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Desiderius

Message par Desiderius »

Jacques-André-Albert a écrit :Le provençal n'y est peut-être pas non plus pour grand chose : on trouve le mot dès le douzième siècle dans les écrits du Bourguignon Bernard de Clairvaux, et il est dans la même logique de dérivation que prendre > prenable.
J'avoue que je ne sais pas dans quelle langue sont les écrits de Bernard de Clairvaux. Je les croyais plutôt en latin. A-t-il écrit en français ?
Le dictionnaire de Godefroy cite : Par mervillous et niant comprennavle sacrement. Si les sermons ont d'abord été dits et conservés en latin, de quand date ce passage ? Ce n'est pas très clair.
Godefroy cite également d'autres sources, comme le Roman de la Rose. On trouve aussi "comprendable".
codrila

Message par codrila »

Vous avez sans doute raison. D'ailleurs , j'ai peut-être simplement mal interprété ce que fit Littré. Car dans la rubrique Etymologie, il indique que l'adjectif vient de comprendre. Puis ajoute, provençal: comprehendable.

Peur-être a-t-il voulu justedonner l'équivalent occitan?

Quoique, il y avait également emprunts mutuels entre la langue d'oïl et la langue d'oc. Je ne sais si d'autres étymologistes ont contredit Littré, pour ma part, c'est au-delà de mes compétences :)
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Desiderius a écrit :J'avoue que je ne sais pas dans quelle langue sont les écrits de Bernard de Clairvaux. Je les croyais plutôt en latin. A-t-il écrit en français ?
Le dictionnaire de Godefroy cite : Par mervillous et niant comprennavle sacrement. Si les sermons ont d'abord été dits et conservés en latin, de quand date ce passage ? Ce n'est pas très clair.
Cette attestation daterait de 1190, selon le dictionnaire de l'ancien français de Greimas, soit 47 ans après la mort du célèbre abbé.
Desiderius

Message par Desiderius »

Jacques-André-Albert a écrit :Cette attestation daterait de 1190, selon le dictionnaire de l'ancien français de Greimas, soit 47 ans après la mort du célèbre abbé.
Il s'agit donc de la traduction réalisée en Lorraine à partir des sermons en latin de Bernard. Cette traduction de 1190 nous renseigne sur le dialecte lorrain, même plus précisément messin.
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

Alors j'ai bien fait de me poser et de vous poser la question pour ces deux mots, ce qui montre que la langue évolue dans tous les sens.

Et que dire de l'emploi de pesanteur : on donne un médicament en fonction de la pesanteur de la personne, de son poids !
codrila

Message par codrila »

Ben, c'est la même chose. Le dictionnaire de l'Académie indique dans sa première édition ( 1694) :
Pesanteur: état de ce qui est pesant.
Ex: la pesanteur des corps. La pesanteur d'un fardeau.
Voici les autres acceptions de l'époque:
Il se dit aussi du coup que donne un corps pesant quand il tombe. Il fut estourdi de la pesanteur du coup. la pesanteur du coup le jetta par terre. il se rompit une coste par la pesanteur de sa chute.

Il se dit aussi en parlant des coups que donne un homme fort & robuste, & du bras & de la main qui les donne. La pesanteur de ses coups. la pesanteur de sa main. la pesanteur de son bras.

Il se dit aussi, d'Une certaine indisposition qui survient à quelque partie du corps, & qui y fait sentir comme un poids. Pesanteur de teste. il a une pesanteur d'estomach. il sent une grande pesanteur à la cuisse. il a une pesanteur par tout le corps, par tous les membres.

Pesanteur, se dit aussi fig. de l'esprit, pour dire, Lenteur, grossiereté d'esprit. C'est un homme qui a une grande pesanteur d'esprit.
Et pour poids ( toujours à la même époque), la définition était: qualité de ce qui est lourd. Exemple: le poids d'un fardeau . Bref, des synonymes.
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TSOS
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Message par TSOS »

Maintenant, il est plus judicieux de parler de masse, s'il est question d'une posologie car, avec un poids, tout changerait dès que vous iriez sur la Lune ou Mars...
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Jacques
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Message par Jacques »

Cette acception est vieillie. Dans la 9e édition l'Académie modifie la définition :
1. PHYS. Caractère de ce qui a un poids. La pesanteur des corps. Spécialt. La pesanteur terrestre ou, simplement, la pesanteur, la force d’attraction qu’exerce la masse terrestre sur tout corps.
2. Caractère de ce qui a un poids élevé, de ce qui pèse lourdement. La pesanteur d’un fardeau.
3. Lenteur, défaut de vivacité, de célérité, de grâce. Marcher avec pesanteur.

Le mot désigne donc ce qui est lourd (pesant), au propre et au figuré :
La pesanteur d’un édifice, d’un monument. Par anal. La pesanteur de son style. Souvent au pluriel. Les pesanteurs d’une administration, d’un service, la complexité, la lenteur et la lourdeur des procédures, qui entravent son bon fonctionnement.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
codrila

Message par codrila »

Oui, elle est vieillie chez nous et visiblement pas chez nos cousins du Québec. C'est là que nous touchons du doigt ces différences d'évolution de notre langue selon les peuples de la francophonie.
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Jacques
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Message par Jacques »

Notre marquise, qui est française et infirmière, nous cite son emploi courant en milieu hospitalier. Employer un terme dans un sens tombé en désuétude équivaut quasiment à une impropriété.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
codrila

Message par codrila »

Pardon pour ma méprise, alors. J'ai cru que cette expression médicale avait été rapportée à Mme de Sévigné par son fils qui réside au Québec. Là-bas, on parle de pesanteur du malade et de pesanteur du chevreuil.

Chez nous, bien sûr, ce serait inhabituel, impropre ou volontairement archaïsant, par plaisanterie voire par pédantisme.
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

Ne vous excusez pas codrila, c'est moi qui me suis mal exprimée.
Je mentionnais effectivement les termes que mon fils rencontre tous les jours à Montréal, et qui le font sursauter.
Je vous les soumets donc, et m'aperçois à mon grand dam (prononcer dan !!!) que ce que je prends pour des impropriétés si elles étaient utilisées en France, sont en fait courantes et correctes là-bas chez nos cousins, et je fais donc amende honorable.
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