INDIGNATIONS 6

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 8:05

Dans notre petite ville de Champagne, il y a un courtier en assurances qui, sur sa boutique, a fait peindre tous les services qu'il propose. Parmi ceux-ci : Aide aux automobilistes malussés.

Même si je trouve cette création un peu surprenante, je ne serai pas aussi sévère que vous, Jacques. Les néologismes, s'ils sont de bon aloi, enrichissent la langue. On ne peut plus se contenter du stock de vocabulaire des siècles passés. De nombreux domaines de l'activité humaine sont nés depuis, ou se sont extraordinairement développés : l'informatique, bien sûr, la médecine, la psychologie, pour ne citer que ceux-là.

Alors, pour revenir à « malussé », il est construit comme désavantagé, et sur un mot latin. Il est compréhensible d'emblée, au contraire de certains mots empruntés à l'anglais. Alors, je dirais : pourquoi pas ?

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 8:33

Pourquoi « aussi sévère que moi » ? Je n'ai pas fait de commentaires ni critiqué le mot. Je l'ai signalé pour connaître les avis des uns et des autres. Vous êtes favorable, je note et j'aimerais connaître d'autres réactions.
J'ai choisi la rubrique « Indignations » parce que je ne voulais pas ouvrir un sujet pour un petit fait divers mais ce n'est pas une condamnation en soi.

J'ai compris. Je pensais que vous vous indigniez.

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 10:31

Jacques-André-Albert a écrit :J'ai compris. Je pensais que vous vous indigniez.

Peut-être faudrait-il compléter le titre de la rubrique, mais je ne sais pas trop comment : Indignations et faits divers, ou autre chose qui lui donne un caractère général.

jarnicoton · Message par **jarnicoton** » lun. 22 avr. 2013, 10:59

Ce qui m'ennuie avec les néologismes, c'est qu'ils ne construisent presque rien et ne font généralement que dériver des mots existants. Quand ce sont des verbes, ils sont tous du premier groupe, ce qui normalise la langue en réduisant ses particularités ; c'est tristounet. Et puis dériver des verbes depuis des noms communs, c'est la méthode anglaise, encore et encore.

André (G., R.) · Message par **André (G., R.)** » lun. 22 avr. 2013, 11:06

Indépendamment de tout jugement personnel sur le mot lui-même, je tends à croire qu’il pourrait faire florès.
Le courtier en assurances a eu un besoin linguistique, il s’est dit qu’il fallait être bref et concis et a inventé « malussés » en le dérivant de « malus ». Il aurait pu écrire « victimes de malus », « affectés par un malus », « à malus », « à cotisation majorée », parmi lesquels « à malus » était aussi bref que son néologisme, sur le jugement duquel je suis hésitant. Il a, en effet, l’avantage de ne pas constituer un anglicisme, encore que je vienne de découvrir l’existence apparemment assez ancienne du mot « bonus » (gratification, bonification, prime) en anglais ! Pas de trace, par contre, de « malus » dans mon Harraps.

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 11:21

Je vais livrer maintenant une impression spontanée que nous ressentons ma femme et moi en passant devant la boutique, avant même toute analyse : vu d'un véhicule en mouvement, le terme surgit brutalement en bas d'une liste, c'est lui qu'on voit en premier à cause de son caractère insolite et, parmi les autres, il a quelque chose d'incongru qui frappe l'attention et choque. Ce n'est pas la même chose que si on y réfléchit posément hors de l'expérience pratique.
Sur son orthodoxie on peut discuter, ce n'est peut-être pas un barbarisme techniquement parlant, mais l'ennui c'est que de nos jours il se bricole des centaines, voire plus, de mots que des gens produisent selon leurs besoins ou leur fantaisie. On ne peut pas accepter que chacun installe sa fabrique de mots sur la place publique.

Islwyn · Message par **Islwyn** » lun. 22 avr. 2013, 12:22

Jacques a écrit : c'est lui [sc. malussé] qu'on voit en premier à cause de son caractère insolite et, parmi les autres, il a quelque chose d'incongru qui frappe l'attention et choque.

Mais ne fut-ce pas précisément là l'intention du courtier en assurances ? Ce n'est pas pour dire que le terme est beau...

Parmi ces mots bricolés que vous évoquez, Jacques, il y a une catégorie que je trouve agaçante, basée sur des jeux de mots faciles, calembours ou contrepèteries ; je pense, à l'instant même, au qualificatif éthiquable appliqué à ces produits issus du commerce dit « équitable ».

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 12:33

Jacques-André-Albert a écrit :Parmi ces mots bricolés que vous évoquez, Jacques, il y a une catégorie que je trouve agaçante, basée sur des jeux de mots faciles, calembours ou contrepèteries ; je pense, à l'instant même, au qualificatif éthiquable appliqué à ces produits issus du commerce dit « équitable ».

Je vous rejoins pleinement, ce sont des calembours mauvais pour ne pas dire pitoyables. Il n'y a pas un soupçon de finesse dans ces productions à ras de terre.

Jacques · Message par **Jacques** » lun. 22 avr. 2013, 12:35

Islwyn a écrit :
Jacques a écrit : c'est lui [sc. malussé] qu'on voit en premier à cause de son caractère insolite et, parmi les autres, il a quelque chose d'incongru qui frappe l'attention et choque.
Mais ne fut-ce pas précisément là l'intention du courtier en assurances ? Ce n'est pas pour dire que le terme est beau...

On peut toujours le penser. Parfois, dans la publicité ou ce qui en découle, le mauvais goût est fait pour attirer l'attention.

Message par **Perkele** » mar. 23 avr. 2013, 7:49

Malussé n'est pas une nouveauté. Des assureurs sont spécialisé en le domaine depuis que certaines compagnies "virent" leurs clients dès qu'ils commencent à leur coûter, même si ce n'est pas à leurs torts (fréquentes dégradations en stationnements, par exemple).

Jacques · Message par **Jacques** » mar. 23 avr. 2013, 11:22

Nous avons suivi à la télévision un reportage qui se déroulait tout au long de la vie d'une tigresse.
Vers la fin, nous entendons ce commentaire : « Machli a maintenant presque quinze ans, ce qui est un âge canonique pour ce genre de félin, qui ne vit guère plus d'une dizaine d'années ».
Je me reporte à la définition de l'Académie : Âge canonique, âge minimum fixé par les règles de l'Église pour pouvoir accéder à certaines charges.
Ainsi, par exemple, pour entrer dans les ordres l'âge canonique est celui de la majorité légale du pays où vit la personne (généralement 18 ans). D'ailleurs cet adjectif ne peut s'appliquer qu'à des êtres humains. Le droit canon ne régit pas la vie des animaux, une tigresse n'a rien à faire dans l'Église catholique.

Jacques a écrit :Le droit canon ne régit pas la vie des animaux, une tigresse n'a rien à faire dans l'Église catholique.

Mais l'église cathodique (non, je n'ai pas encore de téléviseur à écran plat), elle, a des règles plus souples, et surtout plus floues, quand il s'agit du langage.