Féminisations, encore !

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La difficulté que nous avons à féminiser chef rend ce mot bien singulier ! Elle est sans doute liée au premier sens du mot, tête, et au fait qu'il s'est employé longtemps « pour désigner la personne tout entière (avec la notion accessoire de vie), notamment dans les énumérations et recensements » (Robert DHLF), circonstances pour lesquelles le sexe était secondaire. Je ne suis toujours pas totalement persuadé qu'il faille nécessairement créer un féminin de chef (autre que cheftaine, qui concerne le scoutisme et peut prendre par ailleurs une connotation familière et affectueuse, comme vous l'expliquez, Shadock90).
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Jacques
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Message par Jacques »

L'emploi familier et bon enfant de cheftaine est évidemment acceptable dans le milieu familial ou familier, mais il prêterait à rire et donnerait matière à plaisanterie dans un usage courant, hors de ce cercle.
Selon Girodet : « Ce mot n'a pas de féminin. La forme populaire cheffesse doit être évitée. Cheftaine, emprunté à l'anglais cheftain, ne s'emploie que chez les scouts. Il faut éviter de dire la chef, tour populaire. On dit le chef, même en parlant d'une femme. »
Donc, pour confirmer ce que vous dites André, nous sommes dans une voie sans issue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Je ne féminise rien, et quand on me fait une remarque, je réponds qu'au poste de garde je n'étais pas assez bête pour exiger d'être appelé le sentinel.
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Jacques
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Message par Jacques »

jarnicoton a écrit :Je ne féminise rien, et quand on me fait une remarque, je réponds qu'au poste de garde je n'étais pas assez bête pour exiger d'être appelé le sentinel.
Je ne féminise rien non plus en dehors de ce qui est licite et officiel, et je ne cherche pas non plus à masculiniser les noms appliqués à des hommes et qui sont de genre féminin comme celui que vous citez. Cependant, par esprit de tolérance, je respecte sans les épouser les opinions d'autrui quand elles s'appuient logiquement sur la grammaire. C'est alors davantage une affaire d'usage que de règles.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

J’ai lu quelque part que le lexicographe Alain Rey est pour la féminisation des grades, afin de ne pas avoir à écrire des phrases comme le général est enceinte.
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Monsieur Pogo
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Re: Féminisations, encore !

Message par Monsieur Pogo »

Jacques a écrit :(...) Je suis convaincu que les plus acharnés à établir une féminisation forcenée des noms de fonctions, souvent mal conçue et aberrante, sont surtout les hommes...
Avec le même sens de la régularité simplificatrice
qui tend à imposer le féminin en -eure (prononcer -eureuh) pour tous les masculins en -eur, il conviendrait de généraliser l'emploi des formes féminines actives : la délég(u)ante générale,
la chargeante de mission, etc.

Ainsi, il n'est que légitime d'en finir avec l'image scandaleuse de
femmes attachées à la presse (Cf. l’attaché de presse)
(d'autant que leur rôle est bien d'attacher la presse ou de se l'attacher
- pieds et poings liés si possible).

Par exemple avec l'attacheure de presse, on a là un
renversement de la position soumise traditionnellement assignée
à la femme : le participe passé est passif ; le participe présent actif
- et de même les adjectifs et substantifs correspondants !

D’ailleurs, de façon générale, l'instinct suffit à faire sentir qu'il est
des circonstances où il est nettement préférable d'être l'attachant(e)
que l'attaché(e).
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Jacques
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Message par Jacques »

