L'"effet euro" ou la dispense de liaison

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Hippocampe a écrit :J'ai plusieurs fois indiqué ici ma consternation au sujet du heuro qui semble avoir créé d'autres mots comme hoctobre...

Il existe une autre bizarrerie concernant l'euro : plein de gens disent, en 2013, "centime d'euro" ! Mais punaise, si on parle de centimes en France, en 2013, il ne peut pas s'agir de centimes de sesterces !!!
Vous avez la même réaction que moi. Cela continue à m'agacer. Depuis le temps que ce maudit euro est venu perturber notre sens des valeurs et nous faire perdre la notion des prix, quand on parle de centimes en France, ce ne sont pas des centimes de drachmes, de shekels ou de francs suisses. Ce sont des centimes de la monnaie locale.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Qu'on me permette à nouveau un optimisme modéré, concernant d'une part les avantages de l'euro, d'autre part l'évolution de la langue.
Une monnaie forte a des avantages : les carburants, et un certain nombre d'autres produits ne seraient-ils pas plus chers si nous avions gardé le franc ? L'inflation maîtrisée n'avantage-t-elle pas d'abord les classes sociales les plus modestes ? J'ai organisé pendant des années des voyages scolaires en Allemagne, essentiellement à l'époque du franc, mais aussi après l'introduction de l'euro : cette dernière a fait faire d'incontestables économies aux familles, qui n'avaient plus à acheter de marks à la Banque de France.
La mention de "centimes d'euro" est évidemment ridicule, je l'espère en régression. Cependant dans les premières années de la nouvelle monnaie il s'agissait sans doute de marquer la différence avec le centime du franc. Par ailleurs je trouve réjouissante l'utilisation même du mot, qui semble avoir à peu près totalement supplanté l'horrible "cent", que nous devions prononcer comme le cardinal, alors que les Belges francophones sont passés d'emblée à la prononciation anglaise (qu'ils ont gardée, je crois). Je devais donc dire : "Il ne me manque qu'une pièce pour avoir cent cents (les deux mots prononcés identiquement, comme "sans"), donc un euro !" ou bien : "Si tu me donnes un cent, j'aurai un euro !" Je préfère le centime, qui finira bien par ne plus être "d'euro" !
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Chacun voit l'euro selon des concepts personnels. Je ne conteste pas les éventuels avantages qu'il a apportés, mais il a entraîné aussi de gros inconvénients. Quoi qu'il en soit, ce qui me dérange c'est d'avoir perdu les repères sur les prix et de devoir calculer pour avoir une idée des proportions.
Mais ce n'est pas ici qu'il faut en débattre, nos objectifs ne dépassant pas le cadre de la langue française.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Koutan
Messages : 569
Inscription : lun. 17 juin 2013, 12:07

Message par Koutan »

Ça a bien failli être dé-écus
Koutan
Messages : 569
Inscription : lun. 17 juin 2013, 12:07

Message par Koutan »

Merci bien, Jacques, pour le lien vers le CSA. Je ne l'avais pas trouvée, cette boîte à message. Je vais surtout leur parler du euro, on peut supposer qu'ils en auront déjà reçu sur le sujet.
Avatar de l’utilisateur
Jacques-André-Albert
Messages : 4477
Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
Localisation : Niort

Message par Jacques-André-Albert »

Il faudrait aussi, à l'occasion, leur laisser un mot sur ces voyelles parasites que les journalistes placent devant les consonnes : au début, seules quelques rares personnes étaient affectées de ce défaut de diction (Élise Lucet, par exemple), mais maintenant, c'est une véritable contagion.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Jacques-André-Albert a écrit :Il faudrait aussi, à l'occasion, leur laisser un mot sur ces voyelles parasites que les journalistes placent devant les consonnes : au début, seules quelques rares personnes étaient affectées de ce défaut de diction (Élise Lucet, par exemple), mais maintenant, c'est une véritable contagion.
Je suis d'accord. Elle me scie les oreilles (et les nerfs) avec ces â... qui commencent la plupart de ses phrases. Mais il y a aussi les voyelles parasites à la fin des mots, comme je l'ai déjà dit : un parque de loisirs, un matche de rugby, un ourse brun, un arque de triomphe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Koutan
Messages : 569
Inscription : lun. 17 juin 2013, 12:07

Message par Koutan »

