Je lis sur une boîte de conserves de haricots : cueillis et rangés main. Ce style plus que télégraphique procède de la manie en vogue de supprimer les petits mots, surtout les prépositions mais aussi, maintenant, les articles. J'ai cherché dans le TLF ; on y trouve bien la vieille expression cousu main ; mais elle n'est ni dans le Littré ni dans le dictionnaire de l'Académie. Robert parle d'un vêtement cousu à la main. Même Larousse, qui n'est pas regardant sur les impropriétés, signale que cousu main appartient au langage familier. Donc par voie de conséquence il est fautif dans une langue surveillée. A fortiori, cueilli main et rangé main devront aller enrichir la collection du musée des horreurs ouvert récemment par l'un d'entre nous.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Le français, pourtant langue analytique, devient par le fait des suppressions SYSTÉMATIQUES des prépositions une langue quasi-synthétique.
Désir d'aller plus vite ? Mais le langage se truffe de parasitages, de gonflements et de redondances qui n'accélèrent pas particulièrement la communication.
Je suis au moins en partie d'accord, car ces raccourcis entraînent parfois une incompréhension qui nous oblige à réfléchir, par le fait qu'ils laissent planer une incertitude sur le sens à donner.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Hem... le langage moderne est, malheureusement, bien pire. Vou savé, selui ke lé jeun écriv kom sa ? J'en ai quelques exemples assez incompréhensibles...
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
Leconte de Lisle