Je n'ose pas y penser.
Fautes très et trop courantes
- Claude
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Re: Fautes très et trop courantes
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
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Re: Fautes très et trop courantes
À nouveau, une page entière de mon journal est occupée ce matin par un message publicitaire en faveur de la chaîne de magasins dont j'ai parlé ci-dessus. L'auteur en est probablement le même. Lieu de fabrication : France. Et oui, chez nous on aime les bonnes choses. C'est ainsi qu'il vante des « Mini moelleux chocolat », à propos desquels il précise : Le sucre de canne bio vient d'Amérique du Sud, reconnu pour son savoir-faire dans le domaine (mots mis en gras par moi). C'est tout de même destiné à être vu par des millions de gens !
- Jacques-André-Albert
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Re: Fautes très et trop courantes
Parmi ces millions de gens, certains s'en moquent, pour une bonne part, et les personnes atteintes de dysorthographie ne voient pas les fautes. Mais, comme je l'ai écrit récemment, les publicitaires ne brillent pas par leurs compétences en français.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Re: Fautes très et trop courantes
Commentaire sous une photo dans mon journal : Une balade dans les anciennes carrières de schiste, où l'eau et la forêt s'avèrent très présents. « S'avérer » suivi d'un adjectif attribut, ainsi que nous l'avions vu, par exemple, sur ce fil, devient difficile à contester. Mais « se révéler » continue d'avoir ma préférence en pareil cas.
Je souhaite davantage parler de « présents ». Bien entendu, c'est « présentes » qui convenait, « eau » et « forêt » étant féminins. Les noms commençant par un son vocalique étant tous précédés de l'article défini l', qu'ils soient féminins ou masculins (l'envie, l'espoir), je tends à penser que le journaliste aurait accordé correctement l'adjectif s'il avait utilisé « la roche et la forêt » comme sujet de « s'avèrent ».
Mais je n'en suis pas certain. Parce que nous assistons en outre à une véritable révolution dans la langue orale, qui ne peut pas rester sans effets sur l'écrit. J'ai déjà évoqué le phénomène, par exemple l'an dernier sur cet autre fil : il s'agit du renoncement, à la radio et à la télévision, chez certains locuteurs même assez soucieux de leur langue par ailleurs, à tout accord du participe. « La valise que j'ai pris », « la corvée a été fait »... se répandent, j'y suis attentif. Or certains adjectifs commencent à être touchés par ledit phénomène. On va me trouver outrancier, tant pis : je n'exclus plus d'entendre et de lire « Ces actes ne sont pas légal », je veux dire : dans la bouche ou sous la plume de personnes dont la langue est l'outil.
Je souhaite davantage parler de « présents ». Bien entendu, c'est « présentes » qui convenait, « eau » et « forêt » étant féminins. Les noms commençant par un son vocalique étant tous précédés de l'article défini l', qu'ils soient féminins ou masculins (l'envie, l'espoir), je tends à penser que le journaliste aurait accordé correctement l'adjectif s'il avait utilisé « la roche et la forêt » comme sujet de « s'avèrent ».
Mais je n'en suis pas certain. Parce que nous assistons en outre à une véritable révolution dans la langue orale, qui ne peut pas rester sans effets sur l'écrit. J'ai déjà évoqué le phénomène, par exemple l'an dernier sur cet autre fil : il s'agit du renoncement, à la radio et à la télévision, chez certains locuteurs même assez soucieux de leur langue par ailleurs, à tout accord du participe. « La valise que j'ai pris », « la corvée a été fait »... se répandent, j'y suis attentif. Or certains adjectifs commencent à être touchés par ledit phénomène. On va me trouver outrancier, tant pis : je n'exclus plus d'entendre et de lire « Ces actes ne sont pas légal », je veux dire : dans la bouche ou sous la plume de personnes dont la langue est l'outil.
Re: Fautes très et trop courantes
Ah oui, vous avez parfaitement raison, André, et sans doute avez-vous déjà remarqué la grande mode qui s'est répandue, et autrement que le coronavirus ( pour l'instant peut-être ) : « c'est la raison pour lequel…, les circonstances dans lequel…», etc. Ahurissant !!… Mais ça plaît !
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Re: Fautes très et trop courantes
Oh oui, j'ai remarqué et remarque tous les jours les tournures comme « c'est la raison pour lequel... » !
Mais... ne m'en veuillez pas : comme sur le fil que vous avez intitulé L'"effet euro" ou la dispense de liaison, j'ai le sentiment à vous voir parler de grande mode que vous prenez cela pour un phénomène récent. Or je puis vous assurer avoir observé ce genre d'incongruité il y a des dizaines d'années. Tandis que je suis à peu près certain de n'avoir jamais entendu « La valise que j'ai pris » à la radio dans les années soixante.
Mais... ne m'en veuillez pas : comme sur le fil que vous avez intitulé L'"effet euro" ou la dispense de liaison, j'ai le sentiment à vous voir parler de grande mode que vous prenez cela pour un phénomène récent. Or je puis vous assurer avoir observé ce genre d'incongruité il y a des dizaines d'années. Tandis que je suis à peu près certain de n'avoir jamais entendu « La valise que j'ai pris » à la radio dans les années soixante.
