Conjugaisons
- Madame de Sévigné
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Moi aussi, j'en vois trois, mais cela reste un verbe irrégulier qu'il faut apprendre; voilà pourquoi il vaut mieux l'employer quand même parce qu'à force de l'entendre, on le mémorise.
On peut imaginer qu'il a été inventé par un enfant, qui conjugue comme il peut mais avec une certaine logique et qui a la musique de la langue en tête, tout naturellement.
Mes enfants, quand ils étaient petits disaient facilement: "J'ai prendu, j'ai voyu, et même j'ai boyu (j'ai bu!)".
Evidemment, dans la bouche d'un adulte dont le français est la langue maternelle, c'est énorme; mais dans la bouche d'un enfant, cela ne manque pas de charme, et c'est facile à rectifier.
On peut imaginer qu'il a été inventé par un enfant, qui conjugue comme il peut mais avec une certaine logique et qui a la musique de la langue en tête, tout naturellement.
Mes enfants, quand ils étaient petits disaient facilement: "J'ai prendu, j'ai voyu, et même j'ai boyu (j'ai bu!)".
Evidemment, dans la bouche d'un adulte dont le français est la langue maternelle, c'est énorme; mais dans la bouche d'un enfant, cela ne manque pas de charme, et c'est facile à rectifier.
- Jacques-André-Albert
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La langue populaire a gardé le souvenir d'un participe passé mouru pour le verbe mourir, qui trouve sa place dans la distinction qu'elle fait de l'action et de l'état, associés respectivement aux verbes avoir et être : il a mouru à sept heures, il est mort depuis trois jours.Madame de Sévigné a écrit :Mes enfants, quand ils étaient petits disaient facilement: "J'ai prendu, j'ai voyu, et même j'ai boyu (j'ai bu!)".
C'est une nuance encore bien vivante dans les campagnes angevines.
- Madame de Sévigné
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- Jacques
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Le verbe décéder ne s'emploierait en principe que pour désigner l'action, mais bizarrement avec l'auxiliaire être ; avoir me paraîtrait plus logique, car du coup on l'utilise pour évoquer l'état et Littré donne des exemples qui vont dans ce sens :
Mourir de mort naturelle, en parlant des personnes. Cet homme est décédé. Honore la mémoire des gens de bien qui sont décédés.
Nous ne sommes dont pas plus avancés.
Mourir de mort naturelle, en parlant des personnes. Cet homme est décédé. Honore la mémoire des gens de bien qui sont décédés.
Nous ne sommes dont pas plus avancés.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Dans les années cinquante, l'école primaire condamnait l'emploi du verbe avoir avec les verbes d'action, comme « il a tombé », « il a passé » ; mon observation du langage campagnard, ici, en Anjou, me montre qu'il ne s'agit pas d'un emploi fautif, mais bien d'une rigoureuse distinction entre l'action et le moment où elle se passe, et son résultat : « il a tombé » se réfère toujours aux circonstances (il a tombé sur sa tête, il a tombé en se penchant, il a tombé il y a un quart d'heure) et n'est jamais confondu avec « il est tombé », qui ne s'utilise que tant que l'individu est resté dans sa fâcheuse position (il est tombé, viens m'aider à le relever).Jacques a écrit :Une distinction qui ne manque pas de logique, et permet d'établir une nuance. La forme « il est mort » est plutôt insolite pour signifier un fait, un évènement.
Cette stigmatisation de l'emploi de l'auxiliaire avoir a donc abouti, dans la langue standardisée, à un appauvrissement.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je suis d'accord pour regretter avec vous cette hégémonie qui efface la nuance entre action et état. Dans les Ardennes de mon enfance, on disait « Il a venu ». L'emploi des temps variait aussi : « Il faudrait qu'il viendrait » et non qu'il vienne ; « il le ferait s'il pourrait » et non pouvait. Tout cela me semble relever d'une logique certaine mais, comme vous le soulignez, imprégné de la dictature de la règle et de l'intolérance propre au centralisme parisien, je considérais que mes « pays » (mes compatriotes ?) parlaient français comme des cochons (ce qui se comprend, puisque les indigènes de cette contrée sont appelés des sangliers ).
Aujourd'hui j'ai un autre regard sur ces pratiques provinciales, peut-être héritées des anciens dialectes, ou qui ont gardé l'empreinte d'un français archaïque (je ne suis pas assez versé pour le dire).
Aujourd'hui j'ai un autre regard sur ces pratiques provinciales, peut-être héritées des anciens dialectes, ou qui ont gardé l'empreinte d'un français archaïque (je ne suis pas assez versé pour le dire).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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C'est ce qu'aurait dû faire la journaliste qui commentait des images d'Haïti, ce midi sur la 3 : « Port-au-Prince bruisse de rumeurs » ; ben oui, du verbe bruisser...Perkele a écrit :Et quand on veut faire l'effort de soigner son langage sans être très sûr de ses capacités, il est très facile d'aller faire un petit tour sur "le conjugueur".
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Re: Conjugaisons
Lorsque les journalistes emploient le pluriel, leur barbarisme bruisser ne se remarque pas.
Ce jour sur France Inter on apprend que, en Ukraine, les bombes bruissent.
Ah, le doux friselis du souffle des bombes.
Ce jour sur France Inter on apprend que, en Ukraine, les bombes bruissent.
Ah, le doux friselis du souffle des bombes.
- Jacques-André-Albert
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Re: Conjugaisons
Oui, c'est ce genre d'expression que je veux mettre en avant dans mon fil « Tout se vaut et réciproquement ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
Re:
https://www.cnrtl.fr/definition/bruisserJacques-André-Albert a écrit : ↑mar. 26 janv. 2010, 13:13C'est ce qu'aurait dû faire la journaliste qui commentait des images d'Haïti, ce midi sur la 3 : « Port-au-Prince bruisse de rumeurs » ; ben oui, du verbe bruisser...Perkele a écrit :Et quand on veut faire l'effort de soigner son langage sans être très sûr de ses capacités, il est très facile d'aller faire un petit tour sur "le conjugueur".
Moi aussi j'en étais resté à "bruire"....
Re: Conjugaisons
Cela dit, bruire avait à ses débuts le sens de faire du bruit (assez fort), être bruyant.jarnicoton a écrit : ↑lun. 14 mars 2022, 19:12 Lorsque les journalistes emploient le pluriel, leur barbarisme bruisser ne se remarque pas.
Ce jour sur France Inter on apprend que, en Ukraine, les bombes bruissent.
Ah, le doux friselis du souffle des bombes.
https://www.cnrtl.fr/definition/dmf/bru ... Ybch;str=0
La langue a évolué dans un sens ; peut-être évolue-t-elle dans l'autre ?