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Publié : jeu. 20 mars 2014, 16:48
par Claude
Ernest de la Coquecigrue a écrit :[...]– Le cheni (ou chenit ou chenil, prononcé chni), du désordre. Je crois que l'expression peut s'entendre dans certaines régions françaises limitrophes : Franche-Comté, Savoie.[...]
En Franche-Comté le chni est plus précisément la poussière qu'on ramasse avec la balayette et la pelle à chni. :wink:

Re: Français de Suisse

Publié : jeu. 20 mars 2014, 17:15
par abgech
Jacques a écrit :...Les citoyens helvètes du forum nous diront peut-être s’il est authentique....
Voici la traduction, en miettes :
Jacques a écrit :...Le natel sonne :
Natel, téléphone portable, un racourci de "National telefon"
Jacques a écrit :– Adieu, c’est Antoine. Je peux venir demain ?
Adieu s'emploie couramment à la place de bonjour, tout au moins dans le canton de Genève et pour les vieux Genevois dont je fais partie. Et, évidemment : "puis-je venir demain ?"
Jacques a écrit :– bien sûr, passe me voir sans autre.
Passe me voir sans autre formalité.
Jacques a écrit :– je prendrai le bogue, la voiture est sur plots
Je prendrai le vélomoteur, la voiture est en panne (sur les plots).
Jacques a écrit :– fais attention aux virolets, la route est dangereuse. Ne va pas t’astiquer
Fais attention aux virages ... ne va pas avoir un accident.
Jacques a écrit :– arrive que plante… Si le jean rosset est de la partie, je profiterai du jardin
Si Jean Rosset est des nôtres
Jacques a écrit :– d’accord, mais je vais faire la poutze d’abord, sinon tu vas encore monter les tours
Je vais nettoyer d'abord, sinon tu vas encore t'énerver. (La poutze est aussi un jeu de carte plus ou moins analogue à la belote).
Jacques a écrit :– fais seulement, je promets de ne pas mettre le cheni, ni de pédzer chez toi jusqu’à minuit.
Fais comme tu le penses, je promets de ne pas faire de désordre (on dit aussi mettre le petchi) ni de m'incruster chez toi jusqu'à minuit.
Jacques a écrit :Et pas question d’être sur Soleure avant de repartir !
Et pas question d'être ivre avant de repartir.
L'expression vient des bateliers du lac de Neuchâtel, allant à Soleure par de grosses chaleurs, ils n'imaginaient pas boire l'eau du lac par crainte de l’assécher. On imagine dans quel état ils étaient en arrivant à Soleure.
Jacques a écrit :– OK ! Si tu y penses, rapporte-moi un fourre à natel, le mien n’en peut plus, je vais le foutre loin.
Si tu y penses, rapporte-moi un étui pour un téléphone portable, le mien est hors d'usage, je vais le jeter.
Jacques a écrit :– d’accord, j’arriverai contre les trois heures. Je te donne un bec. À la prévoyance !
J'arriverai vers trois heures. Je t'embrasse. ä bientôt.


C'était, le Suisse, tel qu'on le parle.

Publié : jeu. 20 mars 2014, 17:27
par Jacques
J'ai la traduction dans mon livret, mais il y avait des énigmes, notamment cette histoire de Soleure qui n'y est pas expliquée.

Publié : jeu. 20 mars 2014, 19:14
par André (G., R.)
Merci, abgech, pour ces explications intéressantes. En auriez-vous une pour « arrive que plante » ?
Une toute petite remarque : « Nationaltelefon », qui ne me semble pouvoir être que de l'allemand, doit s'écrire ainsi, en un seul mot.

Publié : jeu. 20 mars 2014, 19:35
par Jacques
À propos de adieu, qui se dit aussi en France pour bonjour, par opposition à l'autre adieu, j'ai trouvé des explications que je fournis sans garantie :
1 – quand deux personnes se rencontrent, elles se saluent en disant adieu, abréviation de « je vous recommande à Dieu » ;
2 – adieu, qui est un dernier salut, un salut définitif et sans espoir, signifierait « nous nous reverrons auprès de Dieu », c'est-à-dire dans l'autre monde.

Publié : ven. 21 mars 2014, 8:34
par Jacques
Abgech nous a donné le sens des mots. André apporte des précisions sur l’origine germanique d’un bon nombre d’entre eux. Voici le texte tel qu’il est inscrit dans le livret ; il regroupe les données que nous avons :
Le téléphone portable sonne.
– bonjour, c’est Antoine. Je peux venir demain ?
– bien sûr, passe me voir quand tu veux
– je prendrai le scooter, la voiture est sur cales
– fais attention aux virages, la route est dangereuse. Ne va pas te blesser.
– advienne que pourra… Si le soleil est de la partie, je profiterai du jardin.
– d’accord, mais je vais faire le ménage d’abord, sinon tu vas encore t’énerver
– je t’en prie, je promets de ne pas mettre le désordre, ni de rester collé chez toi jusqu’à minuit ; et pas question d’être pompette avant de repartir !
– OK ! Si tu y penses, rapporte-moi une housse de téléphone portable, le mien n’en peut plus, je vais le jeter à la poubelle
– d’accord, j’arriverai à trois heures. Je te fais une bise. À la revoyure !
Il y a quelque chose qui ne colle pas ; ceci : rapporte-moi une housse de téléphone portable, le mien n’en peut plus, je vais le jeter à la poubelle
D’après la phrase c’est le téléphone qui devra aller à la poubelle. Il fallait écrire la mienne n’en peut plus, je vais la jeter.

