Debout
Debout
Un ami me demandait s'il était correct d'écrire : "iIs sont debouts"
Après consultation de Jean Girodet (Bordas) je voyais que "debout" est un adverbe et qu'il est invariable.
Las! Cette personne me dit qu'elle l'a vu avec un S du fait que ce mot aurait été adjectivé.
Je recherche de nouveau cette fois sur le TLFI et je vois qu'il est adverbe mais aussi adjectif invariable.
Cependant un encart indique que bien que rare l'accord peut se faire.
Je suis perplexe . D'autant plus que je pourrais dire : "Debouts derrière une barrière ils regardaient le spectacle" D'un autre côté je n'écrirais pas "Ils étaient debouts". Je tourne en rond.
Des idées? Merci.
Après consultation de Jean Girodet (Bordas) je voyais que "debout" est un adverbe et qu'il est invariable.
Las! Cette personne me dit qu'elle l'a vu avec un S du fait que ce mot aurait été adjectivé.
Je recherche de nouveau cette fois sur le TLFI et je vois qu'il est adverbe mais aussi adjectif invariable.
Cependant un encart indique que bien que rare l'accord peut se faire.
Je suis perplexe . D'autant plus que je pourrais dire : "Debouts derrière une barrière ils regardaient le spectacle" D'un autre côté je n'écrirais pas "Ils étaient debouts". Je tourne en rond.
Des idées? Merci.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
L'Académie cite bien l'emploi adjectivé :
DROIT. Adjt. La magistrature debout, par opposition à la magistrature assise.
Adjt. Vieilli, sauf dans quelques emplois spécialisés. Qui se présente par une de ses extrémités. TECHN. Bois debout, bois scié transversalement, Vent debout, vent directement contraire à la route qu'on voudrait tenir.
Le Petit Robert ne mentionne pas l'adjectif.
Le sens de cet adjectif « pris par le bout, par l'un des bouts », ne parle pas en faveur d'un accord.
Les différents ouvrages consultés ne donnent que des exemple au singulier, cela ne permet pas de savoir quel sort réserver au pluriel. Mais dans la magistrature debout, s'il fallait accorder on écrirait deboute, ce qui n'est pas le cas.
DROIT. Adjt. La magistrature debout, par opposition à la magistrature assise.
Adjt. Vieilli, sauf dans quelques emplois spécialisés. Qui se présente par une de ses extrémités. TECHN. Bois debout, bois scié transversalement, Vent debout, vent directement contraire à la route qu'on voudrait tenir.
Le Petit Robert ne mentionne pas l'adjectif.
Le sens de cet adjectif « pris par le bout, par l'un des bouts », ne parle pas en faveur d'un accord.
Les différents ouvrages consultés ne donnent que des exemple au singulier, cela ne permet pas de savoir quel sort réserver au pluriel. Mais dans la magistrature debout, s'il fallait accorder on écrirait deboute, ce qui n'est pas le cas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Dans son usage actuel, debout est invariable et il faut s'en tenir là. C'est simple. Comme avant et arrière : les vitres avant du véhicule.
Mais il est exact que dans le passé, certains auteurs ont accordé au pluriel debouts, valable pour le masculin ET le féminin (cf. troisième citation ci-dessous). Deboute n'existe qu'à titre de curiosité à ma connaissance (cf. cet inventaire du XVIIe siècle), mais cela ne dit rien sur la possibilité d'un accord au pluriel : on sait qu'il y a des adjectifs qui s'accordent (éventuellement) au pluriel mais pas au féminin, comme marron ou standard.
Citations :
De Buffon, à propos des hérissons :
Mais il est exact que dans le passé, certains auteurs ont accordé au pluriel debouts, valable pour le masculin ET le féminin (cf. troisième citation ci-dessous). Deboute n'existe qu'à titre de curiosité à ma connaissance (cf. cet inventaire du XVIIe siècle), mais cela ne dit rien sur la possibilité d'un accord au pluriel : on sait qu'il y a des adjectifs qui s'accordent (éventuellement) au pluriel mais pas au féminin, comme marron ou standard.
