L'accord des adjectifs de couleurs

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Perkele
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L'accord des adjectifs de couleurs

Message par Perkele »

Je ne vous fais pas l'injure de m'imaginer un seul instant que les règles d'acord des adjectifs de couleurs vous soient inconnues.

Je me demande seulement si la façon dont on l'énonce à l'école ne pourrait pas être simplifiée, notamment en cherchant bien si les mots qui sont donnés comme exceptions, sont bien des exceptions.

Je m'explique.
Tout d'abord, rappel de la règle :
1/ Les adjectifs de couleurs composés sont invariables : des voitures bleu gris ; des fauteuils jaune cerise ; des chevaus alezans ou zains.

2/ Lorsque les couleurs sont décrite à travers un adjectif qui désigne une couleur, celui-ci s'accorde : des rubans verts, des chemises violettes, des coussins rouges.

3/ Lorsque les couleurs sont décrites à travers un objet, une fleur, un fruit, etc. en transformant le nom de cet objet en adjectif, celui-ci reste invariable : des chemises orange, des chaussures marron, des yeux turquoise.
C'est là que les cahiers d'école font apparaître les exceptions, dont "fauve" qui n'en est pas une puisqu'il s'agit de la couleur jaune-roux, du latin "flavus" = jaune or. Il est donc normal qu'il s'accorde. "Incarnat" est également donné comme exception alors qu'il vient du latin "carne" et désigne la couleur de la chair. De même "écarlate" et "pourpre" me semblent être avant tout des couleurs, bien qu'ayant désigné d'abord des étoffes de ces couleurs.

Et je me demandais si l'on ne pourrait pas trouver le même argument pour l'autre exception donné : "rose".

En effet, la fleur rose n'a existé qu'à partir du moment où l'être humain l'a créée en greffant l'églantier, n'est-ce pas. C'est à ce moment-là qu'il l'a nommée et sans doute d'un nom en rapport avec sa couleur... :roll:

Qu'en pensez-vous ?
Dernière modification par Perkele le ven. 03 nov. 2006, 7:32, modifié 1 fois.
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cyrano
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Message par cyrano »

Ma réponse sera surtout pragmatique: quand on a un enfant ou un jeune qui en est à se demander comment accorder "pourpre" ou "écarlate", on a bien de la chance par les temps qui courent...

Moi-même, chaque fois que je suis en présence d'un cas "limite", je dois aller vérifier. Vous ne me faites aucunement injure en vous imaginant que je ne connais cette règle que très imparfaitement. :oops:

Si j'étais enseignant, il me semble donc que je m'en tiendrais aux grandes lignes telles que vous les avez rappelées, en ajoutant le cas de "rose" parce qu'il est tout de même très courant, et que pour le reste je dirais à mes élèves: si vous hésitez pour "fuschia", eh bien vérifiez dans une bonne grammaire !
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Claude
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Re: L'accord des adjectifs de couleurs

Message par Claude »

Perkele a écrit :3/ Lorsque les couleurs sont décrites à travers un objet, une fleur, un fruit, etc. en transformant le nom de cet objet en adjectif, celui-ci reste invariable : des chemises orange, des chaussures marron, des yeux turquoise.
Afin de simplifier la vie des écoliers, je ne citerais même pas les exceptions telles qu'écarlate, pourpre, incarnat, vermeil ; il y en a peut-être 99 % qui pensent tout naturellement que ce sont des adjectifs et non des choses concrètes, donc inutile d'attirer l'attention.
Je citerais fauve en le justifiant avec l'explication de Perkele. Je n'évoquerais pas rose qui dans l'esprit est un adjectif de couleur avant de penser à la fleur, d'autant plus que la rose est aussi bien blanche, orange, bleue, jaune (j'en oublie).
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Perkele
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Message par Perkele »

C'est bien pour cela que j'aimerais prouver que la couleur est antérieure à la fleur.

Je sais, jes sais... :roll:
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Ogier de la Gueusaille

Re: L'accord des adjectifs de couleurs: pas facile!

Message par Ogier de la Gueusaille »

claude a écrit : Afin de simplifier la vie des écoliers, je ne citerais même pas les exceptions telles qu'écarlate, pourpre, incarnat, vermeil (...) Je citerais fauve en le justifiant avec l'explication de Perkele. Je n'évoquerais pas rose qui dans l'esprit est un adjectif de couleur avant de penser à la fleur, d'autant plus que la rose est aussi bien blanche, orange, bleue, jaune (j'en oublie).
«Afin de simplifier la vie des écoliers...» dites-vous? Sans même gougueliser, je peux vous affirmer qu'il ne s'agit pas là d'une condition à l'emploi du conditionnel «je citerais» et qu'un simple futur de l'indicatif «je citerai» aurait suffi. :roll: À ne pas confondre, bien sûr, avec la proposition «S'il fallait simplifier la vie des écoliers... » qui, elle, introduit une condition et entraîne l'emploi du conditionnel :twisted: . Dans ce cas, « je ne citerais (cond) même pas les exceptions... ».
Oserais-je, tout nouvel intervenant sur Français notre belle langue, préciser que, parmi tous les mots que vous citez, tous noms communs ET adjectifs, seul «orange» est invariable lorsqu'il est adjectif? :oops:
Quant à écrire que 99% des écoliers ne savent pas que pourpre, écarlate, incarnat, vermeil sont AUSSI des substantifs… :lol: c’est se montrer bien optimiste sur la culture écrite du reste de la population. À certains égards, l’inverse ne me surprendrait pas : les gamins en sauraient plus que leurs parents sur le sujet, et c'est peu, je vous l'accorde. :twisted:
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Message par Perkele »

Pourquoi m'agressez-vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Perkele a écrit :Pourquoi m'agressez-vous ?
J'éprouve le même sentiment que vous.
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Re: L'accord des adjectifs de couleurs: pas facile!

