pause et ponctuation
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
pause et ponctuation
Je reviens vers vous après une longue absence. Mes anciens messages concernaient la théorie de l’écriture euphonique qui fut diversement appréciée sur le forum, mais avait donné lieu à une discussion intéressante. Depuis, j’ai fait subir une certaine évolution à cette théorie. Plutôt que de vous la proposer sous une forme listée de préconisations, je voudrais utiliser une autre maïeutique.
Donc, voilà mon premier questionnement à partir d’un exemple en prose:
L’averse, élixir bénéfique, arrosait les champs.
Plusieurs possibilités de prononciation sont imaginables. Indiquez-moi pour chaque proposition ci-dessous si vous la considérez comme idoine, obligatoire ou incorrecte. Le cas échéant, indiquez la meilleure.
-pause courte après averse et après bénéfique
-pause courte après averse uniquement
-pause courte après bénéfique uniquement
-aucune pause
Donc, voilà mon premier questionnement à partir d’un exemple en prose:
L’averse, élixir bénéfique, arrosait les champs.
Plusieurs possibilités de prononciation sont imaginables. Indiquez-moi pour chaque proposition ci-dessous si vous la considérez comme idoine, obligatoire ou incorrecte. Le cas échéant, indiquez la meilleure.
-pause courte après averse et après bénéfique
-pause courte après averse uniquement
-pause courte après bénéfique uniquement
-aucune pause
Dernière modification par claude_ferrandeix le lun. 15 nov. 2021, 14:52, modifié 1 fois.
Re: pause et ponctuation
Est-ce vous qui vous mélangez les pinceaux ou moi qui ne suis pas, mais je ne comprends pas d'où sortent la sève et les végétaux qui ne sont pas présents dans votre exemple "L’averse, élixir bénéfique, arrosait les champs."
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
Erratum effectivement, veuillez m'excuser. j'ai mélangé 2 phrases. Voilà qui est réparé dans le message précédent, néanmoins je réitère l'exemple dans le présent message:
Pour la phrase suivante en prose:
L’averse, élixir bénéfique, arrosait les champs.
Plusieurs possibilités de prononciation sont imaginables. Indiquez-moi pour chaque proposition ci-dessous si vous la considérez comme idoine, obligatoire ou incorrecte. Le cas échéant, indiquez la meilleure.
-pause courte après averse et après bénéfique
-pause courte après averse uniquement
-pause courte après bénéfique uniquement
-aucune pause
Pour la phrase suivante en prose:
L’averse, élixir bénéfique, arrosait les champs.
Plusieurs possibilités de prononciation sont imaginables. Indiquez-moi pour chaque proposition ci-dessous si vous la considérez comme idoine, obligatoire ou incorrecte. Le cas échéant, indiquez la meilleure.
-pause courte après averse et après bénéfique
-pause courte après averse uniquement
-pause courte après bénéfique uniquement
-aucune pause
Re: pause et ponctuation
La meilleure pour moi : pause courte après averse et après bénéfique.
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
Très bien. Les règles que nous signale Bernard par les liens me paraissent très cohérentes sur le plan grammatical et explicites. Attendons encore d'autres réponses. J'ai oublié de préciser: testez bien oralement l'effet produit dans tous les cas en déclamant. Comme le disait Flaubert, pour juger en littérature ce qui est idoine, rien de tel que l'épreuve du gueuloir.
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
2 réponses au sujet proposé sur 46 visionnements du sujet, ce qui est peu. Continuons cependant. Je vous pose maintenant la même question à propos de l’alexandrin suivant (qui obéit aux règles classiques)
Comment le prononceriez-vous idoinement?
Le chêne, ami de l’Homme, étend ses longs rameaux.
-pause courte après “chêne” et après “Homme”
-pause courte après “chêne” uniquement
-pause courte après “Homme” uniquement
-aucune pause
Comme auparavant, je vous suggère de le déclamer à haute voix.
Vous pouvez indiquer d’autres particularités vocales de sa déclamation qui soient préconisées.
Comment le prononceriez-vous idoinement?
Le chêne, ami de l’Homme, étend ses longs rameaux.
-pause courte après “chêne” et après “Homme”
-pause courte après “chêne” uniquement
-pause courte après “Homme” uniquement
-aucune pause
Comme auparavant, je vous suggère de le déclamer à haute voix.
