Selon vous, l'expression "mettre qqch à disposition" peut-elle être utilisée sans préciser à la disposition de qui, comme dans cette phrase:
"En 2006, nous avons mis à disposition un montant de 250.000 euros pour soutenir la recherche contre le cancer".
Ou bien la seule tournure correcte est-elle "mettre qqch à la disposition de qqn"?
Merci d'avance pour vos avis éclairés... :D
Mettre à dispositon
Mettre à dispositon
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
A l'entrée "disposition" du TLF, on ne trouve pas "mettre à disposition" mais la locution "mettre à la disposition de"... On voit donc dans cet exemple la notion de "de quelqu'un" ; de plus "disposition" a son article défini, ce qui semble normal.
"Mettre à disposition" me paraît être une simplification de mauvais goût, n'ayant rien à voir avec "mettre à mal, mettre à contribution" qui, elles, sont correctes.
"Mettre à disposition" me paraît être une simplification de mauvais goût, n'ayant rien à voir avec "mettre à mal, mettre à contribution" qui, elles, sont correctes.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Littré et l'Académie donnent des exemples où l'on ne trouve que la forme à la disposition de. L'Académie ajoute un emploi administratif :
ADM. Mise à disposition, situation d'un fonctionnaire affecté à une autre administration par son administration d'origine, qui continue de le rémunérer.
Il s'agit donc d'un emploi très restreint et spécialisé, mais qui s'introduit parfois dans le langage courant. Faut-il condamner ce glissement ? Bien d'autres expressions ont déjà investi la langue usuelle en sortant d'un milieu spécifique, comme le mot cadre emprunté au vocabulaire de l'armée pour désigner un chef, ou la locution au temps pour moi, venue aussi du jargon militaire, passée dans celui de la gymnastique et aujourd'hui d'emploi généralisé.
Je serais enclin à la souplesse. Cela finira par s'imposer avec le temps.
J'édite pour ajouter que dans l'exemple donné, " nous avons mis à disposition 250 000 euros " est d'après moi fautif, parce qu'on ne dit pas à la disposition de qui. Je dirais que mise à disposition semble recevable, mais que dans ce type de construction il manque une précision.
ADM. Mise à disposition, situation d'un fonctionnaire affecté à une autre administration par son administration d'origine, qui continue de le rémunérer.
Il s'agit donc d'un emploi très restreint et spécialisé, mais qui s'introduit parfois dans le langage courant. Faut-il condamner ce glissement ? Bien d'autres expressions ont déjà investi la langue usuelle en sortant d'un milieu spécifique, comme le mot cadre emprunté au vocabulaire de l'armée pour désigner un chef, ou la locution au temps pour moi, venue aussi du jargon militaire, passée dans celui de la gymnastique et aujourd'hui d'emploi généralisé.
Je serais enclin à la souplesse. Cela finira par s'imposer avec le temps.
J'édite pour ajouter que dans l'exemple donné, " nous avons mis à disposition 250 000 euros " est d'après moi fautif, parce qu'on ne dit pas à la disposition de qui. Je dirais que mise à disposition semble recevable, mais que dans ce type de construction il manque une précision.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Merci beaucoup pour ces réponses. Ma réaction instinctive rejoint la vôtre et je n'avais pas non plus trouvé "mise à disposition" utilisé seul dans les ouvrages que j'ai consultés.
Cependant, le défaut pointé par Jacques ("on ne dit pas à la disposition de qui") est aussi l'atout de cette tournure et peut expliquer qu'elle ait tendance à se répandre: parfois, on ne peut ou ne veut justement pas préciser au bénéfice de qui, mais on aimerait néanmoins utliser cette idée de "mettre à disposition".
C'est un problème que je rencontre assez fréquemment en traduction, parce que les expressions équivalentes dans d'autres langues n'obligent pas à préciser à disposition de qui. Dans l'exemple cité, je pourrais dire "nous avons prévu/libéré/dégagé... un budget de 250.000 euros", mais la nuance est un rien différente.
Cependant, le défaut pointé par Jacques ("on ne dit pas à la disposition de qui") est aussi l'atout de cette tournure et peut expliquer qu'elle ait tendance à se répandre: parfois, on ne peut ou ne veut justement pas préciser au bénéfice de qui, mais on aimerait néanmoins utliser cette idée de "mettre à disposition".
C'est un problème que je rencontre assez fréquemment en traduction, parce que les expressions équivalentes dans d'autres langues n'obligent pas à préciser à disposition de qui. Dans l'exemple cité, je pourrais dire "nous avons prévu/libéré/dégagé... un budget de 250.000 euros", mais la nuance est un rien différente.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)