Opinion sur le temps de verbe s.v.p. Merci!!!

Invité

Message par Invité »

Dans le vers de Hugo, il est manifeste qu'une gerbe n’est ni avare ni haineuse, pour la raison que ces attributs se réfèrent non à la chose mais à Booz, dont le nom précisément est escamoté. Il y a substitution de dénomination. C’est la métonymie. (Définition : La "métonymie" s'analyse en une figure de style qui consiste à désigner un objet par un autre terme que celui qui est habituellement employé, et qui lui est associé par contiguïté: c'est, par exemple, prendre une partie pour le tout et dire "une voile à l'horizon" pour évoquer un bateau; c'est aussi prendre la matière pour l'objet et dire "croiser le fer" pour décrire un combat…)
La question est simple, à quoi ça sert ? Qu’est-ce que ça apporte de plus au poème ? Pourquoi parler de gerbe plutôt que de Booz ? C’est là tout l’art, je veux dire c’est là, dans cet exemple, relativement connu, que la métonymie va jouer son rôle, tout son rôle à la fois d’usurpatrice (mot pour un autre), d’enjôleuse (effet de séduction, de simplicité, de sidération) et d’enrôleuse (elle entraîne, emporte, vous fait aller de l’avant, la gerbe est là et bien là, il faut faire avec et avec le supplément de sens qui en découle, la gerbe magnifique qui annonce une paternité improbable).
Voilà ce que je voulais dire, sans trop d’explication de texte. Enfin c’est quand même des trouvailles d’auteur, non ? Ca ne vous convainc pas Jac ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Ma foi j'accepte volontiers votre analyse, et je relirai le poème dès que j'aurai un instant afin d'y retrouver ce que vous nous expliquez. La métonymie, habituellement, se montre sans artifices. Quand on parle de « manger un pot de confitures », elle apparaît sans ambigüité. Quand on dit les cuivres en parlant des instruments à vent d'un orchestre, la métonymie est flagrante : on désigne ces instruments par le nom de la matière dans laquelle ils sont faits, bien qu'il y ait là une appellation impropre puisqu'il s'agit de laiton. Mais Hugo ne pouvait pas s'exprimer comme le commun des mortels.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Axelle

Message par Axelle »

Merci pour vos explications amourdéliceetorgue, me voici satisfaite. Pour ma part, je suis convaincue :D

Il est vrai que la métonymie est ici plus subtile, adroitement placée et, comme vous le suggérez, elle nous emporte vers une image improbable et pourtant sensée.
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Claude
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Message par Claude »

jac a écrit :Quand on dit les cuivres en parlant des instruments à vent d'un orchestre, la métonymie est flagrante : on désigne ces instruments par le nom de la matière dans laquelle ils sont faits, bien qu'il y ait là une appellation impropre puisqu'il s'agit de laiton.
Je vais même plus loin ; le saxophone fait partie des bois.
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Jacques
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Message par Jacques »

On dit donc « les bois » en parlant de certains instruments de musique ? Je ne savais pas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

jac a écrit :On dit donc « les bois » en parlant de certains instruments de musique ?
Voilà ce qui est dit dans Wikipédia :
Bien que métallique, le saxophone appartient à la famille des bois (à cause de sa source de vibrations, l'anche) même s'il est parfois par abus de langage considéré comme faisant partie de l'ensemble des cuivres (où la vibration est produite par les lèvres dans une embouchure), notamment en jazz.
Le TLF le classe dans la famille des cuivres.
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Perkele
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Message par Perkele »

Et le saxo ténor de mon papa était en argent.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Votre papa était donc musicien. STOP
Je me demande si nos mères ne mettaient pas quelques gouttes d'aptitude à la digression dans nos biberons :lol:.
Nous partons de la question indicatif ou subjonctif ; nous passons allègrement à la métonymie pour terminer notre course dans la fosse d'orchestre :lol:
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous ne sommes pas encore très éloignés, car la musique nous a servi d'exemple de métonymie. Cependant vous avez raison, ne digressons pas plus loin. Il faut savoir rester dans la juste mesure.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

jac a écrit :Il faut savoir rester dans la juste mesure.
Avec le saxo en argent ? (Là, vous m'avez tendu la perche :lol: )
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