ce sont ou c'est ???
ce sont ou c'est ???
BONSOIR
Doi-on écrire " un canon : ce sont plusieurs voix,..." ou bien " un canon c'est plusieurs voix" ???
merci a+
Doi-on écrire " un canon : ce sont plusieurs voix,..." ou bien " un canon c'est plusieurs voix" ???
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Bonsoir ! C’est une question de registre de langue : en français formel ou académique, si vous préférez, on emploie le pluriel (avec une virgule) :
Un canon, ce sont plusieurs voix…
La variante Un canon, c’est plusieurs voix… appartient au langage familier.
C’est du moins de cette manière que je perçois les choses ; nous verrons si d’autres les perçoivent différemment.![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Un canon, ce sont plusieurs voix…
La variante Un canon, c’est plusieurs voix… appartient au langage familier.
C’est du moins de cette manière que je perçois les choses ; nous verrons si d’autres les perçoivent différemment.
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- Manni-Gédéon
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- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Je serais d'accord avec Marco si la phrase commençait par ce sont plusieurs voix .... Or, il s'agit d'une définition du canon : un canon, c'est (...). Ici, c' se rapporte à canon et pas à plusieurs voix.
D'ailleurs, un canon, ce n'est pas plusieurs voix. Un canon, c'est une composition, un morceau ou une pièce de musique à deux ou plusieurs voix ...
(Je ne poursuivrai pas la définition car ce n'est plus du français, mais de la musique.)
D'ailleurs, un canon, ce n'est pas plusieurs voix. Un canon, c'est une composition, un morceau ou une pièce de musique à deux ou plusieurs voix ...
(Je ne poursuivrai pas la définition car ce n'est plus du français, mais de la musique.)
Je pense tout de même que la distinction de registre dont j’ai parlé existe. J’ai trouvé des exemples. Qu’en pensez-vous ?
Un livre n’est point un livre, ce sont des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route inégale de ma vie et recueillies par la bienveillance des âmes tendres, pensives et religieuses. (Lamartine, Œuvres de Lamartine de l’Académie française, 1836, p. 15)
La Loi naturelle n’est pas même proprement un poème : ce sont quatre épîtres morales, dont la marche est assez vague, et où l’auteur s’est même permis le mélange du familier. (Jean-François de la Harpe, Cours de littérature ancienne et moderne, 1825, vol. 10, p. 250)
Un roman, ce sont des suites d’événements organisés de façon cohérente et significative. (Kris Vassilev, Le récit de vengeance au XIXe siècle : Mérimée, Dumas, Balzac, Barbey d’Aurevilly, 2008, p. 194)
Quant à la forme de ce travail, ce n’est point un tableau, ce sont des recherches. (Revue de bibliographie analytique, 1844, vol. 5, p. 779)
Un livre n’est point un livre, ce sont des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route inégale de ma vie et recueillies par la bienveillance des âmes tendres, pensives et religieuses. (Lamartine, Œuvres de Lamartine de l’Académie française, 1836, p. 15)
La Loi naturelle n’est pas même proprement un poème : ce sont quatre épîtres morales, dont la marche est assez vague, et où l’auteur s’est même permis le mélange du familier. (Jean-François de la Harpe, Cours de littérature ancienne et moderne, 1825, vol. 10, p. 250)
Un roman, ce sont des suites d’événements organisés de façon cohérente et significative. (Kris Vassilev, Le récit de vengeance au XIXe siècle : Mérimée, Dumas, Balzac, Barbey d’Aurevilly, 2008, p. 194)
Quant à la forme de ce travail, ce n’est point un tableau, ce sont des recherches. (Revue de bibliographie analytique, 1844, vol. 5, p. 779)
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Ces exemples existent bel et bien et de grands hommes ont écrit ces phrases. Je dois donc les admettre à contrecœur et la mort dans l'âme.
Si on m'avait présenté ces citations comme venant de simples anonymes, je les aurais corrigées.
Les juxtapositions du genre de la loi naturelle, ce sont ... ou un roman, ce sont ... continuent à sonner faux à mes oreilles et à heurter ma logique. (Mais j'ai peut-être tort de chercher la logique de la langue française.)
Quoi qu'il en soit, je vais continuer à éviter ces tournures dissonantes.
![[triste] :(](./images/smilies/icon_sad.gif)
Si on m'avait présenté ces citations comme venant de simples anonymes, je les aurais corrigées.
