Le tréma

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Andrea
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Le tréma

Message par Andrea »

Bonjour ;
Je n'ai jamais pu comprendre l'utilité du tréma. Par exemple dans Noël ou Israël n'est-il pas pu judicieux d'écrire Noél ou Israél (je sais que cela ne fait pas très joli mais je trouve ça légèrement plus logique que cet accent que je juge légèrement incompréhensible). Il a la même prononciation qu'un é...
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Ernest de la Coquecigrue
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Message par Ernest de la Coquecigrue »

Bonjour Andrea,

Il faut garder à l'esprit qu'outre son emploi sur le e que vous citez, le tréma est également courant sur les voyelles i et u. Le plus souvent, le tréma sert à indiquer que l'on n'a pas affaire à un digramme. C'est là que ce diacritique prend tout son sens : il permet ainsi de distinguer mais de maïs, d'indiquer que digue et aiguë (aigüe avec les rectifications) ne devraient pas se prononcer de la même manière, et ainsi de suite.

Une petite remarque : Noël se prononce [nɔ εl], alors que °Noél, en toute logique, se prononcerait [nɔ el]. Par contre, le Bon Usage émet la critique suivante, qui rejoint un peu votre propos :
  • L’Ac. 2001 entérine la graphie aberrante canoë, qui contredit la prononciation [kanOe] ; les Québécois préfèrent avec raison canoé.
Bonne journée.
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Jacques
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Message par Jacques »

De même, Israël ne peut pas s'écrire Israél parce que, comme dans Noël, on prononce è.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Andrea
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Message par Andrea »

Merci, grâce à vous ; désormais, je saisis la notion de tréma.
Merci beaucoup.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

"Poème" s'est écrit "poëme" jusqu'au XIXe siècle (Robert DHLF), tandis que "poète", où la voyelle suivant l'O a la même prononciation, n'a apparemment jamais porté de tréma sur son E : la langue n'a pas toujours été régie par des lois précises et absolues !
Les difficultés qu'éprouvent les Français avec le tréma viennent aussi de langues étrangères, en particulier l'allemand, où existe un signe graphiquement proche du tréma — qu'il vaut mieux appeler "inflexion", pour rendre compte de sa valeur de modification du son de la voyelle de base. Le mot land (Land en allemand) et son pluriel länder (Länder) illustrent ce point. Les voyelles portant ce signe en allemand (A, O, U) sont exactement celles qui ne peuvent le porter en français ! On l'y voit de plus en plus sous la forme de deux points, comme en français, mais il se note aussi comme une sorte de double apostrophe au-dessus de la voyelle.
Anecdote : ÿ existe bien en français, par exemple dans le nom de famille Faÿsse (qu'on ne prononce pas comme "fesse" !)
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Perkele
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Message par Perkele »

Dans de nombreux registre d'état civil anciens (mais pas toujours), le y est surmonté d'un tréma, notamment dans le prénom Louÿs.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Perkele a écrit :Dans de nombreux registre d'état civil anciens (mais pas toujours), le y est surmonté d'un tréma, notamment dans le prénom Louÿs.
Et le poète Pierre Louis a adopté cette graphie hétéroclite pour épater les bourgeois...
Quantum mutatus ab illo
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Perkele
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Message par Perkele »

Je me suis demandé un instant s'il ne voulait pas marquer un double i "Louiis"
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Karl d'Aulnay
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Message par Karl d'Aulnay »

Quant à moi, j'en suis toujours à me demander si ce n'est pas un clin d'œil à la langue néerlandaise, où "ij" (prononcé "èie") est très courant et dont l'écriture manuscrite ressemble étrangement à ÿ.

L'on remarquera également que "Louijs" se prononcerait "loup-è-is" en néerlandais, et que, par ailleurs, ce prénom existe.

Rappelons que Pierre Louÿs est originaire de Gand, en territoire flamand mais à une époque où la noblesse et la bourgeoisie y étaient encore francophones, quoique plus pour bien longtemps.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Karl d'Aulnay a écrit :L'on remarquera également que "Louijs" se prononcerait "loup-è-is" en néerlandais.
Ne voulez-vous pas dire plutôt "lou-è-is" ?
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Perkele
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Message par Perkele »

J'ai appris Hlodowig (franc) => Clodovicus (latin), notre bon roi Clovis époux de la charmante Clothilde => Ludovicus => Louis

Il est d'ailleurs amusant de rapprocher
CLOVIS
_LOUIS
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Karl d'Aulnay
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Message par Karl d'Aulnay »

André (Georges, Raymond) a écrit :
Karl d'Aulnay a écrit :L'on remarquera également que "Louijs" se prononcerait "loup-è-is" en néerlandais.
Ne voulez-vous pas dire plutôt "lou-è-is" ?
Si, au temps pour moi. J'ai l'habitude d'écrire ma phonétique avec le plus de mots français possible faciles à prononcer (les gens à qui je m'adresse généralement ne lisent pas couramment le phonétique), je me rends compte qu'ici, c'était mal avisé.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

André (Georges, Raymond) a écrit : langues étrangères, en particulier l'allemand, où existe un signe graphiquement proche du tréma — qu'il vaut mieux appeler "inflexion", pour rendre compte de sa valeur de modification du son de la voyelle de base. Le mot land (Land en allemand) et son pluriel länder (Länder) illustrent ce point. Les voyelles portant ce signe en allemand (A, O, U) sont exactement celles qui ne peuvent le porter en français ! On l'y voit de plus en plus sous la forme de deux points, comme en français, mais il se note aussi comme une sorte de double apostrophe au-dessus de la voyelle.
(qu'on ne prononce pas comme "fesse" !)
En hongrois, il existe deux sortes de tréma : deux points pour une voyelle brève et une double apostrophe* pour une voyelle longue. On les trouve sur le O et le U (pas sur le A) et ils modifient le son de la voyelle de la même manière qu'en allemand.
*Dans les textes imprimés, on trouve souvent un double accent aigu à la place de la double apostrophe.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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Jacques
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Message par Jacques »

Double apostrophe pour une voyelle longue : n'est-ce pas ce qu'en allemand on appelle le Umlaut ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

En allemand, d'après ce que j'ai appris, l'Umlaut, c'est le (signe qui ressemble au) tréma (français) et on ne fait pas la différence entre voyelle brève et voyelle longue.
En hongrois, ça peut changer le sens du mot. Par exemple : megörülni veut dire être dans la joie ou être transporté de joie, alors que megőrülni signifie devenir fou, avoir un accès de folie ou perdre la raison.

En hongrois, on trouve également l'accent simple, qui ressemble à une apostrophe (ou à un accent aigu dans les textes imprimés), qui prolonge la voyelle et modifie le son du A et du E, mais là, on s'éloigne du sujet.
(Le a, toujours bref, correspond à un son qui se situe entre notre a et notre o ouvert, le á est un a ouvert et long ; le e, toujours bref, se prononce è, alors que le é est un é long. Agy, c'est le cerveau, ágy, c'est le lit).
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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