Féminisations, encore !

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je lis dans mon journal, à propos de l'ancien Premier ministre et de la mairie de Nantes : Aux volontés d'émancipation de sa successeuse, Ayrault préfère goûter « cette relation affective » qu'il a conservée « avec les Nantais... ».
On peut préférer une relation affective à des volontés d'émancipation, « relation » et « volontés » étant des substantifs. Mais si l'on fait suivre « Ayrault préfère » d'un infinitif (goûter), la phrase devient bancale, me semble-t-il.
Toutefois, c'est bien sûr la présence de « successeuse » dans cette phrase qui me conduit à la rapporter sur ce fil. J'ai expliqué ici naguère que je me résolvais, entre autres raisons, à accepter « professeure » parce que j'avais entendu des élèves parler d'une « professeuse ».
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

Ce matin sur RTL :
  • mené d'une main de maîtresse
Il y a une logique, certes. Mais on s'attend à ce que cette expression reste figée.

Et je découvre que les maîtresses de métiers existent depuis longtemps :

https://books.google.fr/books?id=wlVZHO ... 22&f=false
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Il me semble que l'expression exacte est « de main de maître ». Comme vous, je la préfère figée. Comme vous aussi, je n'imaginais guère que l'on pût trouver de si anciennes maîtresses pâtissières. Merci pour cette découverte intéressante.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Oui, à la même époque (1730), voici une charte concernant les tisseurs à toiles, où Maîtres et Maîtresses sont cités de concert.

Il n'empêche que "maître" doit rester invariable, à mon sens, dans "de main de maître". Les rares exemples portant "de main de maîtresse" sont plaisants et font souvent allusion à la maîtresse d'un lieu de perdition.

Occasion de noter qu'il est des emplois curieux de "de main de maitre" comme celui-ci :
Contat se montra dans la Serra Padrona , opéra de Pergolèze , qu'elle jouait et chantait de main de maître, comme disait naïvement le chef d'orchestre Beck, espèce de Gluck casanier qui , par paresse , laissa en portefeuille la meilleure portion de sa gloire.
https://books.google.fr/books?id=_BQbAA ... &q&f=false
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :Je lis dans mon journal, à propos de l'ancien Premier ministre et de la mairie de Nantes : Aux volontés d'émancipation de sa successeuse, Ayrault préfère goûter « cette relation affective » qu'il a conservée « avec les Nantais... ».
On peut préférer une relation affective à des volontés d'émancipation, « relation » et « volontés » étant des substantifs. Mais si l'on fait suivre « Ayrault préfère » d'un infinitif (goûter), la phrase devient bancale, me semble-t-il.
Toutefois, c'est bien sûr la présence de « successeuse » dans cette phrase qui me conduit à la rapporter sur ce fil. J'ai expliqué ici naguère que je me résolvais, entre autres raisons, à accepter « professeure » parce que j'avais entendu des élèves parler d'une « professeuse ».
(Les) volontés d'émancipation de sa successeuse

Je vous remercie pour le fou rire...

Suivant la même logique, songeons que le successeur soit avocate et qu'elle succède à une femme médecin :

Paulette est une bonne médecine. Mais après que nous eûmes joui de sa science, sans que nous le sussions Maîtresse Gilberte est devenue sa successeuse la semaine dernière…
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Généralement les mots en français ont le genre qu'ils avaient en latin. C'est le masculin grammatical -et non pas sexuel- qui rend le neutre en français; p. ex. le tabouret n'est pas le mâle de la table...

Toujours est-il qu'un médecin est quelqu'un qui pratique la médecine, lequel peut être aussi poète à ses heures s'il pratique la poésie; ce quelqu'un-là peut être une femme, de même que cette personne-là peut être un homme.

