Pendant longtemps
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Pendant longtemps
Je crois devenir puriste malgré moi. L'expression « pendant longtemps » me semble maladroite ; à mon sens, « longtemps » suffit, comme dans le fameux incipit de Proust : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». Qu’on imagine à quel point « pendant longtemps » serait malvenu dans ce contexte ! Pourtant, je ne vois nulle part que cette expression ait choqué ne serait-ce qu’un grammairien, ni qu’elle ait suscité de commentaires particuliers. Je reconnais, après consultation des dictionnaires, que cette tournure est bien formée, qu’elle n’a rien à se reprocher, ou du moins qu’elle est admise par tous, mais j’aimerais savoir si certains linguistes ou autres personnes d’autorité en matière de langue, ont parlé de cet étrange ajout de « pendant » à un adverbe qui semble ne pas en avoir besoin. Vous même, que vous en semble ?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Il serait alors pléonastique de dire qu'une action a duré longtemps ?
"Pendant" exprime, pour moi, la durée et "longtemps" la quantité de cette durée. "Longtemps" pourrait être remplacé par un temps précis.
Mais votre interrogation porte à réfléchir...
"Pendant" exprime, pour moi, la durée et "longtemps" la quantité de cette durée. "Longtemps" pourrait être remplacé par un temps précis.
Mais votre interrogation porte à réfléchir...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne me suis jamais interrogé, et la tournure m'a toujours semblé normale. Elle paraît d'ailleurs normale si l'on se rappellle qu'à l'origine il n'y avait pas soudure : pendant [un] long temps...
Après réflexion, on pourrait penser qu'il y a redondance, mais l'Académie l'accepte : Pendant longtemps, durant longtemps, pendant une longue période dans le passé. Il a demeuré dans cette ville durant longtemps, pendant longtemps.
Il est vrai que les exemples de cet emploi sont rares, mais l'assemblée des Quarantes nous donne son aval.
Après réflexion, on pourrait penser qu'il y a redondance, mais l'Académie l'accepte : Pendant longtemps, durant longtemps, pendant une longue période dans le passé. Il a demeuré dans cette ville durant longtemps, pendant longtemps.
Il est vrai que les exemples de cet emploi sont rares, mais l'assemblée des Quarantes nous donne son aval.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Merci pour vos réponses. J’admets que je cherche la petite bête. Bien sûr, l’origine du mot longtemps pourrait justifier la locution, mais c’est à présent un adverbe. On dit : « j’ai longtemps habité, cru, vu, etc. » On pourrait tout aussi bien dire : « pendant longtemps, j’ai habité, cru, vu » ; cependant toutes ces formules me paraissent, certes pas fautives, mais un peu maladroites. « Durer longtemps » ne me fait pas la même impression, c’est un verbe et un adverbe. Longtemps précise durer. En revanche, « durer pendant longtemps » me semblerait un comble (on trouve deux exemples de « durer longtemps » le TLFi).
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Chercher la petite bête, n'est-ce pas un peu notre habitude à tous ? C'est un des moteurs du forum. À force de réfléchir sur tous les aspects du langage, nous avons des doutes à propos de quantité de choses (j'en ai eu récemment sur un mariage entre le présent de l'indicatif et le subjonctif imparfait, qui nous a amenés à en discuter).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).