol c'est la même chose. Il s'agit donc d'une construction ancienne, et non d'une forme fautive.
L'Académie confirme cet emploi conditionnel avec SI :
SI. conj. Dans le cas où, à condition que, supposé que. Je vous donnerai tant, si vous faites ce que vous m'avez promis. S'il revenait et qu'il fît une réclamation, vous seriez fort embarrassé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

L'école nous a contraints à rejeter comme fautives les usages qui sortent du français standard. J'ai appris à considérer les choses autrement depuis que je côtoie les gens de la campagne angevine. Mais avouez que vous ne trouverez pas cette construction dans les grammaires.
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...Dans mes Ardennes natales on utilise le vrai conditionnel : Si je pourrais je viendrais. Et l'exemple de Claude est là-bas une tournure normale...
...Si je ne me trompe, en espagnol c'est la même chose...
En allemand aussi : Wenn ich reich wäre, würde ich ein schönes Auto kaufen qui est un de mes rares souvenirs et qui signifie textuellement Si je serais riche j'achèterais une belle auto.
PS : j'espère ne pas m'être trompé.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :
Jacques a écrit :...Dans mes Ardennes natales on utilise le vrai conditionnel : Si je pourrais je viendrais. Et l'exemple de Claude est là-bas une tournure normale...
...Si je ne me trompe, en espagnol c'est la même chose...
En allemand aussi : Wenn ich reich wäre, würde ich ein schönes Auto kaufen qui est un de mes rares souvenirs et qui signifie textuellement Si je serais riche j'achèterais une belle auto.
PS : j'espère ne pas m'être trompé.
En anglais, en revanche, la construction se fait comme en français.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques
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Message par Jacques »

Jacques-André-Albert a écrit :L'école nous a contraints à rejeter comme fautives les usages qui sortent du français standard. J'ai appris à considérer les choses autrement depuis que je côtoie les gens de la campagne angevine. Mais avouez que vous ne trouverez pas cette construction dans les grammaires.
L'école fut pour nous, quand j'y repense maintenant, un modèle d'intolérance. Et surtout de centralisme linguistique parisien.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Marco
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Message par Marco »

Jacques a écrit :L'Académie confirme cet emploi conditionnel avec SI :
SI. conj. Dans le cas où, à condition que, supposé que. Je vous donnerai tant, si vous faites ce que vous m'avez promis. S'il revenait et qu'il fît une réclamation, vous seriez fort embarrassé.
Excusez-moi, Jacques, je ne vois pas où est le conditionnel après si dans ces exemples.
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