Monsieur Pogo a écrit :J’ai lu quelque part que le lexicographe Alain Rey est pour la féminisation des grades, afin de ne pas avoir à écrire des phrases comme le général est enceinte.
Évidemment, ce genre de phrase a l'air loufoque, même si c'est grammaticalement correct. C'est la démonstration du casse-tête devant lequel on se trouve dans certaines circonstances.
Cependant il est admis que la générale, terme utilisé de longue date, est l'épouse du général et non une femme exerçant la fonction ; même situation pour la colonelle et certains titres officiels : l'ambassadrice est la femme de l'ambassadeur, sauf au sens figuré de « femme représentant à l'étranger un modèle dans un domaine artistique, culturel ou autre ».
Il serait, dans ce cas précis, facile de contourner l'ambigüité en disant simplement « Madame le général est enceinte », sachant que, lorsqu'il y a opposition de genre entre la personne et la fonction, c'est la personne qui a priorité dans l'accord dès lors que son sexe est annoncé ou notoirement connu.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Je voulais simplement éditer mon commentaire, et non point le multiplier !
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce n'est pas grave, j'ai corrigé.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Jacques a écrit :
Monsieur Pogo a écrit :J’ai lu quelque part que le lexicographe Alain Rey est pour la féminisation des grades, afin de ne pas avoir à écrire des phrases comme le général est enceinte.
Évidemment, ce genre de phrase a l'air loufoque, même si c'est grammaticalement correct. C'est la démonstration du casse-tête devant lequel on se trouve dans certaines circonstances.
Cependant il est admis que la générale, terme utilisé de longue date, est l'épouse du général et non une femme exerçant la fonction ; même situation pour la colonelle et certains titres officiels : l'ambassadrice est la femme de l'ambassadeur, sauf au sens figuré de « femme représentant à l'étranger un modèle dans un domaine artistique, culturel ou autre ».
Il serait, dans ce cas précis, facile de contourner l'ambigüité en disant simplement « Madame le général est enceinte », sachant que, lorsqu'il y a opposition de genre entre la personne et la fonction, c'est la personne qui a priorité dans l'accord dès lors que son sexe est annoncé ou notoirement connu.

Gabrielle Roy est un grand écrivain, et Gilbert La Rocque est une plume brillante… Il n'y a rien de sexuel dans ces féminins et masculins, qui sont purement grammaticaux : un homme peut être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille, tandis qu’une femme peut être un mannequin, un tyran ou un génie...

Son Excellence, Votre Seigneurie… Devrait-on masculiniser ces qualificatifs en « Votre Seigneur » ou « Son Excellent » ?

L'usage a féminisé certains substantifs : une pianiste, une avocate, une chanteuse, une directrice, une actrice, une doctoresse. Toutefois, une dame ministresse, proviseuse, médecine ou chevalière contrevient à la clarté et à l’euphonie.
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Jacques
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Message par Jacques »

Tout cela a déjà été dit et redit, sur ce forum et ailleurs. Vous avez donc raison, on ne crée pas des habitudes de langage en imposant ou en créant des règles ; les règles, c'est l'inverse, sont le constat d'une situation existante. C'est l'usage qui façonne la langue, on ne légifère pas sur la grammaire.
Ces exemples que vous donnez sont donc le résultat d'une évolution naturelle. Il faut laisser faire le temps et la pratique.
Dernière modification par Jacques le jeu. 11 sept. 2014, 8:53, modifié 1 fois.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Jacques a écrit :Tout cela a déjà été dit et redit, sur ce forum et ailleurs. Vous avez donc raison, on ne crée pas des habitudes de langage en imposant ou en créant des règles ; les règles, c'est l'inverse, sont le constat d'une situation existante. C'est l'usage qui façonne la langue, on ne légifère pas sur la grammaire.
Ces exemples que vous donnez sont donc le résultat d'une évolution naturelle. Il faut laisser faire le temps et la pratique.
C’est l’usage qui modèle la langue, toutefois les tenants de la rectitude tentent de forcer l’usage en dépit du bon sens.

Ainsi, nous avons dans mon coin de pays un poisson, Moxostoma hubbsi, qui était familièrement connu sans trivialité sous l’appellation de « suceur cuivré ».