Message par Claude »

Ogier de la Gueusaille a écrit : «Afin de simplifier la vie des écoliers...» dites-vous? Sans même gougueliser, je peux vous affirmer qu'il ne s'agit pas là d'une condition à l'emploi du conditionnel «je citerais» et qu'un simple futur de l'indicatif «je citerai» aurait suffi. :roll: À ne pas confondre, bien sûr, avec la proposition «S'il fallait simplifier la vie des écoliers... » qui, elle, introduit une condition et entraîne l'emploi du conditionnel :twisted: . Dans ce cas, « je ne citerais (cond) même pas les exceptions... ».
Quand je pense que toute ma vie j'ai pris comme base de la concordance des temps l'expression si j'aurais su j'aurais pas v'nu :lol: .
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Message par Perkele »

Si je vous comprends bien, Ogier de la Gueusaille, vous soutenez qu'un complément de circonstances (comme : "Sans son travail, il s’ennuierait." ou "À l’entendre, il serait sûr de sa promotion." ne justifient pas l'emploi du conditionnel ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Ogier de la Gueusaille

Message par Ogier de la Gueusaille »

Perkele a écrit :Si je vous comprends bien, Ogier de la Gueusaille, vous soutenez qu'un complément de circonstances (comme : "Sans son travail, il s’ennuierait." ou "À l’entendre, il serait sûr de sa promotion." ne justifient pas l'emploi du conditionnel ?
Perkele a écrit :
Aux compléments de circonstances on fait tant dire... il était même traditionnel de mettre dans cette catégorie tous les compléments qui ne trouvaient pas leur place ailleurs. Néanmoins, votre argument serait probant à quelques détails près:
— Sans son travail, il s'ennuira. (Il part à la retraite. Tel que nous le connaissons, il s'ennuira). La chose est sûre, on emploie l'indicatif. :cry:
— Sans son travail, il s'ennuirait. (Il est question de le mettre en pré-retraite. C'est une hypothèse). Il y a une condition implicite: s'il n'avait plus son travail... c'est le conditionnel qui convient. :(
Mais ne serait-ce point le même comp. de circ. qui introduirait deux modes verbaux différents? :roll:

Et on recommence, avec un second comp. de circ. mais, là, j'ai bien peur que vous n'appréciiez pas mon très humble avis : "À l’entendre, il serait sûr de sa promotion."est une formulation erronée.
Il n’a aucun doute sur la réalité de sa promotion et, par conséquent «il serait sûr de sa promotion» ne convient pas. En revanche: «Il serait question de sa promotion mais il est bien le seul à y croire ferme». On déplace l'incertitude vers la réalité de sa promotion tout en énonçant que lui y croit. Renseignez-vous, je n'ai peut-être pas tort :wink:

Z’avez d’autres exemples déstabilisants ?:twisted:

P.-S., mon intervention précédente, qui manquait de diplomatie, j'en conviens, ne vous était nullement destinée. D'autant qu'il m'a semblé que
vous étiez très au point sur les adj. de couleurs :twisted:
Qui aime bien corrige bien. J'adore tous les maîtres Capelo qui sont montés aux créneau pour défendre le français écrit. Parfois mal armés:D
J'adorerais qu'on s'occupe de mes propres bévues :evil:
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Perkele
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Message par Perkele »

Ogier de la Gueusaille a écrit :J'adorerais qu'on s'occupe de mes propres bévues :evil:
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas là pour cela.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
cyrano
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Message par cyrano »

Ogier de la Gueusaille a écrit :J'adorerais qu'on s'occupe de mes propres bévues :evil:
Celle-ci, par exemple?
"Sans son travail, il s'ennuira" - "Sans son travail, il s'ennuirait" :roll:
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Ogier de la Gueusaille

Message par Ogier de la Gueusaille »

cyrano a écrit :
Ogier de la Gueusaille a écrit :J'adorerais qu'on s'occupe de mes propres bévues :evil:
Celle-ci, par exemple?
"Sans son travail, il s'ennuira" - "Sans son travail, il s'ennuirait" :roll:
Silly me! CelleS-ci, tout précisément, et j'en vois même deux! :oops: :oops: :oops: :J'avais pas trouvé le correcteur orthographique sur achyra.org... :oops: :oops: Bravo Cyrano! z'avez compris tout d'suite la règle du jeu :lol: Il n'empêche que l'exemple de complément circonstanciel donné par Perkele n'entraîne toujours pas automatiquement l'emploi du conditionnel ou de l'indicatif. :lol:
J'aurai plaisir à lire attentivement vos prochains posts :twisted:
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Jacques
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Message par Jacques »

Un sujet de réflexion sur la phrase « Sans son travail il s'ennuirait ».
On peut envisager soit le conditionnel présent, soit le futur de l'indicatif selon les circonstances :
– si le monsieur est sur le point de partir en retraite, on envisage la situation à venir : quand il aura quitté l'activité professionnelle, il sera gagné par l'ennui. Donc, sans son travail, il s'ennuira quand le moment sera venu ;
– il n'est nullement question de départ, on pose simplement une évidence, une vérité : il a besoin de son travail pour s'occuper et ne saurait que faire s'il ne l'avait pas ; donc, sans son travail (s'il n'avait pas son travail) il s'ennuirait.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Axelle

Message par Axelle »

J'ai une question, un peu hors sujet, mais de circonstance (hem...)

Je vous vois écrire "il s'ennuira" et "il s'ennuirait". Personnellement j'écris "il s'ennuiera" ou "il s'ennuierait". Les deux orthographes sont-elles permises? Je préfère vous suggérer cette solution plutôt que de devoir admettre que je me plante :wink:
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