Dans tous ses états

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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

Mais j'ai passé la nuit et je suis passé par là n'ont pas le même genre de complément, me semble-t-il.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

On dit aussi :
- Je suis/ai passé par là.
http://www.francaisfacile.com/forum/lir ... re+pass%E9
Selon Littré :
1. Passer, verbe neutre, se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'acte ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : Il a passé en Amérique en tel temps ; il est passé en Amérique depuis tel temps ; le cortége a passé par cette rue ; il y a une heure qu'il est passé.
"Despréaux, parlant à des nobles entichés de leurs aïeux : Savez-vous, dit-il.... si leur sang tout pur, ainsi que leur noblesse, Est passé jusqu'à vous de Lucrèce en Lucrèce ; je crois qu'a passé valait mieux", [D'Olivet, Rem. Racine, § 28]
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Je suis d'autant plus étonné de me voir reprendre sur mon emploi, avec passer, de l'auxiliaire avoir que je me sers plus souvent de l'auxiliaire être ! Merci quand même pour ces échanges.
Quantum mutatus ab illo
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Mes interlocuteurs angevins ou poitevins utilisent un système cohérent qui s'applique à tous les verbes.
Avec tomber, par exemple :
- il a tombé et il s'est fait mal (il s'est relevé)
- il est tombé, aidez-moi à le remettre sur pieds.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Oui, c'était le système de l'ancienne langue aussi. Force est d'admettre qu'aujourd'hui, en français courant, seul l'auxiliaire "être" serait normalement utilisé dans les deux situations, ce qui est assez regrettable.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Moi aussi je trouve cela regrettable, et je pense que l'école est pour beaucoup dans cette évolution. Quand j'étais enfant, les instituteurs faisaient la chasse à l'auxiliaire avoir dans de tels emplois.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Claude
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Message par Claude »

Je suppose que « J'ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin... » devait faire partie du système de l'ancienne langue.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Bien sûr, puisque la chanson raconte une histoire passée : « j'en n'avais pas cueilli trois brins qu'un rossignol vint sur ma main. »
Je suis descendue dans mon jardin impliquerait que la personne y est encore.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Enfant, dans la Sarthe, je ne disais que « J'ai tombé », « J'ai passé (par le chemin de derrière) » « J'ai descendu » (à la cave) et n'entendais guère que cela. Mais mon instituteur et les « gens de la ville » m'ont incité à ne plus utiliser que l'auxiliaire être pour ces verbes, dès que j'ai eu une dizaine d'années. Expérience proche, géographiquement pour le moins, de la vôtre, JAA. J'ai déjà dit ici l'émotion que me procure avec l'âge la prise de conscience du fait que mon parler patoisant d'alors était en grande partie du vieux français.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Les patois n'ont rien de méprisable. Ce sont les descendants des dialectes qu'on parlait en France au moyen-âge, avant qu'un pouvoir centralisateur n'impose une langue commune.
Mais les formes dont je vous parle sont encore bien vivantes dans les campagnes angevines, que je fréquentais précédemment, et ici dans les Deux-Sèvres, et même en français de tous les jours (c'est à dire en dehors du patois).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques-André-Albert a écrit :Bien sûr, puisque la chanson raconte une histoire passée : « j'en n'avais pas cueilli trois brins qu'un rossignol vint sur ma main. »
Je suis descendue dans mon jardin impliquerait que la personne y est encore.
Peut-être faudrait-il toutefois accepter qu'en français contemporain ce ne soit plus le cas : si l'on pense à d'autres verbes intransitifs exprimant un déplacement, comme aller ou venir, on ne peut aucunement les imaginer conjugués avec l'auxiliaire avoir.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

André (G., R.) a écrit :Peut-être faudrait-il toutefois accepter qu'en français contemporain ce ne soit plus le cas : si l'on pense à d'autres verbes intransitifs exprimant un déplacement, comme aller ou venir, on ne peut aucunement les imaginer conjugués avec l'auxiliaire avoir.
votre remarque sur les verbes aller et venir est juste. Quant à l'expression « français contemporain » que vous utilisez, elle me fait réagir : les nombreuses personnes que je rencontre et qui font la nuance entre les auxiliaires avoir et être ne parleraient pas un français contemporain ? Qu'ils ne se plient à la norme imposée par l'école, soit, mais ces gens bien vivants sont bien de leur époque.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Vous me voyez bien embarrassé. Je l'ai dit, j'ai employé moi-même passer, descendre, tomber... avec avoir, parce que j'entendais cela. Mais il me semble que cette pratique se raréfie et je lis dans le Robert en six volumes :
DESCENDRE. [...] REM. [...] Descendre, v. intr. se conjugue avec être quand il désigne le résultat d'une action. LITTRÉ enseignait qu'il se conjugue avec avoir quand il marque une action. L'ACADÉMIE (8e éd.) admet dans ce cas être aussi bien qu'avoir. L'usage actuel tend à n'employer toujours que l'auxiliaire être.
Peut-être le mal est-il fait...
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