Il y a aussi le remarquable "Bonjourheeeu" qui fait sûrement très classe. C'est vrai que les débuts de phrases d'Élise Lucet sont particulièrement horripilants. Je n'ai remarqué ça que chez elle, mais il faut aussi lui reconnaître beaucoup de cran et de talent pour ses émissions sur l'évasion fiscale. Par ailleurs, c'est peut-être pour contrebalancer les "e" parasites de fins de mots qu'on a créé le très chic "déj'ner", et d'autres que, je crois, Jacques a déjà commencé à répertorier.
Je me suis aperçu, après avoir écrit au CSA via la boîte que Jacques m'a indiquée, que le site était celui du CSA de Belgique (Wallonie-Bruxelles).
Bon, et bien ça fait déjà un pays francophone....
Comment faites-vous pour insérer en début de message, par exemple, "Jacques a écrit"......?
Hippocampe
Messages : 752
Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15

Message par Hippocampe »

Vous choisissez le message que vous voulez citez, vous cliquez sur "citer". Automatiquement vous vous retrouvez dans la fenêtre de saisie d'un nouveau message avec au début le message cité entre deux "balises" (quote au début et /quote à la fin).
Vous pouvez enlever une partie de ce qui se trouve entre les balises si vous ne voulez pas tout citer. Puis vous écrivez votre texte avant la balise de début ou après la balise de fin.
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)

Message par Claude »

Koutan a écrit :Il y a aussi le remarquable "Bonjourheeeu" qui fait sûrement très classe.[...]
Comme dans la chanson des Inconnus : Auteuil-Neuilly-Passy. :wink:
Koutan
Messages : 569
Inscription : lun. 17 juin 2013, 12:07

Message par Koutan »

Ah oui, c'est vrai qu'elle a déjà connu la gloire, cette expression ! Merci, Hippocampe, pour le renseignement sur la façon de citer.
Vous êtes-vous déjà saisis de la fâcheuse habitude que je crois voir se répandre de dire "lequel", et uniquement "lequel", là où il faudrait "laquelle", "lesquels", "lesquelles", sans plus aucune distinction ?
Naturellement, chez des journalistes, chez des politiciens,...
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Je pense que tout le monde l'a remarqué à un moment ou un autre, parmi mille autres sottises.
Pour le CSA français essayez ceci :
http://www.csa.fr/Services-en-ligne/For ... de-contact
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Klausinski
Messages : 1295
Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
Localisation : Aude

Message par Klausinski »

Koutan a écrit :Vous êtes-vous déjà saisis de la fâcheuse habitude que je crois voir se répandre de dire "lequel", et uniquement "lequel", là où il faudrait "laquelle", "lesquels", "lesquelles", sans plus aucune distinction ?
Naturellement, chez des journalistes, chez des politiciens,...
On en a parlé entre autres ici.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Koutan
Messages : 569
Inscription : lun. 17 juin 2013, 12:07

Message par Koutan »

En effet, dix ans déjà pour Gerhec, on ne m'a pas attendu.
J'ai relevé quelque chose de très intéressant dans le propos de Gerhec en 2009, c'est que les fautifs semblent adorer faire la faute. Je pense qu'effectivement, derrière toutes ces fautes, il y a très souvent une part de choix, conscient ou pas, un plaisir à prononcer autrement, alors que la réaction saine, dans l'intérêt de notre langue, devrait être la répulsion.

J'ai envie de vous raconter une sottise caractérisée de journaliste que j'ai entendue après l'affaire Merah. Ça ne devait pas être Pujadas, je ne sais plus qui c'était. Ce (ou cette) journaliste faisait un récit de la tuerie perpétrée à l'école juive Ozar Hatorah, et après avoir décrit par le menu les odieux assassinats de fillettes, terminait par "l'assassin présumé est ensuite remonté tranquillement sur son scooter...." On ne peut pas reprocher à ce journaliste d'ignorer ce point du droit français mais plutôt de très mal le comprendre. Il est évident, bien entendu, que le témoin de la scène avait devant les yeux l'assassin avéré et non pas présumé mais, si l'on devait respecter cette précaution verbale de cette façon au nom de la présomption d'innocence, plus aucun témoin ne pourrait accuser un coupable, le jugement n'ayant pas encore été prononcé !
J'ai un peu de mal à considérer cette formulation comme adéquate, n'imaginant pas très bien une arrestation en ces termes : "Je vous arrête parce que je vous présume innocent dans telle affaire". L'interpellé est donc au moins autant présumé coupable qu'innocent.
Qu'en pensez-vous ?
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

J'en ai parlé il y a peu. C'était à propos d'un attentat contre un militaire dans une gare de Paris. Le type a laissé une preuve avec ses empreintes, l'analyse d'ADN a confirmé sa culpabilité, et en outre il a reconnnu les faits. Pourtant, avec tout cela, on continuait à le qualifier d'agresseur présumé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Répondre