https://cercamon.net/2009/12/17/racine- ... aine-1661/J’avois commencé dès Lyon à ne plus guère entendre le langage du pays, et à n’être plus intelligible moi-même. Ce malheur s’accrut à Valence, et Dieu voulut qu’ayant demandé à une servante un pot de chambre, elle mît un réchaud sous mon lit. Vous pouvez vous imaginer les suites de cette maudite aventure, et ce qui peut arriver à un homme endormi qui se sert d’un réchaud dans ses nécessités de nuit. Mais c’est encore bien pis dans ce pays. Je vous jure que j’ai autant besoin d’un interprète, qu’un Moscovite en auroit besoin dans Paris. Néanmoins je commence à m’apercevoir que c’est un langage mêlé d’espagnol et d’italien; et comme j’entends assez bien ces deux langues, j’y ai quelquefois recours pour entendre les autres et pour me faire entendre. Mais il arrive souvent que je perds toutes mes mesures, comme il arriva hier qu’ayant besoin de petits clous à broquette pour ajuster ma chambre, j’envoyai le valet de mon oncle en ville, et lui dis de m’acheter deux ou trois cents de broquettes; il m’apporta incontinent trois bottes d’allumettes.
Je pensais que la Révolution avait marqué un pas important vers la généralisation de l'usage du français dans toute l'étendue du territoire métropolitain, mais je suis tombé tout récemment sur ce passage de Théophile Gautier, se rendant en Algérie et traversant la France de Paris à Marseille pendant l'été de 1845. Il écrit encore :
https://books.google.fr/books?id=hXHteS ... &q&f=falseQuand on ne sait que le parisien, on a besoin d'un drogman en France, comme si l'on était dans les échelles du Levant. La majorité des Français parle d'affreux charabias aussi parfaitement inintelligibles pour nous que du chinois ou de l'algonquin.
Quel progrès depuis, même si l'on peut regretter que beaucoup de patois aient quasiment disparu du fait de la généralisation du français.