A supposer qu'on me demande, à moi qui ne vais pour ainsi dire jamais dans les salles obscures, mon sentiment sur un film et que je choisisse de Stephen Frears, l'auteur de « My Beautiful Laundrette », celui dont le titre est «The Queen», lequel film je m'en fus voir à cause de mon intérêt très ancien pour toutes choses anglaises, à supposer donc qu'il me soit proposé d'écrire en mille cinq cents caractères maximum un condensé de mes réactions, je répondrai que ce qui m'a le plus désarçonné, stupéfait, choqué, dans cet étalage de poncifs démagogiques, n'a pas été le portrait admiratif et totalement invraisemblable du débutant Premier ministre de Sa Majesté, Tony Blair, en innocent et tremblant « bambi » ignorant des usages de la Cour, mais sauvant, d'un seul coup d'un seul dans le style «Mes pareils à deux fois ne se font point connaître/Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître», l'avenir de la Royauté, n'a pas été la complaisante et attendrie promenade sur la foule énorme des visages de pleureurs-pleureuses bêlants de Sainte Lady Di, image pieuse échappant à toutes les critiques déversées par charrettes entières sur le reste de la famille royale, je répondrai que le pire pour moi dans ce film a été l'idée caricaturale de donner le rôle d'Elisabeth à une actrice si parfaite qu'elle arrivait presque à nous faire croire qu'il pouvait y avoir en son modèle une dignité autre que purement rituelle.
Jacques Roubaud
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- Perkele
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Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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Quand on voit qu'il fut adopté à l'Oulipo, on comprend immédiatement que c'est bien un exercice de style. En lisant votre citation, j'ai spontanément pensé à Pérec. J'étais donc dans le vrai.
Ce qui me fait un peu tiquer c'est « retraité de la mathématique ». J'avais soulevé le lièvre ici mais n'ai pas obtenu de réponse : pourquoi les mathématiques, discipline pluraliste, sont-elles depuis peu devenues la mathématique ? Cette manie de langage m'agace.
Ce qui me fait un peu tiquer c'est « retraité de la mathématique ». J'avais soulevé le lièvre ici mais n'ai pas obtenu de réponse : pourquoi les mathématiques, discipline pluraliste, sont-elles depuis peu devenues la mathématique ? Cette manie de langage m'agace.
Dernière modification par Jacques le mar. 19 juin 2007, 7:51, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
En italien on dit la matematica au singulier ; en espagnol, on dit les deux, mais le dictionnaire de la RAE souligne que le pluriel est plus fréquent (la matemática, las matemáticas).Marco a écrit :Le TLFi dit ceci :B. Au sing. La mathématique
1. Vx. Nom générique pour désigner l’ensemble des différentes sciences mathématiques. Théorème de mathématique; étudier en mathématique (LITTRÉ). Il donnait ses nuits à la mathématique et à la musique, qu’il appelait les deux soeurs adorables, filles harmonieuses du nombre et de l’imagination (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.171).
Rem. « Ce substantif est presque toujours employé au pluriel. On rencontre néanmoins parfois le singulier, qui donne au contexte une teinte d’archaïsme ou de didactisme » (COLIN 1971).
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- Jacques
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Merci Marco. Votre citation souligne bien que le mot s'emploie généralement au pluriel, et que le singulier donne une note archaïque. C'est donc bien encore dans la droite ligne du snobisme ambiant que se manifeste cette résurgence.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
C"est le cas aussi de "les ténèbres" que j'ai cru longtemps exclusivement un mot pluriel.
Jusqu'au jour où j'ai lu (essayé de lire) Chouraqui, traducteur de la Genèse:
(Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour.)
Version Chouraqui:
1 ENTÊTE Elohîms créait les ciels et la terre,
2 la terre était tohu-et-bohu, une ténèbre sur les faces de l'abîme, mais le souffle d'Elohîms planait sur les faces des eaux.