La consonne finale d'écrivain est muette. Mais au féminin, nous prononçons la voyelle nasale (écriv[aine]). En accord avec la féminisation des fonctions et des titres, nous devrions donc écrire et prononcer: une médecine (sic) est quelqu'une (sic) qui pratique la médecine ; une (sic) poète est une écrivaine (sic) qui pratique la poésie…

Dans la même veine, devrais-je qualifier mon avocate de «maîtresse» et interpeller le juge canadien qui siège au tribunal avec un «Votre Seigneur» plutôt qu'avec «Votre Seigneurie» (i.e. Your Lordship) ?

Finalement, il m'apparaît redondant de préciser que Gertrude est une docteure (sic); on comprendra que l'auteur est une femme lorsque l'écrivain Louise signera son roman…

Autrement dit, outre que cette féminisation forcée résulte d'une méconnaissance de la langue, le fondement en est idéologique et non pas grammatical.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« Tabouret » vient de tabour, attesté pour la première fois en 1080 et ancienne forme de « tambour », dont le Robert DHLF nous dit qu’on peut le rattacher « au persan tabir », bien qu’on ne sache pas « par quelle voie il a pénétré en France ». Je crois en tout cas que le latin ne joue aucun rôle dans son genre masculin. Le cas de « table » est différent : son féminin est manifestement dû au latin tabula, du même genre.
Le néologisme féminin « écrivaine », que j’emploie contre l’avis de beaucoup, ne comporte pas de voyelle nasale, à l’inverse de l’épicène traditionnel « écrivain », dont le dernier phonème est un son vocalique nasal, sauf erreur de ma part.
Vous mettez sur le même plan, pour vous y opposer, « une poète » et une « écrivaine ». Mais cela ne tient pas compte d’un élément important à mes yeux : le premier n’est pas épicène (« poétesse » existe depuis longtemps), tandis qu’« écrivain » l’était encore il y a peu et l’est toujours, si je me rappelle bien, dans le Dictionnaire de l’Académie française. Aucune raison, me semble-t-il, de parler d’une poète ! Une bonne raison de créer « écrivaine » !
La seigneurie est à l’origine le pouvoir, la dignité ou la terre du seigneur. Le mot ne désigne pas une personne, sinon par métonymie. Le masculiniser ouvrirait la voie à la masculinisation de n’importe quel nom féminin ou à la féminisation de n’importe quel nom masculin : on n'imagine tout de même pas de remplacer, pour un homme, « Votre Altesse » par « Votre Alte » (?) ; pour une femme, « Votre Honneur » par « Votre Honneuse » (?)… Les féminisations dont il est question sur ce fil concernent les titres portés par des personnes, les noms de métiers ou de fonctions, souvent susceptibles d’être précédés de « monsieur le… ».
« Docteur » n’est pas, au moins à l’origine, un nom de métier, mais un titre universitaire, il n’est pas synonyme de « médecin », il vaut « titulaire d’un doctorat » : les docteurs ès lettres, ès sciences, en littérature, en biologie… ne doivent pas être oubliés. Je pense que l’anglais est pour beaucoup dans la restriction, que je désapprouve, du sens de ce mot et, lorsque je suis malade, je ne prends pas rendez-vous auprès d’un docteur, mais auprès de mon médecin, qui est une femme... et à qui je dis « Bonjour, docteur ! » Bon, j'ai l'impression que ne sont pas rares les patients qui lui disent « Bonjour, madame » ! Évidemment « médecin » met aussi en difficulté les partisans des féminisations à tous crins. Mais pourquoi certains noms ne resteraient-ils pas épicènes ?