Vous pouvez indiquer d’autres particularités vocales de sa déclamation qui soient préconisées.
Re: pause et ponctuation
Pause courte après “chêne” et après “Homme” comme précédemment, je ne vois pas pourquoi ce serait différent....
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
Attendons d'autres avis. Je rappelle qu'il s'agit d'un alexandrin classique et qu'il peut être utile de se reporter aux règles de l'alexandrin classique.
- Perkele
- Messages : 12914
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Re: pause et ponctuation
Au XVIIIe siècle, l'alexandrin n'acceptait qu'une pause à la césure.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
Oui, ce qui montre justement la contradiction car à cette époque le e caduc au niveau de l’hémistiche, n’est permis que s’il y a élision et d’autre part, la règle d’évitement des hiatus est formulée par Boileau lui-même:
Que toujours dans vos vers le sens coupant les mots,
Suspende l’hémistiche, en marque le repos.
Gardez qu’une voyelle à courir trop hâtée
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée.
Et, de toute manière, on a continué, bien après Boileau, à formuler ces 2 règles, ce qui exclut la pause et conséquemment l’emploi de la virgule.
Donc, il y a contradiction car la pause entraîne un hiatus et un e prohibé. Comment résoudre cette contradiction?
Que toujours dans vos vers le sens coupant les mots,
Suspende l’hémistiche, en marque le repos.
Gardez qu’une voyelle à courir trop hâtée
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée.
Et, de toute manière, on a continué, bien après Boileau, à formuler ces 2 règles, ce qui exclut la pause et conséquemment l’emploi de la virgule.
Donc, il y a contradiction car la pause entraîne un hiatus et un e prohibé. Comment résoudre cette contradiction?
- Perkele
- Messages : 12914
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Re: pause et ponctuation
Prendre la liberté de marquer une pause, en considération du sens et du naturel du propos.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
C'est une possibilité. Attendons encore d'autres réponses.
-
- Messages : 61
- Inscription : mar. 22 oct. 2019, 22:59
Re: pause et ponctuation
Règles de versification:
1 tout hiatus est proscrit à l’intérieur du vers
2 aucun e caduc non élidé à l’intérieur du vers
3 L’apocope du e caduc n’est possible qu’en fin de vers
https://www.etudes-litteraires.com/versification.php
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q ... lTHRxW8OzN
(pdf à télécharger)
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= ... 2tI3ido9kj
(pdf à télécharger)
Reprenons le vers considéré:
Le chêne, ami de l’Homme, étend ses longs rameaux.
L’élision est donc obligatoire entre “chêne” et “ami” et entre “Homme” et “étend”
La virgule, d’autre part implique un arrêt (d’après sa définition par l’Académie), et donc interdit l’élision (qui est alors remplacée par une apocope). Il apparaît donc une contradiction. En toute théorie, l’auteur devrait éviter les cas de figure où une virgule tombe sur une élision. Or, la virgule est admise très couramment dans cette situation. Boileau en donne lui-même de multiples exemples dans l’Art poétique:
Mais sa muse, en françois parlant grec et latin,
Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,
Et l’on remarquera que la liaison au niveau de la virgule (entre “plaisant” et “ou”) pose un problème similaire. Si on s’arrête, on crée un hiatus.
Pour résoudre la question, il faut raisonner en termes d'inflexion vocale autant qu'en terme d'arrêt temporel. Réponse dans cette vidéo:
1 tout hiatus est proscrit à l’intérieur du vers
2 aucun e caduc non élidé à l’intérieur du vers
3 L’apocope du e caduc n’est possible qu’en fin de vers
https://www.etudes-litteraires.com/versification.php
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q ... lTHRxW8OzN
(pdf à télécharger)
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= ... 2tI3ido9kj
(pdf à télécharger)
Reprenons le vers considéré:
Le chêne, ami de l’Homme, étend ses longs rameaux.
