Encore et toujours les journalistes

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Jacques-André-Albert
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Encore et toujours les journalistes

Message par Jacques-André-Albert »

Entendu ce soir, sur France 2, à propos des prisonniers thaïlandais qui peuvent voir leur peine diminuée s'ils gagnent un match de boxe :
Deux fois une phrase du type : ceux qui gagnent le match, ils peuvent voir leur peine allégée.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je n'ai pas remarqué, mais je vous crois sur parole. Cela se fait maintenant d'adopter le style populaire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Cela m'a tout l'air de la copie d'une construction anglaise.
André (G., R.)
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Re: Encore et toujours les journalistes

Message par André (G., R.) »

Jacques-André-Albert a écrit : ceux qui gagnent le match, ils peuvent voir leur peine allégée.
L'idée de l'origine anglaise de cette construction redondante m'étonne un peu, jarnicoton. Jusqu'à maintenant je considérais la reprise inutile du sujet par un pronom comme typiquement française. Mais je n'ai pas fait de recherches sur cette particularité. En tout cas je ne lui vois guère d'équivalent en allemand. Ce style populaire peut concerner un groupe nominal remplissant une autre fonction que sujet :
Dans ce café, je n'y mets jamais les pieds.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne suis pas un expert en anglais, mais je n'y vois pas non plus de construction de ce type, tout au moins dans la langue soignée.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Islwyn
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Re: Encore et toujours les journalistes

Message par Islwyn »

Jacques-André-Albert a écrit :Entendu ce soir, sur France 2, à propos des prisonniers thaïlandais qui peuvent voir leur peine diminuée s'ils gagnent un match de boxe :
Deux fois une phrase du type : ceux qui gagnent le match, ils peuvent voir leur peine allégée.
Moi aussi j'y vois une construction typique du français familier. On dira naturellement en anglais « those who win the match will see... », sans répétition du sujet.
Plus généralement, les circonlocutions sont de plus en plus fréquentes en anglais : ne voulant pas appeler un chat un chat, nous avons créé des périphrases ayant l'intention honorable de ne pas diminuer la valeur de gens qui ont une incapacité quelconque, ou qui remplissent des fonctions généralement mal appréciées. De sorte que les « handicapés » deviennent les « moins capables », les « éboueurs » des « opérateurs de récupération », et ainsi de suite. Je ne critique pas tous ces usages, mais il faut dire que dans certains cas les termes utilisés nous éloignent de la réalité...
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Jacques
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Re: Encore et toujours les journalistes

Message par Jacques »

Islwyn a écrit :Plus généralement, les circonlocutions sont de plus en plus fréquentes en anglais : ne voulant pas appeler un chat un chat, nous avons créé des périphrases ayant l'intention honorable de ne pas diminuer la valeur de gens qui ont une incapacité quelconque, ou qui remplissent des fonctions généralement mal appréciées. De sorte que les « handicapés » deviennent les « moins capables », les « éboueurs » des « opérateurs de récupération », et ainsi de suite.
Pour les éboueurs j'ai mieux à proposer ; j'ai vu techniciens en équipement sanitaire que j'ai cité sur le forum assez récemment. Il y a là beaucoup plus de classe.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

À propos (ou peut-être pas), lors de mes premiers séjours en France (fin des années soixante), j'ai remarqué que tous les éboueurs étaient des Noirs, un tel travail étant sans doute déprécié par les autochthones. Les affublant d'un titre moins « ouvrier », et en éliminant les connotations péjoratives qui s'attachaient à leur fonction, la société a sans doute cru faire amende honorable.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce choix était probablement influencé par l'esprit colonialiste, qui méprisait les populations des pays conquis et les considérait comme étant de classe inférieure. On peut supposer aussi que ces malheureux étaient exploités comme main-d'œuvre bon marché.
Aujourd'hui, la réhabilitation ne réside pas dans ces appellations hypocrites et pédantes, mais plutôt dans un état d'esprit, une mentalité de la population en général, qui accorde davantage de considération aux personnes exerçant des métiers difficiles et rebutants et reconnaît leurs mérites.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Un élément géographique doit être également pris en compte : votre observation, Islwyn, ne concerne-t-elle pas davantage la région parisienne ?
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Dans les années cinquante, dans la banlieue parisienne où je vivais, les éboueurs étaient des gens du cru, et on ne les appelait que « les boueux », sans sous-entendre dans ce terme une quelconque nuance péjorative.
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Claude
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Message par Claude »

Appellation tirée de l'anglais, les éboueurs se nomment également les ripeurs.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Appellation tirée de l'anglais, les éboueurs se nomment également les ripeurs.
J'ai déjà entendu ce terme. Pour répondre à JAA, à Paris dans le XXe arrondissement c'étaient aussi les boueux, et ils étaient français.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Islwyn
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Message par Islwyn »

André (G., R.) a écrit :Un élément géographique doit être également pris en compte : votre observation, Islwyn, ne concerne-t-elle pas davantage la région parisienne ?
En l'occurrence, rouennaise. Mais je prends bonne note de ce qu'on a dit plus haut : la valeur des personnes exerçant les métiers pénibles dépend non du titre qu'on leur attribue mais de la dignité que nous leur reconnaissons.
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Claude
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Message par Claude »

J'ignore si c'est plus que régional mais à Besançon ils étaient également appelés les boueux du temps de ma jeunesse.
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