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :« Tabouret » vient de tabour, attesté pour la première fois en 1080 et ancienne forme de « tambour », dont le Robert DHLF nous dit qu’on peut le rattacher « au persan tabir », bien qu’on ne sache pas « par quelle voie il a pénétré en France ». Je crois en tout cas que le latin ne joue aucun rôle dans son genre masculin. Le cas de « table » est différent : son féminin est manifestement dû au latin tabula, du même genre.
Le néologisme féminin « écrivaine », que j’emploie contre l’avis de beaucoup, ne comporte pas de voyelle nasale, à l’inverse de l’épicène traditionnel « écrivain », dont le dernier phonème est un son vocalique nasal, sauf erreur de ma part.
Vous mettez sur le même plan, pour vous y opposer, « une poète » et une « écrivaine ». Mais cela ne tient pas compte d’un élément important à mes yeux : le premier n’est pas épicène (« poétesse » existe depuis longtemps), tandis qu’« écrivain » l’était encore il y a peu et l’est toujours, si je me rappelle bien, dans le Dictionnaire de l’Académie française. Aucune raison, me semble-t-il, de parler d’une poète ! Une bonne raison de créer « écrivaine » !
La seigneurie est à l’origine le pouvoir, la dignité ou la terre du seigneur. Le mot ne désigne pas une personne, sinon par métonymie. Le masculiniser ouvrirait la voie à la masculinisation de n’importe quel nom féminin ou à la féminisation de n’importe quel nom masculin : on n'imagine tout de même pas de remplacer, pour un homme, « Votre Altesse » par « Votre Alte » (?) ; pour une femme, « Votre Honneur » par « Votre Honneuse » (?)… Les féminisations dont il est question sur ce fil concernent les titres portés par des personnes, les noms de métiers ou de fonctions, souvent susceptibles d’être précédés de « monsieur le… ».
« Docteur » n’est pas, au moins à l’origine, un nom de métier, mais un titre universitaire, il n’est pas synonyme de « médecin », il vaut « titulaire d’un doctorat » : les docteurs ès lettres, ès sciences, en littérature, en biologie… ne doivent pas être oubliés. Je pense que l’anglais est pour beaucoup dans la restriction, que je désapprouve, du sens de ce mot et, lorsque je suis malade, je ne prends pas rendez-vous auprès d’un docteur, mais auprès de mon médecin, qui est une femme... et à qui je dis « Bonjour, docteur ! » Bon, j'ai l'impression que ne sont pas rares les patients qui lui disent « Bonjour, madame » ! Évidemment « médecin » met aussi en difficulté les partisans des féminisations à tous crins. Mais pourquoi certains noms ne resteraient-ils pas épicènes ?
Ah ! Seigneur ! Cette Seigneurie-là s'applique bel et bien à une personne, et non pas à un fief ! J'avais pourtant pris grand soin de préciser que «Votre Seigneurie» (trad. de l'ang. Your Lordship) est le nom que l'on utilisait au Canada-français jusqu'à ces dernières années pour interpeller le juge, lorsqu'il siège au tribunal. Mais, peut-être ignorez-vous que le droit au Canada est de tradition britannique (i.e. le Common law), bien que la Province de Québec ait conservé la pratique du droit civil.

