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Clairement

Publié : sam. 29 janv. 2011, 3:08
par angeloï
Je signale aux sages achyiens l'usage anglicisé de cet adverbe :


Clairement cela ne devait pas sortir dans la presse.
Clairement, on avance d'une manière ou d'une autre vers l'étalon-or.
Clairement la Roumanie est leur laboratoire test avec un gouvernement si corrompu au point qu'il avait accepté l'installation des prisons secrètes de la CIA sur son territoire (à côté de l'aéroport).
Les étudiants anglais ont plus de c. que les français, j'ai pu suivre en direct sur la BBC et sur Skynews la manifestation devant le parlement de Londres, et clairement les petits jeunes british n'ont pas eu froid aux yeux.
Clairement, les émeutes seront inévitables, cette information vous le prouve.


Source : http://www.jovanovic.com/blog.htm (excellent pour l'information financière mais détestable pour la langue)

Ces constructions reflètent l'usage anglais de "clearly". Préférons-y "manifestement", "de toute évidence", "à l'évidence", "il est clair que".

Publié : sam. 29 janv. 2011, 6:41
par Bernard_M
Qu'on se le dise car cela est clairement dit !
Celui-là n'est pas fautif eu égard à son origine du XIIe siècle.

Re: Clairement

Publié : sam. 29 janv. 2011, 7:53
par Jacques
angeloï a écrit :Je signale aux sages achyiens l'usage anglicisé de cet adverbe :

Source : http://www.jovanovic.com/blog.htm (excellent pour l'information financière mais détestable pour la langue)
Dans le monde financier, on ne dit pas, on n'a jamais dit qu'un indice boursier tombe de X points. Dans notre jargon, on dit que l'indice a perdu X points. D'ailleurs dans la langue courante je vois mal qu'on puisse utiliser cette forme : on tombe à mais pas de.
S'il ne connaît pas le langage du milieu de la Bourse, j'ai des doutes sur ses compétences. Un vrai spécialiste, dans quelque domaine que ce soit, sait utiliser les termes techniques.

Publié : sam. 29 janv. 2011, 8:21
par Jacques-André-Albert
Ce qui me gêne le plus, c'est la place de l'adverbe, en première position, qui en fait une sorte d'interjection ou de tic de langage.
J'aurais préféré, par exemple :
- On avance clairement d'une manière ou d'une autre vers l'étalon-or.
- La Roumanie est clairement leur laboratoire test.

Publié : sam. 29 janv. 2011, 12:05
par JR
Jacques-André-Albert a écrit :Ce qui me gêne le plus, c'est la place de l'adverbe, en première position, qui en fait une sorte d'interjection ou de tic de langage.
J'aurais préféré, par exemple :
- La Roumanie est clairement leur laboratoire test.
Quand j'étais jeune, on disait : "il est bien clair que . . . " :)
Jacques-André-Albert a écrit : - On avance clairement d'une manière ou d'une autre vers l'étalon-or.
Ce qui me parait critiquable, c'est l'utilisation du verbe avancer quand on envisage le retour à un système ancien. :(

Publié : sam. 29 janv. 2011, 12:14
par Bernard_M
JR a écrit :Ce qui me parait critiquable, c'est l'utilisation du verbe avancer quand on envisage le retour à un système ancien. :(
Critiquable, comme le serait quelqu'un qui déclarerait voir la fin du tunnel, en s'y déplaçant à reculons ! :)

Publié : sam. 29 janv. 2011, 13:42
par Anne
JR a écrit :Quand j'étais jeune, on disait : "il est bien clair que . . . " :)
Quand moi j'étais jeune, on disait "c'est clair", ou même "clair" tout seul, à la place de "oui".
Exemples :
"On a passé une bonne soirée, hein ? -- C'est clair."
"Tu as faim ? -- Clair !".

Publié : sam. 29 janv. 2011, 13:45
par Jacques
Il me semble que maintenant, dans ces cas, on dit complètement ! ou absolument ! et aussi tout à fait !

Publié : sam. 29 janv. 2011, 13:54
par Jacques-André-Albert
Jacques a écrit :Il me semble que maintenant, dans ces cas, on dit complètement ! ou absolument ! et aussi tout à fait !
Absolument n'est pas d'un emploi récent ; quand j'étais étudiant, à la toute fin des années soixante, un de mes copains répondait toujours « absolument », même à l'assertion « tout est relatif ».

Publié : sam. 29 janv. 2011, 14:16
par angeloï
C'est précisément la position de "clairement" en tête de phrase qui en fait un anglicisme à la fois de vocabulaire et de syntaxe.

J'ai récemment même entendu une femme politique dire "très clairement blablabla". C'est affreux.

Re: Clairement

Publié : sam. 29 janv. 2011, 14:18
par angeloï
Jacques a écrit :
angeloï a écrit :Je signale aux sages achyiens l'usage anglicisé de cet adverbe :

Source : http://www.jovanovic.com/blog.htm (excellent pour l'information financière mais détestable pour la langue)
Dans le monde financier, on ne dit pas, on n'a jamais dit qu'un indice boursier tombe de X points. Dans notre jargon, on dit que l'indice a perdu X points. D'ailleurs dans la langue courante je vois mal qu'on puisse utiliser cette forme : on tombe à mais pas de.
S'il ne connaît pas le langage du milieu de la Bourse, j'ai des doutes sur ses compétences. Un vrai spécialiste, dans quelque domaine que ce soit, sait utiliser les termes techniques.
Ce blogueur ne lit quasiment que des informations en anglais, c'est pourquoi tout son langage est rempli d'anglicismes. "Tomber de" en est un. Il affectionne aussi le "standard or".

Publié : sam. 29 janv. 2011, 14:21
par Jacques
Bien sûr. J'ai entendu dire d'ailleurs que la langue boursière s'est fortement américanisée.

Publié : sam. 29 janv. 2011, 15:30
par Claude
Anne a écrit :...Quand moi j'étais jeune, on disait "c'est clair", ou même "clair" tout seul, à la place de "oui"...
Jacques a écrit :Il me semble que maintenant, dans ces cas, on dit complètement ! ou absolument ! et aussi tout à fait !
Comme au jeu du ni oui ni non.

Publié : sam. 29 janv. 2011, 15:49
par Jacques
Claude a écrit :
Anne a écrit :...Quand moi j'étais jeune, on disait "c'est clair", ou même "clair" tout seul, à la place de "oui"...
Jacques a écrit :Il me semble que maintenant, dans ces cas, on dit complètement ! ou absolument ! et aussi tout à fait !
Comme au jeu du ni oui ni non.
Je me suis parfois demandé justement si ce n'était pas de là que venaient ces tics de langage. Rappelons-nous, aux Jeux de vingt heures sur la 3, Jacques Capelovici soumettait des candidats à cette épreuve, et les tout à fait revenaient souvent. Les pas du tout aussi, à tel point qu'il disait aux gens qu'ils seraient éliminés s'ils ne variaient pas leurs réponses par d'autres formules.