Forme interrogative et singulier/pluriel après "ou"

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Martine
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Forme interrogative et singulier/pluriel après "ou"

Message par Martine »

Bonjour,

Je viens de traduire un document technique et de recevoir des corrections d'un collègue chargé de réviser le texte.

Pourriez-vous me dire quelle est la forme interrogative correcte dans la phrase suivante:

Lequel des profils représentés sur le tableau n° 2 possède-t-il (ou possède, selon le réviseur) les meilleures propriétés fonctionnelles pour un palier lisse ?

Même question:
Quelles cotes limite sont-elles (ou sont, selon le réviseur) admissibles pour la cote nominale N = 120 mm ?

Le réviseur m'écrit:
Il n’y a pas de pronom de rappel dans ce cas, puisqu’il y a un pronom interrogatif sujet au début.
Même chose pour le cas où on a un adjectif interrogatif (« quelles cotes limite … »)

Ce n'est pas une question de méfiance envers lui, mais "ça ne passe pas", j'ai sans doute trop longtemps utilisé la forme fautive et n'arrive pas à adhérer sans vous demander votre avis.

Autre sujet: utilisation du singulier ou du pluriel après une énumération de termes au singulier coordonnés par la conjonction "ou"

Voici la phrase en question corrigée par le réviseur:
D'un point de vue statistique, une quantité livrée, un lot de fabrication ou un lot soumis à un contrôle correspondent à l'ensemble de base avec un nombre d'unités N.

Merci pour votre aide !

Martine
Dernière modification par Martine le mar. 30 oct. 2012, 13:34, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans l'immédiat, j'aurais tendance à dire que les deux premières phrases sont correctes aux deux formes, avec ou sans le pronom de rappel. Mais je préfère ne rien affirmer sans avoir pris l'avis des spécialistes. Je dois m'absenter pour quelques heures, je tâcherai en revenant de faire les recherches nécessaires, à condition de trouver où et comment. D'ici là quelqu'un aura peut-être trouvé la réponse. Pour l'autre sujet avec ou, je pense que Bordas doit fournir les explications.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Martine
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Message par Martine »

Merci beaucoup Jacques.
Ce serait un grand soulagement pour moi si quelqu'un pouvait me dire exactement ce qu'il en est avant que je ne rende le fichier ce soir.

Pour le sujet de la conjonction de coordination, j'aui trouvé ce site (n'ayant malheureusement pas de Bordas) :
http://www.etudes-litteraires.com/gramm ... -et-ni.php
avant de m'adresser à vous, je tenais à avoir confirmation. Entre temps, mon réviseur a écrit:

La règle de base est « Pierre ou Paul viendra », OU « Pierre ou Paul viendront ». J’ai plutôt l’habitude de mettre un pluriel, mais, dans le premier cas, il est obligatoire, puisque nous n’avons pas seulement le OU, mais trois sujets au total.

Je ne suis pas experte, loin de là, mais je doute fort que le nombre de sujets ait une influence sur cette question.
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Jacques-André-Albert
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Re: Forme interrogative et singulier/pluriel après "ou&

Message par Jacques-André-Albert »

Martine a écrit :Lequel des profils représentés sur le tableau n° 2 possède-t-il (ou possède, selon le réviseur) les meilleures propriétés fonctionnelles pour un palier lisse ?

Même question:
Quelles cotes limite sont-elles (ou sont, selon le réviseur) admissibles pour la cote nominale N = 120 mm ?

Le réviseur m'écrit:
Il n’y a pas de pronom de rappel dans ce cas, puisqu’il y a un pronom interrogatif sujet au début.
Même chose pour le cas où on a un adjectif interrogatif (« quelles cotes limite … »)
Je pense que votre réviseur a raison. Pour prendre un exemple plus simple, on dit « qui est venu ? », mais jamais on ne dira « qui est-il venu ? »
Martine a écrit :Autre sujet: utilisation du singulier ou du pluriel après une énumération de termes au singulier coordonnés par la conjonction "ou"

Voici la phrase en question corrigée par le réviseur:
D'un point de vue statistique, une quantité livrée, un lot de fabrication ou un lot soumis à un contrôle correspondent à l'ensemble de base avec un nombre d'unités N.
Vous pourriez supprimer la conjonction de coordination sans changer le sens de la phrase : « une quantité livrée, un lot de fabrication, un lot soumis à un contrôle correspondent à l'ensemble de base avec un nombre d'unités N. » Et là, vous voyez que le pluriel s'impose.
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Jacques
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Message par Jacques »

