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Déceptif

Publié : mar. 21 juil. 2015, 9:28
par angeloï
Ce mot, qui veut dire "illusoire", "trompeur", voire "décevant", semble être entré dans le vocabulaire des "élites" françaises (un ministre important l'a employé récemment dans un entretien accordé à un hebdomadaire français : "la démocratie est-elle forcément déceptive ?").

C'est une francisation ridicule et inutile de "deceptive" en anglais. Le mot a existé en français, amis est sorti depuis cinq siècles de l'usage (dixit l'Académie). De toutes façons, son retour n'est pas un archaïsme, mais un décalque de l'anglais.

Publié : mar. 21 juil. 2015, 9:35
par André (G., R.)
Comment un ministre ose-t-il maltraiter sa langue ainsi ?

Publié : mar. 21 juil. 2015, 10:29
par Jacques-André-Albert
André (G., R.) a écrit :Comment un ministre ose-t-il maltraiter sa langue ainsi ?
Ce laisser-aller peut participer, pour certaines personnes, de la défiance à l’égard du monde politique, bien décrédibilisé par ailleurs.

Publié : mar. 21 juil. 2015, 11:03
par Yeva Agetuya
En l'occurrence, c'est le ministre qui se pique de ne pas parler la même langue que le peuple.

Publié : mar. 21 juil. 2015, 11:22
par Islwyn
À propos de déceptif, j'espère que le français n'adoptera pas par la suite le contresens qui est fréquent en anglais dans l'emploi de la forme adverbiale. On lit presque inéluctablement qu'un appartement, par exemple, « is deceptively spacious », ce qui exprime le contraire du sens voulu : « l'appartement peut paraître spacieux mais ne l'est en réalité pas ». Les agents immobiliers qui utilisent cette formule semblent croire qu'elle signifie : « l'appartement ne paraît pas spacieux mais vous vous trompez, il l'est ». Il est vrai que le langage immobilier, si j'ose m'exprimer ainsi, exige toujours un certain scepticisme.

Publié : mar. 21 juil. 2015, 13:35
par Perkele
Islwyn a écrit :À propos de déceptif, j'espère que le français n'adoptera pas par la suite le contresens qui est fréquent en anglais dans l'emploi de la forme adverbiale. On lit presque inéluctablement qu'un appartement, par exemple, « is deceptively spacious », ce qui exprime le contraire du sens voulu : « l'appartement peut paraître spacieux mais ne l'est en réalité pas ». Les agents immobiliers qui utilisent cette formule semblent croire qu'elle signifie : « l'appartement ne paraît pas spacieux mais vous vous trompez, il l'est ». Il est vrai que le langage immobilier, si j'ose m'exprimer ainsi, exige toujours un certain scepticisme.
C'est un peu comme les coquettes chambrettes et les maisons avec un charme fou. ;)

Publié : mar. 21 juil. 2015, 13:41
par Perkele
Je me suis laissé dire qu'en Suisse on pouvait être "déçu en bien".

Amis suisses qui passez par là, pourriez-vous confirmer ou infirmer ?

Publié : mer. 22 juil. 2015, 13:04
par Manni-Gédéon
En effet, j'ai entendu cette expression, mais probablement ailleurs qu'à Genève. Il semble que c'est une vaudoiserie et que sa signification est plus subtile qu'on ne l'imagine (hors du canton de Vaud).

J'ai trouvé une explication sur le site d'un magazine suisse romand :
"déçu en bien" : voilà une magnifique expression plus vaudoise que romande. C’est assez compliqué à comprendre, moi-même j’ai mis plusieurs mois à bien en saisir la signification mystique… mais maintenant que j’y suis parvenu, je puis vous livrer le terrible secret. Vous connaissez l’expression "être surpris en bien". Celle-ci en est un dérivé, et illustre tout le pessimisme vaudois : elle s’utilise pour qualifier quelque chose dont on est déçu… mais pas autant qu’on le pensait ! Je trouve cela plein de poésie. Ainsi, si la Nati joue contre l’équipe de France et perd 0-3 alors qu’on s’attendait à une défaite du style 0-5, vous pourrez dire fièrement : "ah ben je suis déçu en bien !".

Publié : mer. 22 juil. 2015, 13:49
par Jacques-André-Albert
Cette tournure me fait penser à l'expression québécoise « Beau dommage » qui signifie bien sûr, certainement, bien d'accord, pas de problème.

Publié : mer. 22 juil. 2015, 16:20
par Perkele
Manni-Gédéon a écrit :En effet, j'ai entendu cette expression, mais probablement ailleurs qu'à Genève. Il semble que c'est une vaudoiserie et que sa signification est plus subtile qu'on ne l'imagine (hors du canton de Vaud).

J'ai trouvé une explication sur le site d'un magazine suisse romand :
"déçu en bien" : voilà une magnifique expression plus vaudoise que romande. C’est assez compliqué à comprendre, moi-même j’ai mis plusieurs mois à bien en saisir la signification mystique… mais maintenant que j’y suis parvenu, je puis vous livrer le terrible secret. Vous connaissez l’expression "être surpris en bien". Celle-ci en est un dérivé, et illustre tout le pessimisme vaudois : elle s’utilise pour qualifier quelque chose dont on est déçu… mais pas autant qu’on le pensait ! Je trouve cela plein de poésie. Ainsi, si la Nati joue contre l’équipe de France et perd 0-3 alors qu’on s’attendait à une défaite du style 0-5, vous pourrez dire fièrement : "ah ben je suis déçu en bien !".
Vu sous cet angle...

Publié : mer. 22 juil. 2015, 16:22
par Perkele
Jacques-André-Albert a écrit :Cette tournure me fait penser à l'expression québécoise « Beau dommage » qui signifie bien sûr, certainement, bien d'accord, pas de problème.
Nous avons également une ambiguïté de ce genre avec "sans doute"