Citations :
De Buffon, à propos des hérissons :
D'Erckmann ou de Chatrian, dans leur Histoire d'un paysan :Ils ne peuvent s'acooupler à la maniere des autres quadrupedes : il faut qu'ils soient face à face, debouts ou couchés.
De Lalande, dans Voyage d'un Français en Italie :Il se tournait vers ses soldats, debouts à la porte, et leur disait ...
Le cul de four du Chœur est peint à fresque ; on y a représenté cinq couronnes d'épines ; un rang d'Evêques & de Cardinaux sont sur la premiere, un rang d'Augustins sont sur la seconde, un autre rang d'Augustins sur la troisieme, un rang d'Augustins debouts sur la quatrieme, un rang d'Augustines debouts sur la cinquieme, & les Anges de la gloire qui leur distribuent les couronnes d'épines ; ce n'est qu'une Capucinade mal peinte.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je m'étonne, Desiderius, de votre affirmation selon laquelle marron pourrait parfois s'accorder : l'adjectif de couleur est donné par tous les auteurs comme invariable. Celui qu'on accorde, c'est l'adjectif marron qualifiant celui qui se livre à des pratiques illicites ou à des actes professionnels illégaux : des avocats, des médecins marrons.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je crois que la règle de l'invariabilité s'étiole pour marron qui pourra rejoindre bientôt rose et mauve et quelques autres.Jacques a écrit :Je m'étonne, Desiderius, de votre affirmation selon laquelle marron pourrait parfois s'accorder : l'adjectif de couleur est donné par tous les auteurs comme invariable.
C'est ce qu'indique le TLFi :
Et Grevisse cite aussi des "yeux marrons" chez Mauriac, Green et Yourcenar (de l'Académie !).Rem. Certains auteurs considèrent que marron est devenu un véritable adjectif et l'accordent avec le substantif qu'il qualifie. Si les acteurs sont bien à gauche et au bord vous verrez leurs pourpoints marrons (Jacob, Cornet dés, 1923, p.213). Ma pauvre abeille, tu crois que tous les yeux sont gris. Il y en a des bleus, des marrons, des verts et des noirs (Sartre, Mains sales, 1948, 3e tabl., 1, p.60).
J'avoue que je suis aussi de ce parti, mais j'avais pris soin d'indiquer que ces adjectifs s'accordaient éventuellement ; je sais que l'Académie n'a pas encore fléchi sa position, mais il y a suffisamment de bons auteurs pour nous permettre d'aller de l'avant et de promouvoir la régularité des adjectifs.
- Jacques
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Mais enfin, cette faculté d'accorder ne figure dans aucun livre didactique sur la langue française. Le Larousse des difficultés et pièges, qui date de l'année dernière, n'envisage pas une possibilité d'accord. Il est dit partout invariable, pas éventuellement accordé. Il ne nous appartient pas de lancer cette mode. La citation du TLFi, je ne la prends pas en compte. Ses prises de position m'ont assez souvent paru fantaisistes. Je fais plus confiance à Robert, Bordas, Hanse, à l'Académie qu'au TLFi.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Chacun est libre de se contenter de suivre les avis, généralement bien fondés mais parfois timorés ou purement conformistes des ouvrages didactiques ou de suivre plutôt les exemples des bons auteurs quand un usage nouveau et sensé s'établit, s'il s'en sent capable. N'oublions pas que l'Académie est le greffier de l'usage et non son promoteur. C'est à nous d'user raisonnablement de notre liberté et à l'Académie d'enregistrer les changements. Si nous ne parlions et n'écrivions qu'en accord avec le dictionnaire de l'Académie, la langue se serait figée dans son état du XVIIe siècle, et les Académiciens seraient au chômage !
Ce n'est que mon point de vue et j'admettrais volontiers que vous ne le partagiez pas.
Ce n'est que mon point de vue et j'admettrais volontiers que vous ne le partagiez pas.