Hypothèse

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Lleolyn
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Hypothèse

Message par Lleolyn »

Bonjour tout le monde, :D

Ma question concerne les phrases hypothètiques en si.
Lorsque nous avons si + présent, l'emploi du conditionnel présent dans la principale est-il juste ?
Si tu es libre la semaine prochaine, nous pourrions aller au cinéma.

J'ai un doute car je vois dans les livres de grammaire le futur dans la principale, et pourtant le conditionnel est souvent employé.

Merci pour vos réponses.

Lleolyn.
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Jacques
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Message par Jacques »

Bonjour,
J'hésite à vous donner une réponse catégorique, car la concordance des temps est une affaire complexe, qui ne répond pas toujours à des normes fixes et varie en fonction des circonstances.
Pour moi, l'expression d'un futur proche par le présent paraît être d'un usage familier, mais pas très académique. Tout le monde ici n'est pas d'accord sur ce point.
Par ailleurs, l'emploi du conditionnel me semble s'accorder difficilement avec un présent. Je dirais plutôt : Si tu étais libre la semaine prochaine, nous pourrions... ou Si tu es libre la semaine prochaine nous pourrons...
Si tu es libre équivaut à si tu seras libre (formule non orthodoxe grammaticalement, mais je m'attache au sens et non à la grammaire).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Je pense comme Jacques.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Lleolyn
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Message par Lleolyn »

Merci à vous deux. Votre réponse, Jacques, m'a aidée à éclaircir ma pensée. :D
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La règle est bien d’utiliser l’indicatif dans la principale quand il y a l’indicatif présent dans la subordonnée, le conditionnel présent dans cette même principale lorsque « si » amène un imparfait et le conditionnel passé lorsqu’il amène un plus-que-parfait :

Si tu es libre, nous pouvons aller au cinéma.
Si tu étais libre, nous pourrions aller au cinéma.
Si tu avais été libre, nous aurions pu aller au cinéma.

« Si tu étais libre, nous pouvons aller au cinéma » nous heurte, parce que l’indicatif de la principale contredit la forte improbabilité contenue dans la subordonnée.
« Si tu es libre, nous pourrions aller au cinéma » ne me semble contenir aucune contradiction. Je comprends par là d’une part que l’hypothèse « être libre » de la subordonnée a de fortes chances de se réaliser, d’autre part que la visite au cinéma n’en devient pas certaine pour autant et dépend d’autres conditions non formulées dans la phrase, du genre : « si de mon côté je n’ai aucun empêchement ».
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Jacques
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Message par Jacques »

André (Georges, Raymond) a écrit : « Si tu es libre, nous pourrions aller au cinéma » ne me semble contenir aucune contradiction. Je comprends par là d’une part que l’hypothèse « être libre » de la subordonnée a de fortes chances de se réaliser, d’autre part que la visite au cinéma n’en devient pas certaine pour autant et dépend d’autres conditions non formulées dans la phrase, du genre : « si de mon côté je n’ai aucun empêchement ».
Ce qui prouve à quel point est fragile et incertaine la règle sur la concordance des temps. J'adhère à ce raisonnemebnt, dans la mesure où il n'y a pas dans la phrase l'indication d'un temps à venir :
– Si tu es libre [maintenant, tout de suite] nous pourrions aller au cinéma. OUI
– Si tu es libre la semaine prochaine, nous pourrions... NON d'autant que je reste sur mon idée que l'emploi du présent pour désigner un temps futur me paraît appartenir à un registre familier mais ne s'inscrit pas dans une pratique académique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Il me semble pourtant avoir lu un jour (!), quelque part ( !), que du fait de l’impossibilité d’emploi du futur dans la subordonnée introduite par « si », c’était le présent qui le valait.
Pour le moment présent, on peut utiliser « si » avec le temps présent, pour marquer une bonne probabilité de réalisation de l’hypothèse, ou avec l’imparfait, quand on veut marquer que la réalisation est très improbable.
Pour l’avenir, je crois que l’on peut éprouver les mêmes besoins :

La semaine prochaine, si je vais mieux, je te rendrai visite.
La semaine prochaine, si j’allais mieux, je te rendrais visite.

La personne qui formule la première phrase mise plutôt sur une amélioration de sa santé. Celle qui produit l'autre y croit beaucoup moins. Je ne vois pas comment exprimer autrement ces nuances.
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous avez raison, je fais fausse route et j'ai confondu avec un autre type de formulation : L'année prochaine je passe mes vacances aux Baléares. Dans l'exemple donné ici le présent est le seul correct, à condition qu'on l'associe au futur. Ce qui me chagrine c'est la combinaison présent + conditionnel avec une indication de temps à venir.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Lleolyn a écrit :Merci à vous deux. Votre réponse, Jacques, m'a aidée à éclaircir ma pensée. :D
Éclaircir... ou éclairer ? :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Osons dire éclairer votre lanterne.
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Jacques
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Message par Jacques »

Les deux ne sont-ils pas envisageables ? C'est un sujet de méditation.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« Éclairer la lanterne de quelqu’un » est une expression bizarre : n’est-ce pas plutôt la lanterne qui nous éclaire ? :idea:
Le mot a perdu aujourd'hui en français son sens de réverbère, mais il l'a gardé en allemand (la fameuse "Laterne", rimant avec "Kaserne", de Lili Marleen.)
Quant à la pensée, on l’éclaire peut-être aussi bien qu’on l’éclaircit. :idea:
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Jacques
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Message par Jacques »

André (Georges, Raymond) a écrit :« Éclairer la lanterne de quelqu’un » est une expression bizarre : n’est-ce pas plutôt la lanterne qui nous éclaire ? :idea:
Quand on connaît l'explication de l'expression, il n'y a rien de bizarre.
C'est une allusion à une fable de Florian où le singe avait voulu donner un spectacle de lanterne magique, mais avait omis l'essentiel : Il n'avait oublié qu'une chose, c'était d'éclairer sa lanterne.
Il faut comprendre que la lanterne, pour projeter les images, s'éclairait de l'intérieur.
Quand on demande à quelqu'un : Éclairez ma lanterne, c'est une erreur, on devrait dire « Éclairez votre lanterne » (allumez-la, qu'on y voie plus clair dans vos propos).
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Claude
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Message par Claude »

Quant aux aristocrates à la lanterne c'est une autre histoire. :wink:
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Quant aux aristocrates à la lanterne c'est une autre histoire. :wink:
J'espère ne pas vous voler la vedette en expliquant aussi cela.
J'ai malheureusement perdu le texte que j'avais écrit, j'essaye de reconstituer de mémoire. Rappelons le chant révolutionnaire :
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne
Ah ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra

Benjamin Franklin avait, paraît-il, une manie : pour se donner du courage avant un discours, il se répétait : « Ça ira, ça ira ».
Quant à la lanterne, elle était accrochée à l'angle de la place de Grève et de la rue de la Lanterne à Paris. Les révolutions étant ce qu'elles sont, avec leurs crimes et leurs excès, elle servit à des exécutions expéditives ; on y pendit bien des membres de la noblesse.
Ce qui explique la syntaxe du chant : les aristocrates, on les pendra à la lanterne.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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