L'exemple du tabouret n'était que pour illustrer la distinction entre le genre grammatical et le genre sexuel. Pour le reste, je suis désolé de vous le souligner, mais vous reprenez mes exemples : l'origine du genre est souvent étymologique: Tabula, table ; canis, chien, etc.

«Poétesse» est devenue péjoratif… Je n'opposais pas, mais je comparais… Le poète est l'écrivain qui pratique la poésie. Il n'a jamais été stipulé que les appellations «poète» et «écrivain» ne sont réservées qu'aux hommes…

Le titre de docteur qualifie les titulaires d'un doctorat, toutefois en français -contrairement à l'allemand- l'appellation docteur est réservée aux docteurs en médecine, qu'en langage courant l'on nomme indistinctement docteur ou médecin (p. ex. Le docteur Knock…).

Je suis désole de devoir vous contredire, mais la dernière syllabe d'écrivain est la voyelle nasale «in». Au masculin la consonne finale d'écrivain est muette, mais elle se prononce au féminin avec l'amuïssement du e final (écrivaine).

C'est le renforcement de cette voyelle nasale au féminin qui prête à rire et qui confère au terme une connotation péjorative… écri… vaine.

Pour moi, à l'écrit cette féminisation est inutile parce qu'elle n'apporte aucune précision pertinente, tandis qu'à l'oral cette féminisation est une pure horreur. Cela ne soulève aucune ambiguïté que d'écrire : Mme de Beauvoir est philosophe et écrivain, Mme Yourcenar est femme de lettres.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Monsieur Pogo a écrit :C'est le renforcement de cette voyelle nasale au féminin qui prête à rire et qui confère au terme une connotation péjorative… écri… vaine.
C'est une drôle de chose que l'habitude qui ne vous fait pas voir la même connotation péjorative au masculin : écri… vain.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Monsieur Pogo a écrit :Dans la même veine, devrais-je [...] interpeller le juge canadien qui siège au tribunal avec un «Votre Seigneur» plutôt qu'avec «Votre Seigneurie» (i.e. Your Lordship) ?
"Votre Seigneurie" est sans rapport avec le sexe de la personne désignée, tout comme "votre Grandeur" ou "votre Excellence" dans des utilisations semblables, ou le fameux "votre Honneur" des séries américaines. On utilisera donc "votre Seigneurie" avec une femme, alors qu'en anglais on dira "Your Ladyship".
Cela dit, il semble que ces titres pompeux commencent à lasser les juges eux-mêmes :
http://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2al ... SEIGNEURIE
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit :
André (G., R.) a écrit :
La seigneurie est à l’origine le pouvoir, la dignité ou la terre du seigneur. Le mot ne désigne pas une personne, sinon par métonymie. Le masculiniser ouvrirait la voie à la masculinisation de n’importe quel nom féminin ou à la féminisation de n’importe quel nom masculin : on n'imagine tout de même pas de remplacer, pour un homme, « Votre Altesse » par « Votre Alte » (?) ; pour une femme, « Votre Honneur » par « Votre Honneuse » (?)… Les féminisations dont il est question sur ce fil concernent les titres portés par des personnes, les noms de métiers ou de fonctions, souvent susceptibles d’être précédés de « monsieur le… ».
Ah ! Seigneur ! Cette Seigneurie-là s'applique bel et bien à une personne, et non pas à un fief ! J'avais pourtant pris grand soin de préciser que «Votre Seigneurie» (trad. de l'ang. Your Lordship) est le nom que l'on utilisait au Canada-français jusqu'à ces dernières années pour interpeller le juge, lorsqu'il siège au tribunal. Mais, peut-être ignorez-vous que le droit au Canada est de tradition britannique (i.e. le Common law), bien que la Province de Québec ait conservé la pratique du droit civil.
Pourquoi refusez-vous de tenir compte de ce que j'ai écrit ? Dites-vous « monsieur le seigneurie ? »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit :
André (G., R.) a écrit :« Tabouret » vient de tabour, attesté pour la première fois en 1080 et ancienne forme de « tambour », dont le Robert DHLF nous dit qu’on peut le rattacher « au persan tabir », bien qu’on ne sache pas « par quelle voie il a pénétré en France ». Je crois en tout cas que le latin ne joue aucun rôle dans son genre masculin. Le cas de « table » est différent : son féminin est manifestement dû au latin tabula, du même genre.
L'exemple du tabouret n'était que pour illustrer la distinction entre le genre grammatical et le genre sexuel. Pour le reste, je suis désolé de vous le souligner, mais vous reprenez mes exemples : l'origine du genre est souvent étymologique: Tabula, table ; canis, chien, etc.
Pourquoi êtes-vous désolé ? Aurais-je affirmé que le genre de table n'aurait rien à voir avec tabula ? Mais vous avez écrit Généralement les mots en français ont le genre qu'ils avaient en latin. C'est le masculin grammatical -et non pas sexuel- qui rend le neutre en français; p. ex. le tabouret n'est pas le mâle de la table... Ces phrases n'exigeaient-elles pas que l'on dît la vérité sur l'origine de « tabouret » ? Ne risquaient-elles pas d'induire en erreur bon nombre de lecteurs sur ce point ?
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit :
André (G., R.) a écrit :« Vous mettez sur le même plan, pour vous y opposer, « une poète » et une « écrivaine ». Mais cela ne tient pas compte d’un élément important à mes yeux : le premier n’est pas épicène (« poétesse » existe depuis longtemps), tandis qu’« écrivain » l’était encore il y a peu et l’est toujours, si je me rappelle bien, dans le Dictionnaire de l’Académie française. Aucune raison, me semble-t-il, de parler d’une poète ! Une bonne raison de créer « écrivaine » !
«Poétesse» est devenue péjoratif… Je n'opposais pas, mais je comparais… Le poète est l'écrivain qui pratique la poésie. Il n'a jamais été stipulé que les appellations «poète» et «écrivain» ne sont réservées qu'aux hommes…