Voici la réponse de Bordas au sujet de ou :
– Si tous les sujets sont au singulier, et si l'action exprimée par le verbe ne peut s'appliquer qu'à un seul, on accorde au singulier : Dimanche, à cette course, Pierre ou François arrivera premier ;
– Si l'action peut s'apppliquer à plusieurs, on accorde au pluriel : Quand elle sera là-bas, la promenade en campagne, la natation ou la lecture de quelques bons auteurs lui apporteront la détente.
C'est le second cas qui vous concerne.
Après réflexion, pour lequel, pourquoi diable les livres sur les difficultés n'en parlent-ils pas ? En tout état de cause, l'omission dudit pronom ne vous fait courir aucun risque, alors que l'autre choix reste dubitatif. JAA vous a donné un bon truc pour en comprendre la logique.
Mais ne pourrions-nous pas envisager une tautologie plutôt qu'une faute caractérisée ?
Dernière modification par Jacques le mer. 31 août 2011, 17:23, modifié 2 fois.
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Martine
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Message par Martine »

Merci beaucoup à vous deux.
Vos explications sont claires et convaincantes !
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Marco
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Message par Marco »

Grevisse (Le bon usage, 14e, 396 b, 1°) dit que « si l’interrogation commence par un pronom interrogatif sujet ou par un déterminant interrogatif se rapportant au sujet, le sujet n’est pas, normalement, repris par un pronom personnel ». Par exemple Quel peuple habita cette île ? (Chat., Mém., I, VIII, 5). Mais il observe qu’ « il y a dans ce cas un tendance assez forte (et ancienne) à introduire un pronom de reprise, spécialement quand le sujet est précédé de combien de et de quel ». Un exemple de Mauriac : Combien de gens en France ont-ils le courage d’être corrects, d’être loués pour eux-mêmes ?

Personnellement, je trouve ce pronom de reprise (dans le cas d’un pronom interrogatif) très peu élégant. C’est le genre de choses que je corrige chez mes élèves.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je n'avais pas réussi à trouver le sujet dans Grevisse. En conclusion, il y a donc un certain usage, auquel on peut se référer pour estimer qu'il n'y a pas véritablement faute, bien que cette insistance paraisse assez peu élégante. Il est évident que la forme sans le pronom d'insistance est au moins plus académique.
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Martine
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Message par Martine »

Encore merci !
Il me semble que vous avez dû beaucoup chercher pour trouver confirmation - j'espère que je ne serai pas la seule à en profiter.

Bonne soirée à tous !
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Pas du tout, Martine : les premiers à en profiter sont ceux-là mêmes qui ont effectué les recherches, comblant ainsi les lacunes de leur savoir.
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Claude
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Message par Claude »

Et les seconds sont ceux qui ne sont pas intervenus mais qui ont tout lu et tout compris ; merci Martine, vos questions sont très profitables ! :wink:
Martine
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Message par Martine »

Je ne me souviens plus de la citation exacte ni d'où elle provient, mais ma mère disait volontiers:

" Qu'en termes charmants tout cela est dit ! "

Ces mots se sont imposés à moi lorsque j'ai lu vos réponses, Jacques André Albert et Claude.

Je n'hésiterai donc pas à revenir vous prier de m'aider à combler les lacunes creusées par 40 ans de vie en Allemagne.

Bonne journée à vous !
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Jacques
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Message par Jacques »

Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises !
Molière, Le Misanthrope. Référence à un poème de Voltaire assez osé, intitulé Polissonnerie.
http://www.poetica.fr/poeme-776/voltaire-polissonnerie/
Dans le langage moderne on transpose : Oh, qu'en termes galants ces choses-là dont dites !
Parfois par ironie quand quelqu'un lâche des réflexions blessantes ou injurieuses.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises !
Molière, Le Misanthrope. Référence à un poème de Voltaire assez osé, intitulé Polissonnerie.
Je ne saisis pas : Voltaire est né bien après la mort de Molière.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je n'y avais pas fait attention, mais maintenant que vous le dites...
Voyez ici :
http://nuageneuf.over-blog.com/article- ... 54758.html
Il y a là un anachronisme.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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