Les juxtapositions du genre de la loi naturelle, ce sont ... ou un roman, ce sont ... continuent à sonner faux à mes oreilles et à heurter ma logique. (Mais j'ai peut-être tort de chercher la logique de la langue française.)
Quoi qu'il en soit, je vais continuer à éviter ces tournures dissonantes.
Je crois qu’on nous habitue de plus en plus à un langage relâché et que les médias nous font un lavage du cerveau. Ainsi, notre sensibilité linguistique peut s’altérer. Vous voyez, par exemple, j’entends et je lis partout dans mon milieu professionnel de l’enseignement, mail (« Je te l’envoie par mail », « On a reçu un mail qui dit… », etc.) : j’en suis horrifié, mais tout le monde trouve cela normal, et les professeurs de français les premiers. Je persiste, même avec les élèves, à me servir de courriel ou de message électronique. Mais j’avoue que par une continuelle pression due à l’habitude, je cède parfois, et il m’est arrivé de prononcer cette horreur ! ![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Comme Manni-gedeon, je ressens l'accord du verbe comme se faisant sur canon. Je pense que ce type de construction doit se distinguer d'une autre : Ce sont des faits comme celui-là qui doivent nous inciter à la prudence où il n'y a pas de nom antéposé.
Je voudrais rappeler que jadis on accordait au singulier, même devant un nom pluriel, et que ce singulier n'était pas ressenti comme un popularisme. Je crois que c'est Grevisse qui appelle l'attention sur cette ancienne pratique.
J'ai le sentiment que le sujet, réel ou supposé, du verbe être est le pronom neutre ce, et que cela devrait autoriser un accord d'intention, soit pluriel soit singulier. Dans ce cas précis, j'ai même la conviction que le véritable sujet est canon : un canon, c'est [un ensemble de] plusieurs voix.
Je voudrais rappeler que jadis on accordait au singulier, même devant un nom pluriel, et que ce singulier n'était pas ressenti comme un popularisme. Je crois que c'est Grevisse qui appelle l'attention sur cette ancienne pratique.
J'ai le sentiment que le sujet, réel ou supposé, du verbe être est le pronom neutre ce, et que cela devrait autoriser un accord d'intention, soit pluriel soit singulier. Dans ce cas précis, j'ai même la conviction que le véritable sujet est canon : un canon, c'est [un ensemble de] plusieurs voix.
Dernière modification par Jacques le jeu. 14 oct. 2010, 8:35, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cet anglicisme a la vie particulièrement dure. Il y a une dizaine de jours, ayant trouvé mail et e-mail sur le site Internet de notre commune, j'ai déposé un message très poli et courtois signalant que j'en étais choqué, et rappelant que la commission de terminologie recommande courriel.Marco a écrit :Vous voyez, par exemple, j’entends et je lis partout dans mon milieu professionnel de l’enseignement, mail (« Je te l’envoie par mail », « On a reçu un mail qui dit… », etc.) : j’en suis horrifié, mais tout le monde trouve cela normal, et les professeurs de français les premiers.
J'ai reçu un accusé de réception : « Nous vous remercions de votre courriel et transmettons au service intéressé qui vous donnera une réponse ». Le service n'a pas été vraiment intéressé, puisque la réponse n'est jamais venue, et l'anglicisme figure toujours sur le site.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Dame Vérone
- Messages : 566
- Inscription : mer. 24 mars 2010, 17:03
- Localisation : au bord de la Seille
Pour en revenir à c’est/ce sont, comme disait Jacques plus haut, c’est au choix du locuteur. J’ai trouvé dans Grevisse (14ème édition, 933, 3 [c’est moi qui souligne]) :
Le verbe suivi d’un nom (ou d’un pronom autre qu’un pronom personnel) pluriel s’accorde généralement avec celui-ci :
[…] Ce qui manque, ce ne SONT pas les choses à faire, c’est la volonté de les faire (Maurois, Portrait de la France et des Franç., p. 94)
Toutefois, le singulier, qui est l’usage ordinaire de la langue parlée non soignée, n’est pas tellement rare dans l’écrit, soit parce que l’auteur veut reproduire cet usage populaire, soit parce qu’il se réfère à la tradition classique :
Et ce FUT des baisers, des caresses sans fin (Balzac, Lys dans la v., p. 126).
