joindre l'utile à l'agréable

[David Briand]

Bonjour, j'ai l'impression que les gens dont me frappe l'éloquence sont de grands lecteurs. "Lis, lis et lis'" me disait un proche, quand je lui demandais comment améliorer mon vocabulaire. Quand je me suis mis à l'anglais et à l'espagnol, et que passaient des jours au cours desquels je parlais davantage l'espagnol que le français, je sentais de plus en plus qu'il m'était nécessaire de réfléchir davantage pour trouver les mots adéquats en français; peut-être ne les ai-je jamais eus. Je crois avoir déjà une question similaire ici à laquelle beaucoup ont répondu avec des recommandations de lecture (Balzac, Anatole France), mais je me demande toutefois comment envisager cela. Dois-je prendre des notes, noter les phrases dont la structure me semble intéressante, y revenir pour me les approprier? Je crois avoir développé un rapport malsain avec la lecture dont les causes sont la conjonction de plusieurs facteurs dont je n'en citerai que deux: étudiant en classe préparatoire à qui est précieux le temps, et l'envie d'énumérer les livres (en d'autres termes, lire pour dire lu, et faire croître la liste de mes lectures). Parfois, je perds le fil de l'histoire, et continue toutefois à lire le livre quoique cela devienne absurde et en outre inutile. C'est que le temps me manque, et que je me dis que plus vite je lis, mieux c'est. Qu'en pensez-vous ? Par ailleurs, il me semble que ce serait réduire l'agréable à une étude grossière que de lire comme on lit pour un ouvrage d'économie en vue d'un futur examen (face au bureau, s'arrêtant à chaque ligne pour en recopier les idées). Je suis ouvert à tous les conseils que vous avez en tant que lecteur (lire assis, allongé, avec un crayon). Merci

[freddy.lombard]

Lire au calme, lire le matin, lire bien assis, varier les lectures, lire ce que l'on aime, prendre son temps pour profiter de la langue, de l'écriture, du style.
Prendre des notes dénote déjà une autre démarche, me semble-t-il.

[Perkele]

Il y a plusieurs circonstances de lecture ; on ne lit pas de la même façon quand on lit pour se détendre que quand on recherche de l'information pour son travail. Dans le deuxième cas l'objectif est de recueillir, vite, l'information qui répond à notre recherche et ce n'est pas le moment de chercher à améliorer son vocabulaire ou son style, au contraire, on a intérêt à connaître la matière qu'on explore et son vocabulaire.

[Uranie]

Bonjour,
Je partage l'opinion de Perkele. Il existe deux types d'ouvrages : ceux que nous lisons pour nos études (on souligne, on prend des notes, etc.) et les autres, la lecture-plaisir.
Si possible lire autre chose que les ouvrages au programme, disons un par semaine, et dans un autre endroit. Se constituer un petit coin lecture sympathique.
Je suis pour la différenciation des tâches et des lieux.

Plus tard, beaucoup plus tard , on relit et tout devient plaisir...

[abgech]

Comment peut-on vivre sans lire ?

[Leclerc92]

Pour l'étude des langues étrangères et l'acquisition du vocabulaire, je crois que la lecture tranquille, accompagnée d'un carnet où l'on note les mots nouveaux avec leur traduction, carnet que l'on relit aussi régulièrement que possible, est une bonne méthode, en tout cas moi. Je ne sais si elle fonctionne avec tout le monde, ni si elle peut s'adapter à la lecture en français ; il y aurait probablement peu de mots que vous ignorez vraiment, mais peut-être pouvez-vous noter des mots que vous trouver plus rares et bienvenus que d'autres, et noter aussi quelques constructions qui vous paraissent élégantes ?

[Uranie]

Je réponds à abgech.
Je me le demande aussi. Pourtant, Voltaire nous dit que c'est un vice impuni...
Il y a un danger à trop lire :
1/ Oublier la vie quotidienne (drogue douce, disons)
2/ Calquer la vie sur nos lectures, surtout quand nous sommes jeunes. Raison pour laquelle la lecture de romans était proscrite chez les jeunes filles.

[Perkele]

Un de mes profs disait : livre de vocabulaire ou dictionnaire sur la table de nuit et apprendre dix mots nouveaux chaque matin à replacer dans la journée (un seul mot pour les moins courageux).

[Leclerc92]

2/ Calquer la vie sur nos lectures, surtout quand nous sommes jeunes. Raison pour laquelle la lecture de romans était proscrite chez les jeunes filles.

Ce rôle est plutôt tenu aujourd'hui par les séries télévisées, les films, les feuilletons, les mangas...

[Uranie]

Un de mes profs disait : livre de vocabulaire ou dictionnaire sur la table de nuit et apprendre dix mots nouveaux chaque matin à replacer dans la journée (un seul mot pour les moins courageux).

Ah, c'était le bon temps !

[Perkele]

Un de mes profs disait : livre de vocabulaire ou dictionnaire sur la table de nuit et apprendre dix mots nouveaux chaque matin à replacer dans la journée (un seul mot pour les moins courageux).

Ah, c'était le bon temps !

èèèèèèèèèh...

[David Briand]

Bonsoir, je vous remercie tous, et réponds plus particulièrement à Perkele à qui je promets, en l'honneur de son ancien de son professeur, de me munir d'un petit cahier au sein duquel seront consignés tous les mots dont les sens m'étaient jusqu'ici inconnus ou insuffisamment maîtrisés. J'en profite pour vous poser une question à laquelle vous avez sans nul doute déjà répondu: quel est votre livre préféré ? C'est sans doute une question complexe, et peut-être inutile.

[Perkele]

Le dictionnaire de l'Académie française.

[Uranie]

J'en profite pour vous poser une question à laquelle vous avez sans nul doute déjà répondu: quel est votre livre préféré ? C'est sans doute une question complexe, et peut-être inutile.

Pas inutile mais réponse quasiment impossible. J'opte toutefois pour Baudelaire et ses Fleurs du mal.

[David Briand]

Bonjour, je suis en effet d'accord avec Uranie (et avec Perkele). Si la question n'est pas inutile, du moins à mes yeux en ce qu'elle peut m'initier à de nouvelles lectures, elle semble complexe tant les livres prennent des formes variées (poésie, roman, nouvelles). Aussi, aurais-je dû poser la question suivant le procédé suivant: décider du référent dans un premier temps pour ensuite délimiter le champ des possibles, et rendre en conséquence plus simple et plus sensé le choix du libre.
Bien que je sois celui qui pose la question, je me plais à y répondre, et dirais que si je n'avais pas introduit cette règle dont j'ai parlé ci-dessus, et que j'illustrerai ci-dessous, je choisirais Chateaubriand (Les Mémoires d'outre-tombe) car il s'agit là de la première lecture dont je me sois épris, quoique je n'aie jamais terminé aucun de ses livres. L'écriture que je ne pourrais décrire dont l'objectif est de rendre compte d'une histoire des plus captivantes (sa vie, et tout particulièrement son adolescence) m'a touché. Au reste, en ce qui concerne le référent que j'évoquais il y a quelques instants, commençons par le roman, et j'ouvre le bal en évoquant Dostoïevski et l'Idiot (qui est un roman si je ne m'abuse) ou la promesse de l'aube de Roman Gary (si le premier s'avère être autre que roman). C'est que je cherche obstinément à vous arracher quelques recommandations de lectures, qui vous soient chères cela va de soi.