La syntaxe brisée

[Jacques-André-Albert]

Il est devenu commun, chez les plus jeunes, de se fixer rendez-vous « à et quart » ou « à et demie », quand l'usage plus ancien demande de se rencontrer au quart ou à la demie.

On entend quelquefois substituer à la locution prépositive « à cause de » l'anglicisme « dû à » : « il pleuvra sur le pays, dû au passage d'une perturbation ».

On emploie, hélas, des nombres pour marquer les étapes d'une énumération, là où, auparavant, on disait « premièrement, deuxièmement, troisièmement » : Je veux que, un, tu ranges ta chambre, deux, tu sortes la poubelle, et que trois, tu ailles te coucher.

Pourquoi ces trois constatations sans rapport apparent entre elles ? Pour mettre en évidence la disparition des notions d'enchaînement logique et de fluidité de la phrase, qui n'est, en soi, qu'une manifestation du désintérêt pour la langue et de l'ignorance croissante (ma dernière constatation, dans un journal : « il envoie des pics à ses adversaires »).

[Jacques]

Recevoir des pics (à glace ?), cela doit faire mal.
Pour vos autres constats, c'est de la paresse. Je n'avais jamais prêté attention à cette habitude de dire un, deux, etc. au lieu de premièrement, deuxièmement... mais je l'avais inconsciemment enregistrée. Beaucoup d'adultes font de même. Enfin, je pense que ces réductions à du langage primaire vont de pair avec la manie de supprimer les petits mots (articles, prépositions : une prise téléphone, un test ADN, une boîte métal...).