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Une pensée émue pour nos amis Belges
Je pense que vous êtes dans le vrai, JR, mais je l'exprimerais autrement. "Pouvoir" peut avoir un sens de capacité et de permission. Ce n'est que dans le premier sens qu'il peut - au conditionnel et, je crois aussi, dans un style soutenu - être remplacé par "savoir". Le belgicisme constitue dès lors à faire ce remplacement à d'autres temps que le conditionnel et aussi et surtout dans le sens d'une permission.JR a écrit :On peut ne pas savoir quoi dire; on peut ne pas savoir comment se passer de fromage : le verbe "savoir" garde sa signification.
Pour ce qui est de s'installer prés d'une fenêtre dans un restaurant, l'accord du restaurateur suffit : il n'y a rien à savoir.
C'est cela qui peut sans doute répondre à la question de Perkele ("je ne parviens pas à trouver le critère qui fait que certaines fois cet emploi de savoir me parait naturel et d'autres fois non") et qui a "trahi" le client belge.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Jacques
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Je suis quand même un peu surpris de la réaction de JR. Peut-être parce que dans mon enfance j'ai vécu la langue des deux côtés de la frontière, et que les belgicismes ne m'ont jamais étonné. Il faut quand même admettre que le français n'est pas tout à fait le même dans tous les pays francophones, et que nous devons accepter les belgicismes, helvétismes, africanismes, québécismes, ainsi que les divers parlers régionaux de France sans regard critique. Nous ne détenons pas, en tant que Français, le modèle, le prototype de cette langue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
C'est un peu le monde à l'envers, Jacques: moi qui suis belge, je suis plus sévère que vous pour les belgicismes - ou certains d'entre eux en tout cas.
Il y a bien entendu des régionalismes (belges, canadiens, suisses... mais aussi africains) qui enrichissent la langue. J'ai du mal à trouver un équivalent à "jouette", par exemple. On pourrait dire coquin, espiègle... mais ce n'est pas tout à fait cela. Le mot est souvent utilisé de manière un peu péjorative à propos d'un enfant (ou même d'un adulte) immature, qui aime encore s'amuser comme un petit: "Il a 15 ans, mais il est encore très jouette". Comment le dire en "bon français"? Là, je revendique le belgicisme.
En revanche, quand des Belges ont tendance à dire "trop pour que" (Il est trop riche que pour être honnête), c'est une faute, point à la ligne. Ce n'est pas parce que, par hasard, cette faute est aussi un régionalisme qu'elle est plus excusable.
Pour moi, la confusion entre "savoir" et "pouvoir" relève bien de ce second cas.
Il y a bien entendu des régionalismes (belges, canadiens, suisses... mais aussi africains) qui enrichissent la langue. J'ai du mal à trouver un équivalent à "jouette", par exemple. On pourrait dire coquin, espiègle... mais ce n'est pas tout à fait cela. Le mot est souvent utilisé de manière un peu péjorative à propos d'un enfant (ou même d'un adulte) immature, qui aime encore s'amuser comme un petit: "Il a 15 ans, mais il est encore très jouette". Comment le dire en "bon français"? Là, je revendique le belgicisme.
En revanche, quand des Belges ont tendance à dire "trop pour que" (Il est trop riche que pour être honnête), c'est une faute, point à la ligne. Ce n'est pas parce que, par hasard, cette faute est aussi un régionalisme qu'elle est plus excusable.
Pour moi, la confusion entre "savoir" et "pouvoir" relève bien de ce second cas.
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- Jacques
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Mes immersions dans le français de Belgique ne se sont pas faites dans les grandes villes, mais dans des bourgades de province, où, comme en France, on utilisait une langue teintée de régionalismes. Pour tout vous dire, dans le petit village de mes cousins, près de Huy, on parlait rarement français car en famille et avec les voisins et commerçants on n'utilisait que le wallon. Le français, c'était « pour l'extérieur ». Les enfants étant très perméables aux langues, je l'ai assimilé sans efforts.