3 Elohîms dit : "Une lumière sera". Et c'est une lumière.
4 Elohîms voit la lumière : quel bien ! Elohîms sépare la lumière de la ténèbre.
5 Elohîms crie à la lumière : "Jour". À la ténèbre il avait crié : "Nuit". Et c'est un soir et c'est un matin : jour un.
Diverses recherches m'ont conduit à penser que la ténèbre était bel et bien un mot ayant une acception distincte des ténéèbres. J'ai un petit peu de mal à en dire davantage. Je crois qu'un sens est à rechercher du côté de la cabbale chrétienne. Cette ténèbre-là ne serait pas différente de la lumière, l'homme pour voir serait obligé de fermer les yeux. La ténèbre et la lumière sont consubstantielles. La ténèbre est le noir lumineux.
Jusqu'au jour où j'ai lu (essayé de lire) Chouraqui, traducteur de la Genèse:
(Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour.)
Version Chouraqui:
1 ENTÊTE Elohîms créait les ciels et la terre,
2 la terre était tohu-et-bohu, une ténèbre sur les faces de l'abîme, mais le souffle d'Elohîms planait sur les faces des eaux.
3 Elohîms dit : "Une lumière sera". Et c'est une lumière.
4 Elohîms voit la lumière : quel bien ! Elohîms sépare la lumière de la ténèbre.
5 Elohîms crie à la lumière : "Jour". À la ténèbre il avait crié : "Nuit". Et c'est un soir et c'est un matin : jour un.
Diverses recherches m'ont conduit à penser que la ténèbre était bel et bien un mot ayant une acception distincte des ténéèbres. J'ai un petit peu de mal à en dire davantage. Je crois qu'un sens est à rechercher du côté de la cabbale chrétienne. Cette ténèbre-là ne serait pas différente de la lumière, l'homme pour voir serait obligé de fermer les yeux. La ténèbre et la lumière sont consubstantielles. La ténèbre est le noir lumineux.
Exercice involontaire
Une voyageuse contrariée au micro d'Europe 1
" Cet arrêt soudain du métro parisien,
quel(le) cohu(e)-bohu(e) sur les quais ....."
" Cet arrêt soudain du métro parisien,
quel(le) cohu(e)-bohu(e) sur les quais ....."
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est un effet de style qui ne me paraît pas être fautif.
Je ne dirais pas que c'est fréquent, mais on le rencontre dans diverses circonstances : Ce lever de soleil sur la mer, quel spectacle ! Ces personnes qui courent dans tous les sens, quelle pagaille ! Cette choucroute, quel régal !
Je ne dirais pas que c'est fréquent, mais on le rencontre dans diverses circonstances : Ce lever de soleil sur la mer, quel spectacle ! Ces personnes qui courent dans tous les sens, quelle pagaille ! Cette choucroute, quel régal !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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- Localisation : Niort
Gerhec voulait peut-être mettre en évidence l'amalgame entre cohue et tohu-bohu.
Mais cette intervention ne me paraît pas placée dans le sujet ad hoc.
Mais cette intervention ne me paraît pas placée dans le sujet ad hoc.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Au temps pour moi, j'ai mal lu : cohue bohu n'a pas de sens. Mais le sujet, en effet, n'est pas au bon endroit.Jacques-André-Albert a écrit :Gerhec voulait peut-être mettre en évidence l'amalgame entre cohue et tohu-bohu.
Mais cette intervention ne me paraît pas placée dans le sujet ad hoc.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Si c'était volontaire, ce serait une création avec un bon sens évident :Jacques a écrit :Au temps pour moi, j'ai mal lu : cohue bohu n'a pas de sens. Mais le sujet, en effet, n'est pas au bon endroit.Jacques-André-Albert a écrit :Gerhec voulait peut-être mettre en évidence l'amalgame entre cohue et tohu-bohu.
Mais cette intervention ne me paraît pas placée dans le sujet ad hoc.
foule et désordre.
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Comment trouver la bonne place sans ouvrir un nouveau sujet?
Je me rattache à ce qui existe.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il s'agirait alors d'un mot-valise.gerhec a écrit :[
Si c'était volontaire, ce serait une création avec un bon sens évident :
foule et désordre.
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Comment trouver la bonne place sans ouvrir un nouveau sujet?
Je me rattache à ce qui existe.
Pour trouver la bonne place sans ouvrir un sujet, vous avez dans les divers la rubrique créée par JR qu'il a intitulée Indignations.
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