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Jacques
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Message par Jacques »

Il y a vraiment des fautes qui dépassent ma compréhension. Dans un feuilleton britannique doublé en français, une jeune femme qui vient d’hériter de son père va voir le restaurateur dont elle est l’employée, et lui dit : « Maintenant le restaurant m’appartient, je propose que nous devenions partenaires ». Les mots partenaire et partenariat sont repris plusieurs fois dans l’histoire.
Il s’agit d’une traduction très relâchée de l’anglais partner. Dès ma première année d’études commerciales, j’ai appris que partner équivaut au français associé quand il s’agit d’une entreprise quelle qu’elle soit. La différence est de taille : un partenaire est quelqu’un avec qui on exerce une activité, la plupart du temps sans but lucratif (sport, jeu de société en équipes, par exemple). Dans le domaine des affaires commerciales, l’associé est quelqu’un avec qui on partage des intérêts et prend une participation financière dans une société qu’on exploite avec un but de profit.
Une négligence non pardonnable de la part d’un traducteur diplômé, qui a fait plusieurs années d’études dans les deux langues à convertir : l’anglais et le français. Récemment, dans un autre feuilleton, une femme disait : « J’espère que vous serez confortables dans cette chambre » ; plusieurs fois, dans de semblables situations, c’était : « Je vous laisse, faites-vous confortable ». Transcription littérale de l’anglais make yourself comfortable qu’on m’a enseigné à traduire par mettez-vous à l’aise ou faites comme chez vous. Comment l’incongruité, l’aberration de ces formules grotesques peuvent-elles échapper à des professionnels de la traduction ? Ce n'est même pas une question de connaissances, mais de simple bon sens.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Comme je vous comprends ! J'observe comme vous le glissement de sens strictement inutile de notre « confortable » sous l'influence de l'anglais. J'ai malheureusement l'impression de ne plus guère avoir que mes yeux pour pleurer sur ces dérives que l'anglomanie d'un trop grand nombre laisse pervertir notre langue. Ici c'est d'autant plus inacceptable que « Faites-vous confortable » n'est pas plus court que « Mettez-vous à l'aise ».
Tenez : dans un reportage sur le Jour J j'ai entendu récemment « bunker », s'agissant d'une casemate, prononcé à l'anglaise.
Je crois que certains de nos compatriotes, à force d'entendre dire, parfois à juste titre, que les Français sont nuls en langues étrangères, veulent nous prouver à tout prix combien cette réputation est injustifiée et présenter à tout bout de champ ce qu'ils considèrent, trop souvent à tort, comme des preuves de leurs connaissances dans la langue de Shakespeare, y compris pour citer des mots ou des phrases en provenance d'autres langues.
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Jacques
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Message par Jacques »

Le pire est que les gens qui veulent « faire anglais » sont précisément ceux qui ignorent tout ou presque de cette langue, ce qui aboutit évidemment à des inepties, et notamment l'abus du génitif saxon, qu'en anglais on exprime avec l'apostrophe suivie d'un S, dans le genre : my sister's garden (le jardin de ma sœur). Il est accommodé à toutes sortes de sauces et très inopportunément. Nous l'avons vu avec l'aberration des « pin's » que j'ai récemment évoquée ici.
Je ne connais pas la citation par cœur, mais Pierre Dac avait dit quelque chose comme "si ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent la fermaient avant de l'ouvrir...".
Je parie que Claude va nous dénicher le texte exact ! :D
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

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Jacques
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Message par Jacques »

Merci, je ne suis pas un bon chercheur.
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Claude
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Message par Claude »

J'arrive trop tard. :twisted:
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :J'arrive trop tard. :twisted:
Vieux motard que j'aimais ! :D
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Jacques a écrit :... des inepties, et notamment l'abus du génitif saxon, qu'en anglais on exprime avec l'apostrophe suivie d'un S, dans le genre : my sister's garden (le jardin de ma sœur). Il est accommodé à toutes sortes de sauces et très inopportunément. Nous l'avons vu avec l'aberration des « pin's » que j'ai récemment évoquée ici.
Il est curieux de constater que les anglomanes ne commettent pas cette autre bêtise qui consiste à mettre l'apostrophe après le s, procédé qui marque le génitif pluriel en anglais, p. ex. my sisters' garden = le jardin de mes sœurs. Mais l'emploi du s apostrophe n'est pas toujours bien connu même par mes compatriotes, ce petit signe figurant souvent en lieu et place du s pluriel, p. ex., the page's of the book (équivalent de the book's pages). :(
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Jacques
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Message par Jacques »

Je me sers rarement du génitif. Réflexe dû à mon parler d'origine latine, je préfère of : the garden of my sister par exemple. Exemple peut-être pas fameux parce que la phrase est un peu lourde.
Je suis surpris d'apprendre que des anglophones maîtrisent mal ce cas possessif.
J'ai découvert que pour les enseignes de commerces, cela fait chic de les afficher à la française : au lieu de "Jennifer's", certains préfèrent Chez Jennifer. Amusant, non ?
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Vos réflexions me rappellent une des premières phrases françaises que j'ai apprises aux lycée : « la plume de ma tante est sur le bureau de mon oncle », et ce pour nous accoutumer à l'expression de la possession en français (là où en anglais on dira « my aunt's pen is on my uncle's desk »).
Beaucoup d'Anglais maîtrisent mal le s qui est si caractéristique de leur langue, tant pour indiquer la possession (book's / books') que pour marquer le pluriel (books), et le mauvais emploi en fait supposer une ignorance plus générale de la grammaire anglaise, dont c'est une espèce de pierre de touche.
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Claude
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Message par Claude »

Islwyn a écrit : [...] (là où en anglais on dira « my aunt's pen is on my uncle's desk »).[...]
:?:
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est vraiment étrange ce que vous m'apprenez là. Je me rappelle, un jour une personne de ma connaissance a amené chez nous une jeune Anglaise venue se perfectionner en France, et dans la discussion elle m'a dit : « Ce qui est difficile en anglais ce sont les verbes irréguliers ».
Je ne vois pas où est la difficulté : quand on sait que to see donne saw au prétérit et seen au PP, l'affaire est bouclée. Mais pour les verbes irréguliers français c'est une autre affaire, car il faut apprendre les formes qui diffèrent selon le temps et la personne, et là on a du pain sur la planche. Rien qu'avec ce verbe voir, il y a de quoi faire. Et il y a en outre plus de temps en français qu'en anglais. Et ne parlons pas du monument que sont les accords du participe passé, tantôt avec être, tantôt avec avoir.
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Message par Jacques »

Claude a écrit :
Islwyn a écrit : [...] (là où en anglais on dira « my aunt's pen is on my uncle's desk »).[...]
:?:
Le stylo de ma tante est sur le bureau de mon oncle.
Je donne toujours un exemple plus original, de mon cru : my sister's hat is larger than my uncle's garden (le chapeau de ma sœur est plus grand que le jardin de mon oncle).
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :[...]Le stylo de ma tante est sur le bureau de mon oncle. [...]
Je croyais que la traduction était différente.
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Message par Jacques »

Pour qui n'est pas familiarisé avec l'anglais, on ne peut pas le deviner.
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