Vous évoquez votre sévérité à l'égard des belgicismes, je retrouve là le point de vue de Hanse, et j'ai été bien étonné de ses avis critiques à l'égard de ces formules qui ne m'avaient jamais choqué.
Il faut encore ajouter que pendant mon adolescence, j'ai fait des séjours fréquents dans une ferme de Normandie, chez des paysans qui savaient à peine écrire et s'exprimaient dans un français estropié, fortement teinté de patois. Ils déformaient les mots un peu compliqués ; par exemple ils allaient chercher des médicaments à la fermacerie, chez le fermacien.
Quant à ma grand-mère des Ardennes, son français décadent était mélangé de dialecte et de patois. Ces contacts avec des formes langagières très diverses, dialectales et patoisantes, m'ont habitué à ne pas m'étonner, et à m'adapter avec une grande facilité.
Vous évoquez votre sévérité à l'égard des belgicismes, je retrouve là le point de vue de Hanse, et j'ai été bien étonné de ses avis critiques à l'égard de ces formules qui ne m'avaient jamais choqué.
Il faut encore ajouter que pendant mon adolescence, j'ai fait des séjours fréquents dans une ferme de Normandie, chez des paysans qui savaient à peine écrire et s'exprimaient dans un français estropié, fortement teinté de patois. Ils déformaient les mots un peu compliqués ; par exemple ils allaient chercher des médicaments à la fermacerie, chez le fermacien.
Quant à ma grand-mère des Ardennes, son français décadent était mélangé de dialecte et de patois. Ces contacts avec des formes langagières très diverses, dialectales et patoisantes, m'ont habitué à ne pas m'étonner, et à m'adapter avec une grande facilité.
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- Perkele
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Re: Une pensée émue pour nos amis Belges
Mais, je ne saurais vous confondre avec monsieur Demesmaeker ! :Dcyrano a écrit :Je tiens à préciser que j'ai un alibi solide pour le 2 janvier! :DPerkele a écrit :Le 2 janvier, dans un petit restaurant perdu au fin fond de la Camargue, un monsieur à moustaches, en pardessus (alors que l'habitude, dans les marais, est plutôt à l'anorak), suivi de quelques personnes, est entré et à demandé : "Saurions-nous nous installer près de la baie, s'il vous plaît ?":
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- JR
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Jac est surpris de ma réaction.
La raison en est que je ne me suis pas encore présenté : je tiens à le faire bien (j'ai des côtés perfectionniste et procrastinateur), ce qui n'est pas chose facile.
En fait, et en toute modestie, je crois avoir une approche un peu différente de la question de la langue. De mon point de vue, le langage est essentiellement un instrument utile à la pensée et à la communication.
Le manque de rigueur produit la confusion de la pensée et des communications peu fiables. Si, en plus, on peut trouver des satisfactions esthétiques, tant mieux. Le français est probablement la plus belle des langues. Mais c'est aussi - surtout - celle qui a permis de concevoir une multitude d'oeuvres essentielles pour la civilisation.
Un seul exemple : la déclaration des droits de l'homme et du citoyen n'aurait certainement jamais vu le jour sous cette forme dans une autre langue.
La raison en est que je ne me suis pas encore présenté : je tiens à le faire bien (j'ai des côtés perfectionniste et procrastinateur), ce qui n'est pas chose facile.
En fait, et en toute modestie, je crois avoir une approche un peu différente de la question de la langue. De mon point de vue, le langage est essentiellement un instrument utile à la pensée et à la communication.
Le manque de rigueur produit la confusion de la pensée et des communications peu fiables. Si, en plus, on peut trouver des satisfactions esthétiques, tant mieux. Le français est probablement la plus belle des langues. Mais c'est aussi - surtout - celle qui a permis de concevoir une multitude d'oeuvres essentielles pour la civilisation.