L’élision est donc obligatoire entre “chêne” et “ami” et entre “Homme” et “étend”
La virgule, d’autre part implique un arrêt (d’après sa définition par l’Académie), et donc interdit l’élision (qui est alors remplacée par une apocope). Il apparaît donc une contradiction. En toute théorie, l’auteur devrait éviter les cas de figure où une virgule tombe sur une élision. Or, la virgule est admise très couramment dans cette situation. Boileau en donne lui-même de multiples exemples dans l’Art poétique:
Mais sa muse, en françois parlant grec et latin,
Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,
Et l’on remarquera que la liaison au niveau de la virgule (entre “plaisant” et “ou”) pose un problème similaire. Si on s’arrête, on crée un hiatus.
Pour résoudre la question, il faut raisonner en termes d'inflexion vocale autant qu'en terme d'arrêt temporel. Réponse dans cette vidéo:
Re: pause et ponctuation
Bonjour à tous,
Je refais une apparition sur le forum car ce sujet m'interpelle. Je me souviens d'un ancien sujet sur lequel nous avions échangé avec ce cher Klausinski, et où nous évoquions nos différents concepts à propos de la prononciation d'un vers de Rimbaud, tiré de son poème célèbre "Ma bohème".
"Mon paletot aussi devenait idéal"
Certes, il n'est pas question de virgule dans cet exemple mais, de manière générale, nous pouvons remarquer une chose intéressante. Il existe une différence certaine entre la poésie parlée et la poésie écrite. Ainsi, dans cet exemple, pas de hiatus puisque le "t" de "paletot" précède le "a" de "aussi" ; pourtant, suivant les orateurs, le "t" pourra être prononcé ou non. Je faisais partie de ceux qui le prononçaient, étant instinctivement guidé par les sensations inhérentes à l'écriture classique. Il est donc amusant de constater que certaines personnes créeraient un hiatus à l'oral, dans le cas où ils ne feraient pas la liaison, alors qu'il n'y en a pas à l'écrit.
De plus, les règles de versification, en matière de rimes notamment, sont parfois plus strictes à l'écrit qu'à l'oral, bien que cela puisse sembler étrange, si l'on considère que la poésie est destinée à être déclamée. On peut donc mettre en résonance les mots "vous" et "tous" à la fin de deux vers, bien que la sensation de rime ne soit par rendue à l'oral.
Pour en revenir à votre question, je marquerais également une pause courte après chaque virgule, que ce soit dans votre exemple en prose ou en poésie.
De mon point de vue, c'est bien la forme écrite qui prévaut sur le rendu sonore (je ne parle ici que de poésie classique), donc ce qui peut être perçu comme une contradiction à l'oral, peut sembler logique du seul point de vue des règles d'écriture.
Je refais une apparition sur le forum car ce sujet m'interpelle. Je me souviens d'un ancien sujet sur lequel nous avions échangé avec ce cher Klausinski, et où nous évoquions nos différents concepts à propos de la prononciation d'un vers de Rimbaud, tiré de son poème célèbre "Ma bohème".
"Mon paletot aussi devenait idéal"
Certes, il n'est pas question de virgule dans cet exemple mais, de manière générale, nous pouvons remarquer une chose intéressante. Il existe une différence certaine entre la poésie parlée et la poésie écrite. Ainsi, dans cet exemple, pas de hiatus puisque le "t" de "paletot" précède le "a" de "aussi" ; pourtant, suivant les orateurs, le "t" pourra être prononcé ou non. Je faisais partie de ceux qui le prononçaient, étant instinctivement guidé par les sensations inhérentes à l'écriture classique. Il est donc amusant de constater que certaines personnes créeraient un hiatus à l'oral, dans le cas où ils ne feraient pas la liaison, alors qu'il n'y en a pas à l'écrit.
De plus, les règles de versification, en matière de rimes notamment, sont parfois plus strictes à l'écrit qu'à l'oral, bien que cela puisse sembler étrange, si l'on considère que la poésie est destinée à être déclamée. On peut donc mettre en résonance les mots "vous" et "tous" à la fin de deux vers, bien que la sensation de rime ne soit par rendue à l'oral.
Pour en revenir à votre question, je marquerais également une pause courte après chaque virgule, que ce soit dans votre exemple en prose ou en poésie.
De mon point de vue, c'est bien la forme écrite qui prévaut sur le rendu sonore (je ne parle ici que de poésie classique), donc ce qui peut être perçu comme une contradiction à l'oral, peut sembler logique du seul point de vue des règles d'écriture.