Publié : ven. 21 mars 2014, 9:17
par André (G., R.)
Voici ce que j'ai trouvé sur un autre forum :

Jean Rosset : expression vaudoise qui signifie "le soleil" désigné ainsi par le météréologue jurassien Jean-Michel de Longchaumois (Jura).
Jean Rosset est un écrivain né en 1937 à Sainte Agnès (Isère), il était aussi sculpteur sur bois... à la tronçonneuse. Il a beaucoup écrit sur ses montagnes :
- La limousine d'Hautecombe.
- Les porteurs de terre.
- Les derniers porteurs de terre.
- L'hiver du Peka.
- Le cercle de Perles.
- Le survivant du Doggerbank.
- Les envoyés du paradis.
Il est aussi, d'où sa célébrité au delà de la frontière franc-comtoise, le co-auteur de l' " Hymne au soleil vaudois ", avec un certain Jean-Villard - dit Gilles - que tout le monde connait puisque ce Gilles en question a écrit le texte d'une autre chanson qui commence ainsi :
"Village au fond de la valée, comme égaré, presque ignoré... Voici qu'en la nuit étoilée, un nouveau né nous est donné...
où il est question d'un certain "Jean-François Nicaud" et où
on entend les cloches pour son baptème, son mariage et son enterrement.
Vous la connaissez tous cette chanson, devenue si populaire grâce à l'immense talent de 10 personnes : 1 femme, pas bien grande mais avec un tempéramment très trempé, et 9 hommes formant un groupe soudé : j'ai désigné Edith Piaf et les Compagnons de la Chanson dans "Les 3 cloches" (musique également de Jean Villard).

Publié : ven. 21 mars 2014, 9:31
par Jacques
C'est curieux, j'avais entendu une version un peu différente du début :
Village au fond de la vallée
Comme égaré, presque ignoré,
Voici qu'après quarante années
Un nouveau-né nous est donné

........................................
Merci en tout cas de cette intéressante anecdote.

Publié : ven. 21 mars 2014, 9:54
par Claude
Jacques a écrit :C'est curieux, j'avais entendu une version un peu différente du début :
Village au fond de la vallée
Comme égaré, presque ignoré,
Voici qu'après quarante années
Un nouveau-né nous est donné

........................................
Merci en tout cas de cette intéressante anecdote.
- Premier couplet : voici dans la nuit étoilée ;
- Deuxième couplet : voici qu'après dix-neuf années ;
- Troisième couplet : voici qu'en la nuit étoilée.

Quant au village au fond de la vallée, il s'agit de la commune de Baume-les Messieurs dans le Jura.

Publié : ven. 21 mars 2014, 9:59
par Jacques
Ou j'ai mal entendu ou j'ai mal retenu.

Publié : sam. 22 mars 2014, 9:41
par André (G., R.)
Jacques a écrit :Le français de Suisse romande est donc influencé par l'allemand, comme celui de Belgique montre parfois des flandrismes.
« Néerlandisme », bien qu’absent des dictionnaires courants, se dit peut-être plus que « flandrisme ».
On peut en effet comparer la situation du français en Wallonie et en Suisse francophone. Ce faisant, je pense aussi à d’autres particularismes régionaux de notre langue, comme ceux d’Alsace et de Basse-Bretagne. Dans ces deux régions on a parlé à certains moments, et l’on parle encore plus ou moins, d’autres langues que le français : les traces qu’elles ont laissées localement sur celui-ci sont bien compréhensibles. Je connais encore quelques Bretons dont la langue maternelle n’est pas le français, qu’ils parlent cependant majoritairement, mais qu’ils produisent un peu par traduction mentale. Le résultat en est par exemple qu’ils utilisent uniquement la préposition « avec » pour introduire le complément d’agent, la préposition bretonne « gant » marquant aussi bien l’accompagnement que l’agent (Nous avions vu cela sur un autre fil). De la même manière le français d’Alsace comporte quantité de décalques de l’allemand (aider à quelqu’un, venir avec…) (Remarque : dans cette région, le dialecte d’origine germanique subit, à l’inverse, une forte influence du français : on n’hésite pas à y employer par exemple des verbes en –ieren rares ou inexistants en allemand, comme « supprimieren »)
La Wallonie et la Suisse francophone n’ont jamais parlé que le français : les influences qu’y ont le néerlandais et l’allemand sur le parler local sont donc d’une autre nature. C’est davantage la proximité géographique (mieux : la géopolitique), qui joue ici un rôle, que le passé linguistique intrinsèque des deux régions.

Publié : sam. 22 mars 2014, 10:16
par Jacques
En un certain sens, on trouve donc sur ces langues vernaculaires une influence du français similaire à celle que le latin eut sur les dialectes gaulois.

Publié : sam. 22 mars 2014, 10:27
par Jacques-André-Albert
Jacques a écrit :En un certain sens, on trouve donc sur ces langues vernaculaires une influence du français similaire à celle que le latin eut sur les dialectes gaulois.
... et réciproquement : on sait maintenant, par exemple, que le mot « aveugle » est une formation gallo-romaine à partir du gaulois « ex ops », traduit littéralement en latin « ab oculis ».
De même, le latin « captivus » a été croisé avec le gaulois « cactos » pour donner « cactivus », avant de faire « chaitif », au moyen âge, puis chétif.
Comparer cactivus > chaitif et factus > fait.

Publié : sam. 22 mars 2014, 10:41
par Jacques
C'est la revanche des irréductibles Gaulois sur les Romains.

Publié : sam. 22 mars 2014, 11:03
par Islwyn
Ce que je me permets d'appeler un « astérixisme ». :o
Terme non reconnu dans les usuels.