Encore une histoire d'accord d'intention?

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TSOS
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Encore une histoire d'accord d'intention?

Message par TSOS »

Les deux phrases sont-elles valides, ou juste une:

"L'autre source est "les roches carbonatées"."
"L'autre source sont les roches carbonatées." ?

La première phrase me semble meilleure, mais la seconde me tente un peu aussi, d'autant plus lorsqu'elle est formulée dans un autre ordre:
"Les roches carbonatées sont l'autre source."



(contexte: on cherche à établir les sources de la présence des ions CO3 2-, HCO3 - et d'H2CO3 dans l'eau; et l'équilibre avec la pression partielle atmosphérique en dioxyde de Carbone était la première de ces sources)
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Jacques
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Message par Jacques »

Il n'y a pas d'alternative. Le sujet du verbe être est source, nom commun au singulier, donc seul le singulier est correct.
Dans votre autre formulation, vous faites de roches le sujet du verbe.
Deux cas différents avec un sujet différent.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Desiderius

Message par Desiderius »

TSOS a peut-être en tête les explications de Grevisse :
§932 - Accord avec l’attribut
a)Accord avec l’attribut antéposé.+
Au lieu de La pêche était son seul plaisir, on peut inverser les termes : Son seul plaisir était la pêche ; cf. § 242. L’attribut ainsi antéposé détermine généralement l’accord :+
Son lit est deux matelas par terre (Balzac, Lettres à l’Étrangère, t. I, p. 553). — Le lit ordinaire de M. de Pontchâteau était des fagots (S.-Beuve, P.-Royal, V 8 ). — Le trait dominant de sa vibratile physionomie était les yeux (Bloy, Désespéré, p. 196). — Son vrai désespoir était ses mains aux doigts trop courts et trop larges ( J. Roy, Femme infidèle, p. 130). — La vraie cause de son départ fut ses dettes (Billy, dans le Figaro litt., 17 sept. 1955). — La seule chose concrète que je voyais dans tout cela était les gâteaux sur le plateau ( Gary, Promesse de l’aube, p. 136). — Le seul inconvénient était […] les droits de douane à acquitter (Yourcenar, Souvenirs pieux, p. 38 ).
Comme les classiques (H1), certains auteurs accordent le verbe avec le sujet postposé :
Un élément moins pur encore du club des Jacobins, étaient les Orléanistes (Michelet, Hist. Révol. fr., IV, 9). — Sa seule distraction étaient les visites fréquentes de M. de Serpigny ( H. de Régnier, Mariage de minuit, iv). — La véritable proie de l’Injustice sont précisément ceux-là qui répondent à son défi (Bernanos, Grands cimet. sous la lune, Pl., p. 406). — Ce qu’il lui importe de noter sont les idées qui lui viennent en formules bien trempées (Bourniquel, Enfant dans la cité des ombres, p. 114).

b)Sans doute par analogie avec les faits décrits dans le § 933, il arrive qu’on accorde avec l’attribut pluriel le verbe être (parfois une autre copule) qui a pour sujet, soit ceci ou cela (ou ça) , éventuellement précédé de tout ; — soit ce ou tout ce suivis d’une proposition relative ; — soit un nom de sens vague comme le reste.(H2)
Tout cela sont des peut-être (Stendhal, Corresp., t. II, p. 263). — Mère Ubu. Tout ceci sont des mensonges […]. / Père Ubu. Tout ceci sont des vérités (Jarry, Ubu roi, V, 1). — Tout cela ne sont que des ignorances (J. Leclercq, Grandes lignes de la philos. morale, 1947, p. 255). — Ce que vous dites là sont autant de fables (Littré, art. tout, 35°). — Le reste sont des horreurs (Proust, Rech., t. I, p. 900).
[...]

Notes historiques:

H1:
À l’époque classique, l’accord avec le sujet postposé était fréquent, quoiqu’on trouvât aussi l’autre usage : La plus grande des preuves de J. C. sont les propheties (Pascal, Pens., p. 285). — +Mon mal sont des vapeurs (Sév., 5 sept. 1674). — +Le partage de l’homme sont les douleurs et les maux ( Rac., G. E. F., t. VI, p. 309). — L’effet du commerce sont les richesses (Montesq., Espr., XXI, 6). — Le plus grand des maux est les guerres civiles ( Pascal, Pens., p. 192). — +Ce qui piquait sa poitrine était des sérosités (Sév., 1er juin 1689). — +Le signal était deux fusées (Volt., Ch. XII, ii).

H2:
Cet accord avec l’attribut était fréquent jadis : Tout cela sont des fautes contre la pureté du langage (Vaugelas, p. 573). — Tout cela ne sont que des arguties ( J.-J. Rouss., Rêveries, iii). — Tout ce qu’il dit sont autant d’impostures (Rac., Plaid., II, 9). — Tout ce qu’il y a d’agréable, sont effectivement les idées qui ont esté prises de Molière (Mol., Impr., v). — +Ce que tu dis là sont autant de vérités éternelles (Did., Jacques le fat., Pl., p. 676). — De même : Tout ce qu’il disoit me sembloient des oracles (J.-J. Rouss., Conf., Pl., p. 125).
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TSOS
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Message par TSOS »

Oui, Desiderius, c'est ainsi que mon esprit raisonnait!

Mais soit, puisqu'en français moderne, comme Jacques me l'indique, seule une solution est valable, alors j'ai ma réponse puisque le passé est parfait, révolu, et que nous, nous vivons dans le présent.
J'écrirai en conséquence en accordant le verbe avec le sujet le précédant syntaxiquement.
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Jacques
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Message par Jacques »

Cette citation de l'ancienne coutume est intéressante. Merci Desiderius de nous l'avoir trouvée.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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