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Digital
Publié : mar. 22 avr. 2014, 16:44
par Jacques
Je pense que nous sommes tous d'accord : digital veut dire qui concerne les doigts, ou se fait avec les doigts.
Depuis pas mal d'années déjà cet adjectif est employé à tort, surtout dans les médias, pour exprimer ce qui est en rapport avec les domaines du numérique, par traduction impropre de l'anglais digital, de digit « chiffre ». La cas typique du faux ami converti bêtement par des traducteurs au rabais.
Eh bien il est entériné par l'Académie française : « DIGITAL, -ALE adj. (pl. Digitaux, -ales). XXe siècle. Emprunté de l'anglais digital, dans digital computer, « ordinateur digital », dérivé de digit, « chiffre » (en tant qu'ils étaient primitivement comptés sur les doigts).
INFORM. TECHN. Qui utilise des nombres, numérique. »
Elle ajoute timidement qu'il vaut mieux quand même préférer numérique, mais elle ne condamne pas le barbarisme.
À qui devons-nous encore faire confiance ? Tiens, je vais m'autoriser à créer un néologisme : l'Académie devient barbarismophile et, pourquoi pas ? anglomaniacophile, ce qui nous en fait deux.
Publié : mar. 22 avr. 2014, 17:01
par André (G., R.)
Triste entérinement d'un anglicisme typique et inutile par l'Académie.
Publié : mar. 22 avr. 2014, 17:35
par Jacques
Je perds de plus en plus confiance dans l'assemblée des Quarante, qui, me semble-t-il, ne seraient plus guère que 28, ou suis-je dans l'erreur ? C'est ce qui semble ressortir du vote pour l'admission récente d'un membre, élu par 27 voix sur 28. Quid des 11 autres ?
Publié : mar. 22 avr. 2014, 17:55
par Islwyn
Je l'ai dit et le redis : en tant qu'ancien lexicographe, je souligne que les dictionnaires, quelque vénérables qu'ils soient, ne font qu'enregistrer l'usage. Que cet usage soit mauvais, qu'à cela ne tienne ! À nous autres de s'en servir ou non...
Publié : mar. 22 avr. 2014, 18:26
par Jacques
Vous avez raison, et je l'ai constaté depuis longtemps, mais c'est justement ce qui me choque, car j'ai connu une époque où il en allait autrement ; les dictionnaires étaient des guides du bon français, qui signalaient les mauvais emplois et les déconseillaient, ou parfois même les passaient sous silence afin d'en éviter la propagation. Ils étaient des censeurs. Je pensais, jusqu'à une date récente, que l'Académie remplissait encore ce rôle de conseiller du bon usage, mais elle avoue elle-même être témoin et rapporteur, et pas guide.
Quand il y a une faute aussi flagrante que celle que je signale, elle devrait condamner avec fermeté. Son attitude qui touche au laxisme encourage donc les emplois fautifs.
Publié : jeu. 05 juin 2014, 19:37
par Pautard
Non seulement l'Académie entérine les mauvais usages, mais aussi les responsables hiérarchiques dans l'administration française, au mépris de la loi. Je travaille dans un ministère français, et lors de mon dernier entretien d'évaluation, on m'a fait remarquer que l'on n'avait pas besoin d'éviter les anglicismes. Mon responsable hiérarchique utilise par exemple des expressions telles que « être en capacité de ». Évidemment, je me garde bien de lui faire remarquer cette erreur. Même impression dans Wikipédia. J'ai aussi du mal à faire passer le message à mes enfants, ce qui est le signe que l'école ne joue plus son rôle. Tout cela dénote que nous vivons dans une société laxiste et libertaire. J'ai de plus en plus de mal à le supporter. Que puis-je faire ?
Publié : jeu. 05 juin 2014, 21:48
par Jacques
Triste constat. J'ai déjà remarqué, sur des documents très officiels, l'emploi de barbarismes ; par exemple : « dans le cas X veuillez renseigner le champ 8 de la page 3. »
Pas besoin d'éviter les anglicismes, c'est la capitulation, la conversion servile au charabia. En fait, quand on parle d'anglicismes, il s'agit d'une mode importée surtout d'outre-Atlantique, car c'est le « modèle américain » qui sert de référence.
Que faire ? Je crains que nous ne soyons impuissants. Pour vous défouler, vous pouvez toujours venir en parler ici, vous y trouverez compréhension et sympathie.
N.B. : le lien que vous donnez, et qui semble vouloir mener vers une page traitant de sujets similaires aux nôtres, est invalide et retourne un message d'erreur.
Publié : ven. 06 juin 2014, 7:34
par André (G., R.)
Jacques a écrit :N.B. : le lien que vous donnez, et qui semble vouloir mener vers une page traitant de sujets similaires aux nôtres, est invalide et retourne un message d'erreur.
L'accès au menu est toutefois possible, il suffit de cliquer sur l'un de ses titres.
La servilité à l'égard de tout ce qui vient des États-Unis d'Amérique, linguistiquement parlant, me paraît également extrêmement préoccupante. Il suffit d'être un peu attentif à l'évolution de notre langue pour faire le constat de ce qui est parfois une véritable prostitution, un constat que ne manque pas de faire non plus un spécialiste comme Claude HAGÈGE : « L'anglais détruit notre pensée », écrit-il dans
Contre la pensée unique.