[…] Le singulier est particulièrement fréquent dans certains cas. […]
Lorsque le pronom ce reprend un nom ou un pronom singuliers qui précèdent :
Le plus crâne monument, ce SERA toujours les Pyramides (Flaubert, Éduc., I, 4).
Donc, en conclusion, les deux sont bons, mais personnellement je persiste à ressentir le pluriel comme plus soigné.
Le verbe suivi d’un nom (ou d’un pronom autre qu’un pronom personnel) pluriel s’accorde généralement avec celui-ci :
[…] Ce qui manque, ce ne SONT pas les choses à faire, c’est la volonté de les faire (Maurois, Portrait de la France et des Franç., p. 94)
Toutefois, le singulier, qui est l’usage ordinaire de la langue parlée non soignée, n’est pas tellement rare dans l’écrit, soit parce que l’auteur veut reproduire cet usage populaire, soit parce qu’il se réfère à la tradition classique :
Et ce FUT des baisers, des caresses sans fin (Balzac, Lys dans la v., p. 126).
[…] Le singulier est particulièrement fréquent dans certains cas. […]
Lorsque le pronom ce reprend un nom ou un pronom singuliers qui précèdent :
Le plus crâne monument, ce SERA toujours les Pyramides (Flaubert, Éduc., I, 4).
Donc, en conclusion, les deux sont bons, mais personnellement je persiste à ressentir le pluriel comme plus soigné.
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Je comprends que vous trouviez le pluriel plus soigné. J'ai la même impression. Les deux sont bons, puisque les grammairiens en ont décidé ainsi. Pourtant, je trouve que dans certains cas, si les deux sont acceptables, aucun n'est satisfaisant.
J'y vois un conflit entre deux logiques : d'une part la logique grammaticale, qui veut qu'on écrive (par exemple) un livre (...), ce sont des feuilles détachées (...), et d'autre part la logique syntaxique, qui voudrait qu'on écrive un livre, c'est qqch.
Ce conflit rend la phrase bancale, quelle que soit l'option retenue.
Dans la phrase : Un livre n’est point un livre, ce sont des feuilles détachées (...), c'est comme pour le canon. Un livre n'est pas des feuilles détachées. Un livre est un tout, c'est un assemblage, une suite, une succession de pages. Alors pourquoi ne pas simplement écrire :
Un livre n’est point un livre, c'est un assemblage de feuilles détachées (...) (un assemblage, une suite ou une succession...) ?
Dans des phrases comme :
Quant à la forme de ce travail, ce n’est point un tableau, ce sont des recherches ou
Ce qui manque, ce ne sont pas les choses à faire, c’est la volonté de les faire ,
c'est beaucoup moins dérangeant, de même que dans le cas des Pyramides : on peut considérer soit l'ensemble des Pyramides, soit chacune d'entre elles comme un monument.
Quant à la phrase : Et ce FUT des baisers, des caresses sans fin , au risque de paraître arrogante, j'avoue que je la trouve carrément mauvaise. Je suis désolée d'égratigner des auteurs patentés, mais je devais le dire.
J'y vois un conflit entre deux logiques : d'une part la logique grammaticale, qui veut qu'on écrive (par exemple) un livre (...), ce sont des feuilles détachées (...), et d'autre part la logique syntaxique, qui voudrait qu'on écrive un livre, c'est qqch.
Ce conflit rend la phrase bancale, quelle que soit l'option retenue.
Dans la phrase : Un livre n’est point un livre, ce sont des feuilles détachées (...), c'est comme pour le canon. Un livre n'est pas des feuilles détachées. Un livre est un tout, c'est un assemblage, une suite, une succession de pages. Alors pourquoi ne pas simplement écrire :
Un livre n’est point un livre, c'est un assemblage de feuilles détachées (...) (un assemblage, une suite ou une succession...) ?
Dans des phrases comme :
Quant à la forme de ce travail, ce n’est point un tableau, ce sont des recherches ou
Ce qui manque, ce ne sont pas les choses à faire, c’est la volonté de les faire ,
c'est beaucoup moins dérangeant, de même que dans le cas des Pyramides : on peut considérer soit l'ensemble des Pyramides, soit chacune d'entre elles comme un monument.
Quant à la phrase : Et ce FUT des baisers, des caresses sans fin , au risque de paraître arrogante, j'avoue que je la trouve carrément mauvaise. Je suis désolée d'égratigner des auteurs patentés, mais je devais le dire.