Qui a dit que les appellations « poète » et « écrivain » étaient réservées aux hommes ? « Épicène », que j'ai employé à propos d'« écrivain », signifie au contraire que (jusqu'à un passé très récent) ce mot masculin non féminisable pouvait désigner aussi bien des hommes que des femmes pratiquant l'art d'écrire. Vous semblez confondre ce que je souhaite (la suppression du caractère épicène d'« écrivain ») et la réalité de son emploi pendant des siècles. Cette suppression suppose sa féminisation : je suis favorable à « écrivaine », mais je comprends parfaitement qu'on ne soit pas de mon avis.
Le cas de « poète » est un peu plus compliqué, je ne sais pas s'il a jamais été considéré comme un véritable épicène, puisque, ainsi que je l'ai dit, « poétesse » est attesté depuis très longtemps. En tout cas, je cherche en vain quel inconvénient il y aurait à utiliser ce féminin : dans aucun des dictionnaires que je possède, le mot n'est considéré comme péjoratif. Pour moi il ne l'est pas non plus.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit :
André (G., R.) a écrit :« Le néologisme féminin « écrivaine », que j’emploie contre l’avis de beaucoup, ne comporte pas de voyelle nasale, à l’inverse de l’épicène traditionnel « écrivain », dont le dernier phonème est un son vocalique nasal, sauf erreur de ma part.
Je suis désole de devoir vous contredire, mais la dernière syllabe d'écrivain est la voyelle nasale «in». Au masculin la consonne finale d'écrivain est muette, mais elle se prononce au féminin avec l'amuïssement du e final (écrivaine).
Qui a écrit Mais au féminin, nous prononçons la voyelle nasale (écriv[aine]) ? Vous ou moi ? Le féminin « écrivaine » ne comporte pas de voyelle nasale. Le masculin « écrivain », à l'inverse, se termine par le phonème qu'on note /ɛ̃/ en alphabet phonétique international (in, ain, ein de « pin », « pain », « sein » en français). Dans cet alphabet, « écrivaine » est rendu ainsi : /ekrivɛn/ : rien de nasal là-dedans.
Dernière modification par André (G., R.) le ven. 16 févr. 2018, 22:14, modifié 1 fois.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit :C'est le renforcement de cette voyelle nasale au féminin qui prête à rire et qui confère au terme une connotation péjorative… écri… vaine.

Pour moi, à l'écrit cette féminisation est inutile parce qu'elle n'apporte aucune précision pertinente, tandis qu'à l'oral cette féminisation est une pure horreur. Cela ne soulève aucune ambiguïté que d'écrire : Mme de Beauvoir est philosophe et écrivain, Mme Yourcenar est femme de lettres.
Je vous renvoie à l'avant-dernière intervention de Leclerc92. Comment un mot peut-il par ailleurs être une « pure horreur » ? Ne vous avais-je pas déjà posé la question de savoir si vous trouviez des mots comme « la sirène », « la riveraine », « les mitaines », « les dix reines »... aussi « horribles » que « l'écrivaine » ?
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