Re: Fautes très et trop courantes
Faute indéniable, qui peut avoir plusieurs explications. Les légendes des photos, comme les intertitres, sont souvent rédigées à la va-vite, non par le journaliste qui a écrit l'article mais par un employé moins qualifié du journal. On peut aussi penser à un repentir, par exemple si au premier jet, il avait été écrit : où l'eau et les arbres s'avèrent très présents. Une correction incomplète aura laissé subsister "présents".
On peut aussi penser que "présent" attire moins l'accord que d'autres adjectifs (attraction des participes présents, ou de mot épicènes comme "enfant" ?). On n'aurait probablement pas écrit : où l'eau et la forêt s'avèrent très beaux. Quoique ?
On n'aurait peut-être pas non plus écrit : où l'eau et la forêt sont très présents. Mais "s'avèrent" semble moins commander un attribut accordable que "sont".
Il n'en demeure pas moins que c'est une faute.
On peut aussi penser que "présent" attire moins l'accord que d'autres adjectifs (attraction des participes présents, ou de mot épicènes comme "enfant" ?). On n'aurait probablement pas écrit : où l'eau et la forêt s'avèrent très beaux. Quoique ?
On n'aurait peut-être pas non plus écrit : où l'eau et la forêt sont très présents. Mais "s'avèrent" semble moins commander un attribut accordable que "sont".
Il n'en demeure pas moins que c'est une faute.
Re: Fautes très et trop courantes
Vous souvenez-vous si c'était aussi fréquent qu'aujourd'hui ?André (G., R.) a écrit : ↑sam. 29 févr. 2020, 12:06 Or je puis vous assurer avoir observé ce genre d'incongruité il y a des dizaines d'années.
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Re: Fautes très et trop courantes
Réponse très difficile.
• Je ne dispose d'aucune enquête d'époque !
• Je passais, au bas mot, trois fois moins de temps à l'écoute des médias que maintenant. Donc, si j'entends une fois par semaine une tournure comme « la route par lequel je passe », cela équivaut à une incongruité comparable entendue une fois toutes les trois semaines à l'époque.
• Le milieu très populaire dans lequel (!) je vivais n'utilisait guère ces pronoms relatifs, mais à l'école, au lycée et à l'université, j'aimais la grammaire, en particulier sa logique, ce qui me rendait sensible aux fautes — d'où mes souvenirs — que pouvaient faire en ce domaine ceux dont j'imaginais a priori qu'ils n'en faisaient jamais. (Cela ne m'empêchait pas d'être conscient de mes lacunes, dont certaines restent aujourd'hui et s'ajoutent à d'autres concernant la grammaire moderne en général, les groupes fonctionnels en particulier.)
Mais je crois devoir vous l'accorder : si, concernant le point qui nous occupe, une évolution est intervenue dans les cinquante dernières années, ce n'est probablement pas la bonne...
• Je ne dispose d'aucune enquête d'époque !
• Je passais, au bas mot, trois fois moins de temps à l'écoute des médias que maintenant. Donc, si j'entends une fois par semaine une tournure comme « la route par lequel je passe », cela équivaut à une incongruité comparable entendue une fois toutes les trois semaines à l'époque.
• Le milieu très populaire dans lequel (!) je vivais n'utilisait guère ces pronoms relatifs, mais à l'école, au lycée et à l'université, j'aimais la grammaire, en particulier sa logique, ce qui me rendait sensible aux fautes — d'où mes souvenirs — que pouvaient faire en ce domaine ceux dont j'imaginais a priori qu'ils n'en faisaient jamais. (Cela ne m'empêchait pas d'être conscient de mes lacunes, dont certaines restent aujourd'hui et s'ajoutent à d'autres concernant la grammaire moderne en général, les groupes fonctionnels en particulier.)
Mais je crois devoir vous l'accorder : si, concernant le point qui nous occupe, une évolution est intervenue dans les cinquante dernières années, ce n'est probablement pas la bonne...
- Claude
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Re: Fautes très et trop courantes
Effectivement, « la route par laquelle je passe » se dit plus souvent « la route où je passe ».André (G., R.) a écrit : ↑sam. 29 févr. 2020, 17:06 [...] Le milieu très populaire dans lequel (!) je vivais n'utilisait guère ces pronoms relatifs,[...]
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
Re: Fautes très et trop courantes
Beaucoup des gens qui parlent dans le poste aujourd'hui disent « la route par lequel je passe ».
J'allais dire ça.
J'allais dire ça.
- Perkele
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Re: Fautes très et trop courantes
Tout fout le camp, mes pauvres messieurs... ![[un Français typique] :français:](./images/smilies/icon_francais.gif)
![[un Français typique] :français:](./images/smilies/icon_francais.gif)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Re: Fautes très et trop courantes
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
En tout cas, une intervenante sur un site concernant la ville de La Flèche voudrait vous donner raison qu'elle ne s'y prendrait pas autrement :
non dutou la ses le Parque ses derrière cher moi les forain son placé plus haut je pence pas qu'il sont hinondè psk en 7 ans que je suis a la fleche je n'est jamais vue leur emplacement inondé et la foire n'est pas fermée car j'entends tous de chez moi.
Comme j'aime là l'emploi pertinent de « car » et les terminaisons irréprochables de « fermée » et de « j'entends » !
- Jacques-André-Albert
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Re: Fautes très et trop courantes
Oui, c'est étonnant. À croire que la fin a été copiée quelque part.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
Re: Fautes très et trop courantes
On a peut-être un indice de la langue maternelle de cette intervenante, c'est une langue où le pluriel de inondé est hinondè.