Mais une langue est multiple, variée, changeante. On a vu des anglicismes tomber aussi vite en désuétude qu'ils étaient apparus. Et tout n'est pas immédiatement mesurable : nous qui suivons cela de près et dénonçons ce qui doit être dénoncé avons peut-être quelque influence. Faisons vivre la langue française en utilisant ses immenses moyens et en nous appuyant sans esprit passéiste sur son passé prestigieux. Courage.
Publié : ven. 06 juin 2014, 9:00
par Jacques
Effectivement, le message d'erreur n'empêche pas l'exploration des rubriques.
Sans vouloir vous vexer Pautard, j'aimerais appeler votre attention sur ceci, dans votre présentation : Je suis né en 1958. J'habite dans la région parisienne.
Je constate que l'erreur est pour ainsi dire systématique, partout et dans tous les domaines.
Dans les noms géographiques, si le second élément est un adjectif décrivant une propriété, une qualité, il prend une majuscule alors que le nom n'en a pas : le fleuve Jaune, les montagnes Rocheuses, la mer Morte, l'océan Pacifique...
Si l'adjectif désigne une situation géographique c'est l'inverse : le Massif central, le Bassin aquitain, la Région parisienne.
Je ne me rappelle pas avoir lu l'orthographe correcte depuis bien des années. Ne vous sentez donc pas personnellement visé, j'ai juste profité de l'occasion.
Publié : ven. 06 juin 2014, 22:54
par Pautard
J'accepte bien volontiers toutes les remarques de ce genre, et je viens de corriger la page de présentation.
J'ai également mis à jour le lien. Vous devriez pouvoir consulter la page « Usage de la langue française ».
Publié : sam. 07 juin 2014, 7:29
par Jacques
Le lien fonctionne. Je m'étonne de l'éclectisme de votre site. La langue française est l'un des sujets abordés, mais elle ne domine pas.
Publié : sam. 07 juin 2014, 12:46
par Klausinski
Jacques a écrit :Sans vouloir vous vexer Pautard, j'aimerais appeler votre attention sur ceci, dans votre présentation : Je suis né en 1958. J'habite dans la région parisienne.
Je constate que l'erreur est pour ainsi dire systématique, partout et dans tous les domaines.
Dans les noms géographiques, si le second élément est un adjectif décrivant une propriété, une qualité, il prend une majuscule alors que le nom n'en a pas : le fleuve Jaune, les montagnes Rocheuses, la mer Morte, l'océan Pacifique...
Si l'adjectif désigne une situation géographique c'est l'inverse : le Massif central, le Bassin aquitain, la Région parisienne.
Je ne me rappelle pas avoir lu l'orthographe correcte depuis bien des années. Ne vous sentez donc pas personnellement visé, j'ai juste profité de l'occasion.
Ce que vous dites là m'étonne, Jacques. « Région parisienne » est une dénomination populaire pour Île-de-France, non pas le nom
propre de cette région. Jouette écrit « région parisienne » à l'entrée « parisien » de son dictionnaire d'orthographe. L'Académie écrit « région parisienne » à l'entrée « région » de son dictionnaire. Wikipédia distingue la Région parisienne (région économique) et la région parisienne « région de Paris », ce qui ne me paraît pas bien clair. Enfin, Grevisse, quand il parle de l'usage en Île-de-France, écrit « région parisienne » sans majuscule.
Publié : sam. 07 juin 2014, 13:07
par André (G., R.)
P'têt' ben qu'oui, p'têt' ben qu'non, dirait-on en région normande. Je parle souvent de la région nantaise et n'écrirais alors région en aucun cas avec une majuscule.
Pour la région parisienne, je suis perplexe : on pourrait utiliser les deux graphies, selon que l'on veut ou non marquer qu'on emploie l'expression comme synonyme d'Île-de-France.
Publié : sam. 07 juin 2014, 13:22
par Ernest de la Coquecigrue
Klausinski a écrit :Wikipédia distingue la Région parisienne (région économique) et la région parisienne « région de Paris », ce qui ne me paraît pas bien clair.
Je pense qu'il faut comprendre ici que la région en tant que subdivision administrative, dont la vocation est notamment économique, prend traditionnellement une majuscule. Le TLF semble faire la même distinction (art.
région) :
- b) [Envisagée du point de vue écon.] Synon. de zone. [...] vallées du Rhône et de la Garonne, Midi méditerranéen, Val de Loire et Région parisienne.
[...]
d) Le pays qui est environnant, que l'on habite.
Région + adj. tiré d'un nom propre. Région alpine, méditerranéenne, rhénane; région lyonnaise. Les vallées des rivières sont en effet pénétrantes et conduisent à la région parisienne, telles l'Oise et l'Aisne, plus à l'est, la Meuse.
Grevisse donne une règle semblable :
- La majuscule permet de distinguer une acception particulière d’un nom, notamment :
[...]
Région, comme division administrative en France depuis 1972. Ch.-l. de la Région Picardie (Grand dict. enc. Lar., art. Amiens).
Publié : sam. 07 juin 2014, 13:44
par Jacques
Ernest vous donne la réponse, Klausinski. Il y a deux manières d'envisager la chose : la zone qui entoure Paris est la région parisienne, calque des exemples donnés comme la région nantaise, la région normande... et la Région parisienne, division administrative, entité territoriale. C'est comme pour les points cardinaux : l'est de la France, c'est le côté est, et l'Est ce sont les provinces de Lorraine et d'Alsace.