De belles phrases

[JLuc]

Pourrions-nous constituer un album de belles phrases pour nous réjouir à leur lecture, plutôt que de nous désoler du piteux langage que nous servent les médias ?

Bonne idée !

Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore.
Gustave Flaubert

_{N'hésitons plus!}

[Yeva Agetuya]

Et le désir s'accroît quand l'effet se recule.

Corneille, Polyeucte

[JLuc]

Quel esprit mal placé !

Là aussi? (voir Petite blague de fin de semaine)
Corneille, et ses contemporains, m'était tant rébarbatif au collège.

Mon père est marinier
Dans cette péniche
Ma mère dit la paix niche
Dans ce mari niais
Ma mère est habile
Mais ma bile est amère
Car mon père et ses verres
Ont les pieds fragiles

Mon Père Et Ses Verres - Boby Lapointe

[abgech]

Dans une autre discussion, nous avions évoqué Louis Pergaud.

Cela m'a donné envie de relire l'une des premières œuvres publiées de cet écrivain : "De Goupil à Margot". Petites histoires animalières qui se terminent de façon tragique.

Un petit extrait :
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Justement le sentier, silencieux à son départ, s'égayait d'un rappel de merle au pied du gros chêne.
Qu'est-ce que pouvait bien vouloir cet ordonnateur austère, au frac éternellement correct, des concerts printaniers à cette heure du jour ? D'ordinaire c'était à l'aube et au crépuscule que son "tcha-tcha" régulier réclamait les autres oiseaux pour la consigne de jour ou le mot d'ordre de la nuit.
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Je ne sais pas si c'est une très belle phrase, mais, en tout cas, j'aime bien ce ton léger, quelque peu badin, dans une histoire assez triste au demeurant.

[Perkele]

"La langue française, d'ailleurs, est une eau pure que les écrivains maniérés n'ont jamais pu et ne pourront jamais troubler." Guy de Maupassant

[claude_ferrandeix]

Passent les jours et passent les semaines
Ni le temps passé, ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la seine

Dans ces trois vers qui doivent évoquer la fluidité de l'eau, tout de même 3 cacophonies dont une très grave:

-semaines Ni ne ni
-amours reviennent: r r (très grave)
coule la: le la

Cela dit, ces 3 vers sont à mon avis très beaux, cependant imparfaits, et c'est dommage. Ils passent mieux en lecture intérieure qu'en déclamation.

[Perkele]

prononçait-on le R d'amour ?

[jarnicoton]

Jarnicoton, la citation exacte est :
Et ce sexe imparfait, de soi-même ennemi,
Ne posséda jamais la raison qu'à demi.
C'est bien Corneille, mais dans La Veuve.
Merci Google, et merci à vous !

Je fais une découverte qui me laisse perplexe.
J'ai un nouvel ordinateur vendu avec "Microsoft Edge" et "Microsoft Bing".
Je retape dans le moteur de recherche ces deux vers "odieux" et je n'ai pas de réponse, si ce n'est qu'en haut à droite de la page de réponses il m'est déclaré à peu près "je n'ai pas de réponse, mais je trouve dans la Veuve de Corneille une phrase ressemblant à ce que vous avez tapé" ; et il répète exactement ce que j'ai tapé, ajoutant qu'il espère avoir répondu à ma question.

Je sors et je retape la même chose. Cette fois il m'est répondu : "je ne comprends pas votre question".

Ressortant et retapant encore les mêmes vers, je n'ai cette fois plus de commentaire, mais en faisant défiler les cinq premiers écrans de réponses, je n'y trouve aucune référence à Corneille.

Y aurait-il là-dedans un code de décence destiné à donner des leçons ? Comme dit l'autre : "Soyez paranoïaque ; vous serez encore en-deçà de la réalité"

[jarnicoton]

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[Jacques-André-Albert]

prononçait-on le R d'amour ?

Dans un cas comme dans l'autre, « ni les amours ne reviennent » serait plus correct.
« coule la Seine » ne me gêne pas. J'entends un léger appui sur « la », dû à son caractère obligatoire, tandis que « le » de coule est inaccentué.

[Yeva Agetuya]

Dans un cas comme dans l'autre, « ni les amours ne reviennent » serait plus correct.

Nous avons déjà une négation avec "ni",me semble-t-il.

A moins que vous ne vouliez un "ne" explétif.

[Jacques-André-Albert]

Non, c'est bien une négation.
Exemples trouvés sur Internet :
Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. (La Fontaine, dans la fable Philémon et Baucis)
Ni sa mère ni son père ne sont venus.
Ni elle ni lui n’aiment écouter la télévision.
Ni mes parents ni mon frère ne veulent voyager cet été.

D'ailleurs, si on place le sujet réel après le verbe, on voit que la négation ne est obligatoire :
Ni l'un ni l'autre n'ont été invités = ils n'ont été invités ni l'un ni l'autre.
Ni lui ni toi ne devez partir = vous ne devez partir ni lui ni toi.

[Yeva Agetuya]

De fait, un soir d’automne, il planta là ses vaches et partit sans tambour ni trompette.

Il faut bien admettre que "sans" a un sens négatif.

[JLuc]

Passent les jours et passent les semaines
Ni le temps passé, ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la seine

Dans ces trois vers qui doivent évoquer la fluidité de l'eau, tout de même 3 cacophonies ...
Cela dit, ces 3 vers sont à mon avis très beaux...

Tout simplement très beaux! Pourquoi chercher plus loin?
Mais je ne suis pas suffisamment cultivé pour ces réflexions.

Ils passent mieux en lecture intérieure qu'en déclamation.

Je vous conseille ceci : Serge Reggiani - Paris ma rose