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L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
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- JR
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Re: Une pensée émue pour nos amis Belges
Il faut d'abord voir si il a des contrats à signer.Perkele a écrit : Mais, je ne saurais vous confondre avec monsieur Demesmaeker !
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JR, je suis d'accord et je fais preuve de rigueur dans ma conception et mon utilisation de la langue, disons « standard ». Je m'indigne chaque jour du massacre, de l'abondance d'impropriétés, de barbarismes, d'anglicismes. Mais je suis, compte tenu de mes expériences, très souple envers les parlers régionaux, dès lors qu'ils sont réservés à un usage familial, local et oral, et restent dans un milieu restreint, ce qui fut le cas avec ceux que j'ai connus. Les autres francophones d'Europe ont des mots et des expressions qui n'ont pas cours en France, je les prends comme ils sont. Avouez que, par exemple, ce sont les Suisses et les Belges qui ont raison quand ils disent et écrivent septante et nonante, et pas les Français avec ces encombrants soixante-dix et quatre-vingt-dix. Après l'abandon du système vicésimal, nous aurions dû faire comme eux et revenir aux sources.
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- Perkele
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Cela dit, comment se comprendre ?
Si je dis à des nordistes "répertoriez ce que vos collaborateurs ne savent pas faire", vont-ils comprendre : "ce qu'ils ne peuvent pas faire, ce qu'ils n'ont pas le droit de faire ou ce qu'il leur faut apprendre" ?
Sachant que c'est cette dernière idée que je veux exprimer.
Si je dis à des nordistes "répertoriez ce que vos collaborateurs ne savent pas faire", vont-ils comprendre : "ce qu'ils ne peuvent pas faire, ce qu'ils n'ont pas le droit de faire ou ce qu'il leur faut apprendre" ?
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- Jacques
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Lorsque nous nous adressons à des francophones d'une région autre que la nôtre, nous devons nous arranger pour éviter les ambigüités. On ne peut pas toutes les éviter. Je me rappelle, quelqu'un de ma connaissance qui travaillait à Paris nous avait un jour raconté qu'il avait été chargé de piloter des Québécois au sein de l'entreprise. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque l'un d'eux lui demanda : « Quels sont vos appointements ? » question que l'on ne doit pas poser à un Français, car si certains peuples ne sont pas gênés d'annoncer ce qu'ils gagnent, les indigènes hexagonaux sont très pudiques de ce côté. Or, une fois la méprise levée, le visiteur voulait demander quels étaient ses rendez-vous, afin de savoir quand il pourrait être disponible : appointement, francisation de l'anglais appointment, « rendez-vous ».
Pour vos Nordistes, c'est à vous de préciser en utilisant l'une ou l'autre des trois formules qui illustrent votre propos, et qui ne créera pas le quiproquo.
Pour vos Nordistes, c'est à vous de préciser en utilisant l'une ou l'autre des trois formules qui illustrent votre propos, et qui ne créera pas le quiproquo.
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- Jacques
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Tout dépend des circonstances. Cela pourrait vexer les intéressés, il faudrait en savoir davantage. Si c'est dans le cadre de la formation, il faudrait peut-être demander : « Dressez-moi la liste des points faibles de vos collaborateurs qui demandent à être consolidés » ou « que je devrai développer », « sur lesquels je devrai insister » ; mais j'extrapole faute de connaître la situation.
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- Perkele
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Certes, mais ce que je veux c'est qu'ils ne sautent pas l'étape précédente. Je ne veux pas qu'ils me disent ce qu'ils souhaitent eux que leurs collaborateurs acquièrent, mais qu'ils observent leurs collaborateurs en difficulté et qu'ils identifient ce qu'ils ne savent pas et ce qu'ils ne savent pas faire. Après on s'occupera de ce qu'il faut leur enseigner.
Alors comment dois-je m'y prendre ?
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