prêt ou près ?
« Près de » ~ « prêt de »
Le seul moment de télévision que je m’autorise est celui du journal télévisé. Et mon oreille se dresse facilement au moindre écart, sans bien vouloir « surveiller » quoi que ce soit, c’est juste automatique chez moi.
Donc l’Académie nous dit qu’en français moderne, on dit et on écrit « être près de » + infinitif pour indiquer l’imminence d’un événement, mais qu’en français classique, on employait aussi « être prêt de ». Et je peux citer un exemple supplémentaire, extrait du Dom Juan de Molière, acte IV, scène 6 :
Oui, Dom Juan, je sais tous les dérèglements de votre vie, et ce même Ciel qui m’a touché le cœur, et fait jeter les yeux sur les égarements de ma conduite, m’a inspiré de vous venir trouver, et de vous dire de sa part que vos offenses ont épuisé sa miséricorde, que sa colère redoutable est prête de tomber sur vous, qu’il est en vous de l’éviter par un prompt repentir, et que peut-être vous n’avez pas encore un jour à vous pouvoir soustraire au plus grand de tous les malheurs.
Mais, selon l’usage d’aujourd’hui, et sachant que les journalistes ne savent souvent pas grand-chose de littérature, peut-on réellement penser qu’ils sont allés repêcher un emploi classique ?
Donc l’Académie nous dit qu’en français moderne, on dit et on écrit « être près de » + infinitif pour indiquer l’imminence d’un événement, mais qu’en français classique, on employait aussi « être prêt de ». Et je peux citer un exemple supplémentaire, extrait du Dom Juan de Molière, acte IV, scène 6 :
Oui, Dom Juan, je sais tous les dérèglements de votre vie, et ce même Ciel qui m’a touché le cœur, et fait jeter les yeux sur les égarements de ma conduite, m’a inspiré de vous venir trouver, et de vous dire de sa part que vos offenses ont épuisé sa miséricorde, que sa colère redoutable est prête de tomber sur vous, qu’il est en vous de l’éviter par un prompt repentir, et que peut-être vous n’avez pas encore un jour à vous pouvoir soustraire au plus grand de tous les malheurs.
Mais, selon l’usage d’aujourd’hui, et sachant que les journalistes ne savent souvent pas grand-chose de littérature, peut-on réellement penser qu’ils sont allés repêcher un emploi classique ?
Re: prêt ou près ?
Je crois bien que les journalistes n'ont pas la moindre idée de l'usage classique !
Mais le fait que l'usage classique confondait allègrement les deux constructions m'amène à considérer avec une certaine indulgence la faute quand elle est commise aujourd'hui. Certes, elle révèle une petite ignorance de l'usage correct aujourd'hui mais elle ne met pas gravement en péril la langue. Parmi toutes les fautes qu'on entend ou qu'on lit, peut-être celle-là n'est-elle finalement que vénielle.
Mais le fait que l'usage classique confondait allègrement les deux constructions m'amène à considérer avec une certaine indulgence la faute quand elle est commise aujourd'hui. Certes, elle révèle une petite ignorance de l'usage correct aujourd'hui mais elle ne met pas gravement en péril la langue. Parmi toutes les fautes qu'on entend ou qu'on lit, peut-être celle-là n'est-elle finalement que vénielle.
- Claude
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Re: prêt ou près ?
Je connais une directrice d'école élémentaire qui soutenait mordicus, via mon petit-fils, que « prêt de... » était correct ; comme les journalistes je doute qu'elle ait pêché cela dans Dom Juan
.
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Re: prêt ou près ?
On ne peut pas tout à fait la blâmer, puisque, comme rappelé en première page, l'Académie consacre cet usage (mais ne le recommande plus) :
http://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9P4218Vieilli. Suivi de la préposition de. L’ennemi est prêt d’attaquer (on recommande plutôt aujourd’hui l’emploi de la locution prépositive Près de).
- Claude
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Re: prêt ou près ?
Comme pour Dom Juan je doute qu'elle connaisse la consécration de l'Académie.
En principe, quand on est enseignant on doit, comme d'autres fautes à éviter par comparaison (a et à par exemple), attirer l'attention entre près de... et prêt à...
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Re: prêt ou près ?
Bien sûr, Claude, ce serait l'idéal. Mais devant la débandade de la langue française parlée par certains enfants, peut-être qu'elle a établi des priorités et ne traite que des urgences ! Les instituteurs qui nous apprenaient jadis soigneusement à distinguer "-rais" de "rai" ou "prêt à" de "près de" sont aujourd'hui appelés sur d'autres fronts, sans même parler de la civilité en classe. Enfin, ce que j'en dis, c'est pour le milieu urbain où je vis, où la mixité sociale est très grande dans les classes.
- Claude
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Re: prêt ou près ?
Et déjà à l’époque de Littré (acception 7) : « Aujourd’hui, en ce sens, on dit près de. »
- Perkele
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Re: prêt ou près ?
J'ajouterais que la confusion est fréquente. Elle est même sublimée par une mise au féminin : "Je ne suis pas prête de changer".
Je donnais à mes stagiaires le réflexe de penser :
Je suis prêt à = Je sus disposé à (prêt et disposé sont variables)
Je suis près de = je ne suis pas loin de (près et loin sont invariables)
Je donnais à mes stagiaires le réflexe de penser :
Je suis prêt à = Je sus disposé à (prêt et disposé sont variables)
Je suis près de = je ne suis pas loin de (près et loin sont invariables)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.