Mais, dans un souci de rectitude, en 1998 son nom vernaculaire a été officiellement changé pour « chevalier » afin, mentionne-t-on, d’éliminer toute connotation péjorative (sic) associée au mot « suceur »… (Branchaud et al., 1998).

Et la femelle, devrait-on la baptiser chevalière ?

Réf. :

Branchaud, A., A. D. Gendron, J. F. Bergeron et P. Dumont. 1998. Proposition de changement du nom français du suceur cuivré, lettre adressée à Monsieur Gilles Harvey et datée du 21 janvier 1998, ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec, Direction régionale de la Montérégie, 6 p.

http://bibvir1.uqac.ca/archivage/24272174.pdf
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Jacques
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Message par Jacques »

On ne se relit pas assez, j'avais écrit « sur ce forum est ailleurs » au lieu de et ailleurs.
Le texte est trop long pour moi, je ne peux pas le lire à cause de mon handicap visuel. Évidemment, l'affaire ne concerne pas les Européens, mais chevalier cuivré me paraît être recevable et plutôt élégant. Il y a bien ici un poisson appelé omble chevalier.
Quant aux appellations douteuses et pouvant donner lieu à des interprétations suspectes, nous avons déjà l'exemple d'un animal jadis appelé connil, rebaptisé lapin, mot d'origine inconnue, parce que, paraît-il, il prêtait à des plaisanteries salaces. Nous nous en accommodons fort bien. Et s'il fallait changer les noms peu reluisants, dans le même esprit nous devrions rebaptiser l'orchidée, qui fait clairement allusion à une particularité de l'anatomie masculine sur laquelle* il est bienséant de ne pas insister. Et la porcelaine, nom qui me choque toujours, parce que je me demande comment une chose si belle et si délicate a pu sans que l'on ait de scrupules être affublée d'un terme carrément obscène et vulgaire.
* mea culpa pour avoir laisser passer en outre la quelle en deux mots au lieu de laquelle.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Jacques a écrit :On ne se relit pas assez, j'avais écrit « sur ce forum est ailleurs » au lieu de et ailleurs.
Le texte est trop long pour moi, je ne peux pas le lire à cause de mon handicap visuel. Évidemment, l'affaire ne concerne pas les Européens, mais chevalier cuivré me paraît être recevable et plutôt élégant. Il y a bien ici un poisson appelé omble chevalier.
Quant aux appellations douteuses et pouvant donner lieu à des interprétations suspectes, nous avons déjà l'exemple d'un animal jadis appelé connil, rebaptisé lapin, mot d'origine inconnue, parce que, paraît-il, il prêtait à des plaisanteries salaces. Nous nous en accommodons fort bien. Et s'il fallait changer les noms peu reluisants, dans le même esprit nous devrions rebaptiser l'orchidée, qui fait clairement allusion à une particularité de l'anatomie masculine sur laquelle* il est bienséant de ne pas insister. Et la porcelaine, nom qui me choque toujours, parce que je me demande comment une chose si belle et si délicate a pu sans que l'on ait de scrupules être affublée d'un terme carrément obscène et vulgaire.
* mea culpa pour avoir laisser passer en outre la quelle en deux mots au lieu de laquelle.


Avant cette polémique orchestrée de toute pièce par des bien-pensants puritains, personne dans mon entourage n’avait associé Moxostoma hubbsi à une fellation… D’ailleurs, je n’ose imaginer la tension sexuelle qui ronge l’esprit de ceux qui se troublent en songeant à une carpe.


Je compatis avec votre problème visuel ; j’ai moi-même souffert d’un décollement rétinien qui a été malheureusement soigné tardivement (C’est que dans notre cambrousse, en dehors de Montréal on y pratique une médicine de guerre : il faut que ça saigne, ou que ça se nécrose pour que l’on s’occupe de vous –Hélas, je caricature à peine…).
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Jacques
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Message par Jacques »

Il y aura toujours les deux extrêmes, des puritains et des esprits mal tournés.
Merci de votre sympathie, mais laissons cela.
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